Nils Bertho

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Cette “Passion chevals” n'est qu'une petite partie de l’activité ultra-foisonnante de Nils Bertho. Il est par ailleurs un peintre / dessinateur / musicien&nbsp;radical et prolifique, nous lui avons déjà consacré <a href="https://brainto.com/posts/il-existe-une-dimension">un article ici</a>. Ces détournements crétins et équestres sont en quelque sorte son “espace détente“ (et pour nous aussi du même coup). Le principe est tout bête : Nils Bertho récupère des posters - dont on voit encore les plis - dans des revues spécialisées en équidés, puis il gribouille des yeux bizarres sur ces chevaux et leur fait dire des vérités définitives et drôles, les transformant ainsi en chevals. Et nous, on rit, épatés que nous sommes par une idée aussi simple et imparable.<figure class="image image_resized" style="width:75%;"><img src="/uploads/Passion_Chevals3_4ca218d05c.jpg"></figure>Cette étonnante pratique a donné naissance à deux recueils. Si vous avez raté le premier volume, est paru depuis “Passion chevals 2”, que vous <a href="https://pluszero.bigcartel.com/product/passion-chevals-2">pourrez acquérir</a> pour une somme tout à fait raisonnable. Autant le dire, c'est un achat indispensable ! Une exposition est à venir, du 7 au 21 janvier à la Yellow Cube Gallery (infos en bas d’article).<figure class="image image_resized" style="width:75%;"><img src="/uploads/Nils_Bertho_7_48_8ef2cac18c.jpg"></figure>À Brainto, nous sommes curieux, nous avons donc voulu savoir comment avait germé dans le cerveau de Nils Bertho cette drôle d’obsession chevals, alors on lui a demandé. Comme il nous a gentiment répondu, on a henni de bonheur. Et il commence comme ça : «&nbsp;Je viens de lire mon horoscope - chose que je ne fais jamais - et ça dit que les cancers se réfugient constamment dans enfance, donc voilà, je me suis amusé à orienter les réponses à travers ce prisme.&nbsp;»<figure class="image"><img src="/uploads/Nils_Bertho_3_8805a2d73f.jpg"></figure>Nils Bertho&nbsp;: «&nbsp;Passion chevals, ça a commencé lors d'une résidence dans les Pyrénées, je tombe sur la collection adolescente de posters de chevaux (et de Roch Voisine au passage...) du maître des lieux. Je les détourne en leur dessinant des gros yeux avec des feutres Posca et des bulles. Un peu comme quand on était petit et qu’on noircissait les dents des gens sur les magazines. Ça a vraiment commencé par deux images postées sur internet sans autre but que faire rire les potes, puis j’ai un peu halluciné de voir que ça faisait rire un peu (beaucoup) tout le monde. Un premier livre est sorti, et puis tout le reste est allé très vite.&nbsp;»<figure class="image image_resized" style="width:75%;"><img src="/uploads/Passion_Chevals6_c30f5871ac.jpg"></figure>Nils Bertho&nbsp;: «&nbsp;En vrai, ça a débuté bien avant puisque j'ai failli mourir à 4 ans sur un poney nain... Voilà&nbsp;! C'est en quelque sorte ma vengeance pour mon allergie aux chevaux. Les chevals, les chevals, les chevals, c'est génial les chevals, ça m'a pris très tôt les chevals, les chevals, je trouvais trop beau d'aller au galoooooop&nbsp;👁️🐴👁️.&nbsp;»<figure class="image image_resized" style="width:75%;"><img src="/uploads/Passion_Chevals5_9dbcd97ebf.jpg"></figure>Nils Bertho&nbsp;: «&nbsp;Ma sœur ne veut pas me lâcher sa collection de posters Cheval-Star, elle ne veut pas que je leur fasse dire de la merde, donc je suis obligé de les commander sur Leboncoin.