C’est une grande histoire dans un monde tout petit. Mozu est un jeune prodige qui fabrique des décors avec tous les détails mais en tout petit petit : des dioramas. Il a commencé dans son coin au lycée et un 7 octobre, tout a explosé. Il est devenu super connu. L'une de ses récentes vidéos a fait 24 millions de vues, une mini success story en quelque sorte.

Plions-nous en deux pour découvrir les dioramas, ces décors miniatures qui demandent une minutie et une patience qu’un être humain normalement constitué à quelque peu du mal à imaginer. Fabriquer en réduction ces morceaux de notre monde, et entièrement à la main, plonge ces mêmes humains normaux dans une fascination attendrie. L’intérêt des vidéos que Mozu publie maintenant est tout autant dans les secrets de fabrication, qui sont tous généreusement dévoilés, que dans le décor final. 
Des sortes de super tutos pour ceux qui voudraient se lancer dans la discipline.
La vidéo aux 24 millions de vues :

Cette star du diorama au Japon s’appelle Kiyotaka Mizukoshi aka Mozu, il est jeune, né en 1998, et va raconter ci-dessous les circonstances de son éclosion très précoce au lycée. Voici une grande histoire dans le petit monde de dioramas. Outre sa sacrée obstination et son grand talent pour l’art du minuscule, quelques bonnes fées se sont penchées ensemble sur le cas de Kiyotaka Mizukoshi :  des parents bienveillants, un pote de lycée et Twitter. C’est comme ça qu’il a pu bénéficier d’une conjonction de planètes diablement accélératrice
C’est une belle histoire, il pense avoir de la chance. C'est vrai, mais pas que.
Revenons en 2017 :

Kiyotaka Mizukoshi : "Après avoir été diplômé du collège, je suis entré dans un lycée artistique. L'école avait un niveau très élevé... c'était si bien qu'ils ont gagné la première place au Japon pour la peinture à l'huile. Je réalisais de simples dioramas pour servir d'arrière-plan à des modèles en plastique. C'est alors que j'ai réalisé un diorama original de ma propre chambre".
Le simple fait d'imaginer le travail détaillé que cela implique suffit à vous faire tourner la tête, il faisait tout à partir de rien, à la main.

Kiyotaka Mizukoshi : "Le diorama de cette pièce n'était connu que de quelques amis et membres de la famille. Je l'ai seulement montré lors d'une exposition au lycée, et c'était un peu de l'autosatisfaction. Environ un an plus tard, j'ai envisagé de détruire le diorama parce que je n'en avais plus besoin. Puis un ami m'a dit : "Ton travail est tellement beau, je peux le promouvoir sur ma page Twitter" ? 
Comme il s'agissait du compte de mon ami, je n'étais pas du tout au courant de la réaction, mais quand je suis allé à l'école le lendemain, tout le monde était en émoi. Je me souviens clairement que ce 7 octobre, il s'est passé quelque chose qui a changé ma vie". 
Le tweet dans lequel son ami a présenté son travail a explosé, avec environ 50 000 retweets en une nuit. Quelques jours plus tard, Mozu a créé son propre compte Twitter. Le nombre de followers a rapidement dépassé les 10 000".

Kiyotaka Mizukoshi : "Je me suis senti bien parce que mon travail, que presque personne ne connaissait, est devenu connu d'un seul coup. D'un autre côté, c'est très effrayant d'avoir soudainement plus de 10 000 followers alors que vous ne connaissiez personne jusqu'à hier, ou de voir votre travail apparaître partout sur internet lorsque vous le recherchez. Mais en étant vu par tant de gens, j'ai été approché par toutes sortes de personnes et cela m'a ouvert une voie".

Mozu : "Moi-même, je ne suis pas calculateur, mais j'ai eu de la chance. Ce que je faisais appartenait à un genre que peu de gens faisaient dans le monde, il n'y avait pas beaucoup de gens de mon âge, et Twitter et les dioramas vont de pair. Alors les gens l'ont RT (retweetée).
Ma motivation pour créer cette œuvre était "Je veux juste surprendre les gens". Je n'ai donc fait aucun calcul, je voulais juste être le plus drôle ! Je ne fais que ce que je pense être le plus intéressant" ! 

Le film a permis de nouer des liens avec des personnes d'Aardman Animations, le studio d'animation britannique qui produit son animation en stop-motion préférée, Shaun le mouton.
Kiyotaka Mizukoshi : "À l'été 2016, il y avait une exposition "Shaun le mouton" à Ginza, et j'ai effectivement pu parler à certains membres du personnel local d'Aardman. Je voulais travailler pour eux. C'est là que ma motivation est devenue encore plus grande."

