Ceci est juste une petite introduction au vaste travail de Thomas Lévy-Lasne pour vous donner envie d’aller le découvrir en vrai. C’est un peintre qui questionne avec un fort réalisme son monde contemporain en utilisant les différents outils traditionnels, peinture, fusain, aquarelle, crayon.
Série “fête” à l'aquarelle :
Thomas Lévy-Lasne nous surprend à chaque par ses sujets d’inspiration et la liberté avec laquelle il mélange les techniques. Comme cette série d’aquarelles de fêtes à partir de photos qu’on pourrait avoir tous prises. On s’y reconnait bien dans ces images ivres, mais avec la crudité en moins, estompée par l’aquarelle plus douce. Il peut aussi bien dessiner au crayon à partir de captures d’écran de webcams pornos, c’est en plus le moyen facile pour lui de s’entrainer avec des modèles à disposition. Ou encore, plus récemment, ces portraits à partir des captures d’écran de visioconférences entre amis durant confinement charbonnées au fusain jusqu’à obtenir un léger relief.
Ce qui est intriguant à la vision de son travail lors d’exposition, c’est que son réalisme ne marche qu’à partir d’une certaine distance, et cette différence de perception de l’image vous donne l’impression que vous faites le point vous-même. Vous vous reculez, et tout d’un coup, l’image devant vous semble parfaitement vraie. Mais si vous êtes plus près, elle n’est plus très réaliste.
Thomas Lévy-Lasne : "J’utilise avec décontraction tous les moyens contemporains, dont la photographie, susceptibles de m’aider à restituer cette présence. Je me sens d’ailleurs assez proche de nombreux photographes comme Jeff Wall, Thomas Struth ou Gregory Crewdson. La peinture me parait être un médium ultra contemporain. J’imagine que l’on finira par vivre dans des pièces épurées où trôneront un ordinateur et, pourquoi pas, un tableau au mur. L’expérience de peinture ne se télécharge pas, elle est beaucoup plus rapide et violente qu’un film, un livre ou une musique. Elle laisse le spectateur totalement libre dans l’espace et le temps. Il prend plaisir à quelques minutes de contemplation heureuse, ou pas du tout."
Thomas Lévy-Lasne : "Dans le degré de réalisme, je m’arrête beaucoup plus tôt que là où je pourrais aller. L’hyperréalisme joue d’ambiguïté avec la photographie, une forme d’hubris technique, je crois bien jouer d’ambiguïté avec les textures de mes sujets. Je m’arrête à la définition de l’œil humain. En reproduction, mes tableaux semblent plus photographiques qu’en réalité. Ce qui m’intéresse, c’est la confrontation physique au tableau. Je cherche un effet de réel, une présence."
Peinture :
Voici un extrait d’analyse de Klaus Speidel sur son travail : "Thomas Lévy-Lasne célèbre le fait qu’il y ait quelque chose plutôt que rien. Sans être ostentatoire, son travail nous prouve qu’on peut prendre le monde contemporain à bras le corps et s’inscrire dans l’histoire de l’art. Une peinture comme Laetitia au lit qui montre une jeune femme nue, allongée avec un MacBook, est à la fois une icône de notre temps et une actualisation sans manière de la Vénus au Miroir de Velázquez. Le rendu subtil de la peau et des plis de la couette Habitat témoigne de l’engagement du peintre dans le moindre détail. Comme objet de peinture, une bouteille de Coca Light ne mérite pas moins notre attention qu’un iPhone, des tags sur les cabines téléphoniques, une robe transparente, des gobelets en plastique ou une chute de rein gourmande. Pour nous le prouver, Lévy-Lasne s’impose un régime très strict : tout rendre avec la même tendresse, chercher l’expression juste pour chaque objet."
Peinture :
Thomas Lévy-Lasne : "J’ai cherché ce que pouvait être une peinture de paysage contemporain : un paysage tragique. Un paysage qui interroge l’hébétude du spectateur alors que c’est cette passivité qui sera la cause de sa perte par le paysage même. Un paysage des-anthropocentré que les agitations humaines laissent indifférent, sans hiérarchie de représentation, un paysage aussi banal que le mal qu’il renferme.
Je suis parti d’une mise à plat de lieux de catastrophes comme la centrale de Tchernobyl, sa forêt rousse, sa ville fantôme ou encore l’entrée du camp de concentration d’Auschwitz-Birkenau et la sérénité de son saule pleureur. Je présente également les strates de plastique des dunes normandes, la standardisation des paysages picards par l’industrie agro-alimentaire, la beauté suspecte des couchers de soleil de périphériques pollués, l’explication que des touristes hors-sol requièrent devant un arbre.
Thomas Lévy-Lasne est représenté par la galerie Les Filles du Calvaire