&nbsp;»<figure class="image image_resized" style="width:75%;"><img src="/uploads/Nils_Bertho_07_07_4569c8320a.jpg"></figure>Nils Bertho&nbsp;: «&nbsp;Quand j'ai une idée, je l'enregistre en audio sur mon téléphone, parfois je crois être solo et les gens me captent en train de chuchoter à mon téléphone&nbsp;: "idée cheval : En avant molard"... C'est quelque fois gênant un peu&nbsp;👁️🕷️👁️.&nbsp;»<figure class="image image_resized" style="width:75%;"><img src="/uploads/Passion_Chevals8_a18d6857fa.jpg"></figure>Et nous on ne va pas se gêner pour faire la promo d’un ouvrage distillant les saillies de chevals pertinents et impertinents à prix contenu, une publication sur laquelle vous allez vous ruer :-)… avant qu’il n’en reste plus. Passion chevals 2 c'est 72 pages de vérités. Couverture glossy et papier brillant - Dos carré collé - Format A5 Par&nbsp;<a href="https://www.instagram.com/nilsbertho/">@nilsbertho</a>. Édité par&nbsp;<a href="https://www.instagram.com/pluszerospace/">@pluszerospace</a>&nbsp;&amp;&nbsp;<a href="https://www.instagram.com/lematmontpellier/">@lematmontpellier</a>&nbsp; 250 exemplaires seulement - 12 € (frais de port inclus), c’est pour ainsi dire donné. C’est <a href="https://pluszero.bigcartel.com/product/passion-chevals-2">là</a> ou dans d’autres <a href="https://www.artsfactory.net/">bonnes officines</a>.<figure class="image image_resized" style="width:50%;"><img src="/uploads/Passion_Chevals9_933e87e585.jpg"></figure>Nils Bertho&nbsp;: «&nbsp;Dès le plus jeune âge, on nous file une feuille et des feutres pour dessiner. Ben, j'ai commencé comme ça comme tout le monde, sauf que pour moi, ça ne s'est jamais arrêté. Donc, je montre, je publie et j'expose ce que je fais depuis 2008👁️🦷👁️.&nbsp;» Il vous explique tout <a href="https://brainto.com/posts/il-existe-une-dimension">ici </a>et via lien ci-dessous.<figure class="image"><a href="http://www.nilsbertho.com/realisations/"><img src="/uploads/Passion_Chevals10_514d111d40.jpg"></a></figure>Nils Bertho&nbsp;: «&nbsp;En ce moment, je bosse sur plusieurs expositions, sur un calendrier Chevals 2023 (en vente à l’exposition), sur un vidéo-concert avec <a href="https://www.youtube.com/@AdolfHibou">mon groupe</a> Adolf Hibou et sur ma première bande dessinée&nbsp;👁️🔥👁️.&nbsp;» Oui, comme vous pouvez le constater, il s’agit là d’un véritable touche-à-tout certifié.<div class="raw-html-embed"><iframe src="https://www.youtube.com/embed/0gR8NVpmieo" title="YouTube video player" allow="accelerometer; autoplay; clipboard-write; encrypted-media; gyroscope; picture-in-picture; web-share" allowfullscreen="" width="560" height="315" frameborder="0"></iframe></div>On a demandé à Nils Bertho de partager avec vous un(e) artiste qu'il aime bien : Nils Bertho&nbsp;: «&nbsp;Pour ceux qui ne connaissent pas le travail de David O'Reilly, foncez regarder son film “The External World”, un court métrage d'animation en vidéo &nbsp;(Ndlr&nbsp;: visible en entier sur son <a href="https://www.davidoreilly.com/films">site</a>). On suit des personnages à mi-chemin entre le cartoon cheap, les art-toys et les jeux vidéos rétro, le tout dans un univers 3D bien weird époque Playstation 1, parfois dépouillé de textures. David O'Reilly, j'adore son <a href="https://www.davidoreilly.com/">taff</a>, que je recommande à tous ceux et celles qui sont en quête d'œuvres d'art barrées et d'humour chelou 👁️🖤👁️.&nbsp;» Voici une autre vidéo de ce cher David O'Reilly dont on est fans également, parfaitement en rapport avec cette thématique chevals.