Pierre Belhassen se définit comme un photographe-auteur et il est basé à Marseille. C’est un "street photographer". Donc la rue mais plus largement le monde extérieur est un terrain de jeu ouvert où il trouve son moyen d'expression. Ici, il s'agit particulièrement des rues et des plages de Marseille, ville photogénique entre toutes et de ses habitants isolés dans la lumière de la Méditerranée. 

Mais il a travaillé dans d’autres villes comme Paris ou New-York. Pierre aime observer et explorer, sans la contrainte du temps. "Je vois la vie comme un grand théâtre d’où peut surgir l’inattendu à tout instant, pourvu qu’on ouvre les yeux… J’aime cette idée d’une photographie où tout est possible et fugace à la fois. Je cherche des instants de grâce." 

"J’ai toujours été interpellé par une phrase de Platon, soulignée par Diane Arbus, qui dit : "Les choses ne sont pas vues parce qu’elles sont visibles mais, à l’inverse, visibles parce qu’elles sont vues". J’aime me perdre dans le quotidien et mettre mon regard au défi de creuser la surface des choses. Je cherche à saisir les hommes sur leur chemin, quand les détails parlent et qu’un simple geste ou un regard arraché à la banalité nous ouvre les voies de l’imaginaire. "

"C’est ce qui me plait profondément dans la photographie, cette capacité inépuisable à surprendre". Son objectif est de travailler sur des projets à long terme avec un appareil-photo argentique et de révéler ses projets narratifs par le biais de livres photo, d'expositions et d'autres supports. " J’aime l’argentique, d’abord pour le rendu esthétique des images, le grain, la matière… Je n’aime pas les images lisses. Ensuite, je l’utilise surtout pour l’approche que cela m’impose. "

"En numérique, le cliché est immédiat, visible instantanément et cela empêche selon moi de "rêver" son image. Le fait de ne pas savoir si j’ai réussi ou non ma photo me pousse à toujours m’appliquer dans sa réalisation. Le doute est parfois une force. Je ne cherche pas à mitrailler mais à viser juste. "

"Chaque moment passé est à jamais disparu, j’ai donc besoin de cette exigence propre à l’argentique pour aboutir mes images." Il considère que c'est extraordinaire d'avoir la possibilité de dépasser les limites imposées par un long apprentissage pour exprimer sa créativité.