Kiyotaka Mizukoshi :"Je suis allé dans une école secondaire d'art et, en troisième année, nous avions un projet de fin d'études qui durait un an, et j'ai réalisé une nouvelle animation en stop-motion. Quand je l'ai terminée, j'ai envoyé un e-mail à Aardman pour leur demander de la regarder. Je ne voulais pas aller à l'université, et j'avais pour objectif d'aller chez Aardman. Mais je n'ai pas eu de réponse. Alors que tous les autres décidaient de leur orientation professionnelle, je n'ai pas eu de réponse avant deux ou trois mois, et j'étais vraiment impatient."
Voici ce travail de fin d'études. Il lui a fallu environ six mois pour fabriquer le décor et six autres mois pour tourner le film, soit presque une année entière. Bien sûr, les décors étaient tous faits à la main.

Mais un jour, Kiyotaka Mizukoshi a reçu une réponse des Studios Aardman disant : "Pourquoi ne venez-vous pas nous rendre visite ?"
Kiyotaka Mizukoshi : "Maintenant, je ne pense plus du tout à vouloir travailler dans cette entreprise. J'ai eu l'occasion de visiter l'endroit et je me suis rendu compte de quelque chose. C'est une société d'animation que j'aime bien, mais je me suis rendu compte que si je travaillais ici, je ne ferais peut-être que suivre les instructions de quelqu'un d'autre.
C'est à ce moment-là que j'ai réalisé que je ne voulais pas créer le monde de quelqu'un d'autre, mais créer mon propre monde. En les visitant, je suis devenu plus clair sur ce que je voulais devenir."
Depuis, quand même, il a pu travailler avec Wes Anderson pour participer à la production du film d'animation en stop-motion "Inugashima" (l’Ile aux chiens).

Kiyotaka Mizukoshi : "J'aime dessiner depuis que je suis à l'école primaire. À l'origine, mon père voulait être dessinateur de bandes dessinées, alors nous avons commencé à faire des dessins ensemble quand j'étais petit. J'ai commencé à dessiner des mangas vers la cinquième année, et mon père les transcrivait et en faisait des livres. Cela m'a rendu heureux. Lorsque j'ai distribué les livres à l'école, tout le monde était content aussi et disait "J'en veux un aussi" ou "Moi aussi". Je pense que c'est probablement de là que sont parties les choses sur lesquelles je base mon travail actuel, comme "rendre les gens heureux" et "surprendre les gens quand ils le voient".
Ci-dessous, un manga fait à l'école primaire relié par son père.

Kiyotaka Mizukoshi : "Je voudrais dire aux adolescents qui veulent faire des choses à l'avenir : "Faites ce que vous aimez autant que vous le pouvez". Je voudrais également dire ceci aux parents. Si votre enfant trouve quelque chose qu'il aime vraiment, laissez-le faire autant qu'il le peut. Mes parents m'ont bien élevé et m'ont laissé faire ce que j'aimais au mieux de mes capacités. Je suis vraiment reconnaissant que mes parents ne se soient jamais fâchés contre moi et ne m'aient jamais forcé à étudier, même si j'avais une mauvaise note à un test. Mais mes parents ont cru en moi et m'ont dit : "Il le fera quand il le faudra".

Kiyotaka Mizukoshi : "J'ai peut-être hérité cela de mon père, mais mon père et moi sommes le genre de personnes qui ne pensent qu’à réussir lorsque nous faisons quelque chose. Nous ne pensons jamais à ce qui se passera si nous échouons. C'est pourquoi nous sommes parfois très blessés. Mais en imaginant le succès dans ta tête, peut-être que tu attires la chance, aussi".

Kiyotaka Mizukoshi : "Je pense que j'ai de la chance. Je ne pense pas que mon travail se serait répandu sans Twitter.  J'ai réalisé l'autre jour que mon travail meurt lorsqu'il est tourné avec un appareil photo numérique. Les appareils photo numériques prennent des photos trop précises, donc si vous capturez une miniature, elle devient une miniature. Mais avec l'appareil photo d'un smartphone, c'est un peu comme un objectif fisheye, donc ça ressemble à la réalité
J'ai vraiment de la chance d'être né à mon époque, celle de Twitter et des smartphones".