<div class="raw-html-embed"><iframe src="https://www.youtube.com/embed/OKjUEXKX2S8" title="YouTube video player" allow="accelerometer; autoplay; clipboard-write; encrypted-media; gyroscope; picture-in-picture" allowfullscreen="" width="560" height="315" frameborder="0"></iframe></div>Après ce bon tour à chevals, si vous êtes conquis, c’est par ici pour la suite de la visite&nbsp;:&nbsp; Exposition du 7 au 21 janvier à la Yellow Cube Gallery (<a href="https://www.instagram.com/yellowcube.gallery/?hl=fr"> ici&nbsp;</a>et 78 rue du Dessous-des-Berges, 75013 Paris). Tous les posters originaux Chevals sont à 30€, il y en aura 80 différents.&nbsp; Vernissage le samedi 7 janvier de 19h à 22h, Nils Bertho sera là et dédicacera 25 exemplaires du dernier calendrier Chevals 2023 pour les plus rapides d’entre vous.<figure class="image"><img src="/uploads/Nils_Bertho_2_72e52da30a.jpg"></figure>

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Sevdaliza

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aiplague

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On voit beaucoup circuler de l’image animée faite par une IA, et comme nous, vous les reconnaissez désormais rapidement. Aujourd'hui il va être intéressant de suivre les artistes qui en feront une utilisation originale, différente des autres ou appliquée à un message bien précis. Cette vidéo de Sevdaliza réunit tout cela. C'est la collaboration d’une artiste trip hop iranienne qui a ressenti la légitime urgence de communiquer sur le mouvement des femmes dans son pays, et d’un artiste IA à l’esthétique dark du nom de Aiplague&nbsp;(ce qui signifie «&nbsp;peste de l'AI&nbsp;» ou «&nbsp;fléau de l’AI&nbsp;»). Les images générées par IA sont souvent faites à partir de textes (comme on vous l’expliquait ici), on peut donc leur faire «&nbsp;dire&nbsp;» en quelque sorte ce que l’on désire. Ici, l’objet visuel atteint parfaitement son but en transcendant des images de manifestantes désormais plus identifiables tout en appuyant le message par une symbolique marquée et efficace. En outre, le traitement sur les visages de ces femmes est sombre, théâtral et beau. À les voir, c’est certain, elles ne lâcheront pas ce combat contestant le régime en place. L’IA a également permis également de mettre en image fortes, et en ligne très rapidement, ces paroles soutenant le soulèvement.&nbsp;<figure class="image"><img src="/uploads/Sevdaliza_17_2501871667.jpg"></figure>Si avez besoin de revenir en détail sur ce qui s’est passé en Iran récemment, Sevdaliza vous conseille <a href="https://thearabweekly.com/women-life-and-pursuit-liberty-iran">l'article suivant</a>. Et pour compléter, vous trouverez également en bas de ce post deux autres vidéos antérieures vous donnant un aperçu de l’expression plutôt radicale de ces deux artistes. Et maintenant, laissons Sevdaliza&nbsp;présenter elle-même le propos de cette initiative militante.<figure class="image"><img src="/uploads/Sevdaliza_7_5388189c40.jpg"></figure>Sevdaliza&nbsp;: «&nbsp;J'ai écrit une chanson pour les femmes opprimées du monde entier. Je suis fière d'être une femme iranienne et je soutiens le combat de mes sœurs qui ont versé leur sang, leurs cheveux, leurs cœurs et leurs cerveaux pour nous donner à tous l'espoir qu'un jour, nous serons libres.&nbsp;»<figure class="image"><img src="/uploads/Sevdaliza_6_739d3444e6.jpg"></figure>Sevdaliza&nbsp;: «&nbsp;Très jeune, j'ai pris conscience des moyens systématiques utilisés pour forcer les femmes à obéir par la violence et l'intimidation. Pour persuader les femmes que leur esprit, leur corps et leur liberté ne leur appartiennent pas.&nbsp;»<figure class="image"><img src="/uploads/Sevdaliza_5_e38773e61c.jpg"></figure>Sevdaliza&nbsp;: «&nbsp;Notre humanité exige que nous nous levions contre l'oppression des femmes. Maintenant ! Et pour toujours !&nbsp;»<figure class="image"><img src="/uploads/Sevdaliza_12_68e2a7f0b2.jpg"></figure>Sevdaliza&nbsp;: «&nbsp;Nous devons continuer à nous exprimer et à combattre les institutions qui tolèrent l'oppression, la violence et le meurtre. Nous devons affronter les personnes qui nient la dignité et le respect de toutes les femmes. Nous en avons tellement assez qu'on nous dise comment être, ce que nous devons être.&nbsp;»&nbsp;<figure class="image"><img src="/uploads/Sevdaliza_10_4ef6ddc881.jpg"></figure>Sevdaliza&nbsp;: «&nbsp;J'ai créé un canal dédié, "Woman Life Freedom", dans mon Discord pour parler ouvertement, partager des informations et exprimer vos pensées sur le soulèvement en Iran. Rejoignez mon Discord <a href="https://discord.gg/WgYm5SdceY">ici</a>.&nbsp;»<figure class="image"><img src="/uploads/Sevdaliza_2_36faa245f7.jpg"></figure>Traduction (du mieux possible) des paroles&nbsp;: « On m'a dit de rester tranquille dans un monde plein de bruit&nbsp; On m'a dit de marcher en silence dans une guerre de méchantes marches dans ce monde Je suis toujours en quête de réponses. »<figure class="image"><img src="/uploads/Sevdaliza_1_0de522f07b.jpg"></figure>« On m'a dit de retenir la violence quand le monde a pris avec avidité On m'a mis au régime parce qu'une femme ne devrait pas l'être On m'a appris la conformité au nom de l'épée qui a poignardé tous les rêves Je pourrais être libre pour un jour&nbsp; libre, libre pour un jour pas aujourd'hui. »<figure class="image"><img src="/uploads/Sevdaliza_9_2daa90b6f6.jpg"></figure>« Pas aujourd'hui, je suis silencieuse Je choisis mes batailles et ma paix Je regarde Dieu pour être guidée pas le nom mais les fréquences&nbsp; Nous vivons, nous mourons nous jouons le jeu Le chien mange le chien&nbsp; qui va rester sain d'esprit jusqu'au bout. »<figure class="image"><img src="/uploads/Sevdaliza_4_00ad256617.jpg"></figure>« Comme la lune,&nbsp; elle passe par des phases, du vide au plein&nbsp; Tu n'as pas besoin de t'accrocher&nbsp; à la douleur&nbsp; pour t'accrocher à l'essence Comment puis-je ne pas être partiale ? quand 1 et 1 font 2 Le monde tourne autour de lui-même et toi aussi autour de toi Je suppose que tu as tout compris pour le temps et le lieu&nbsp; l'âge et l'état excepté ton besoin de saigner dans les paumes de la rage c'est juste un autre pépin Un jour, un jour tu comprendras&nbsp; comment être un vrai homme dans l'utérus d'une femme. »<figure class="image"><img src="/uploads/Sevdaliza_11_ba563dc7c3.jpg"></figure>Partageons aussi cette chanson, Baraye", devenue un des hymnes de cette Révolution iranienne. Le chanteur et compositeur iranien Shervin Hajipur a été arrêté après l'avoir publiée.<div class="raw-html-embed"><iframe src="https://www.youtube.com/embed/TPyHuCZzsVA" title="YouTube video player" allow="accelerometer; autoplay; clipboard-write; encrypted-media; gyroscope; picture-in-picture" allowfullscreen="" width="560" height="315" frameborder="0"></iframe></div><figure class="image"><img src="/uploads/Sevdaliza_13_5ec49843ac.jpg"><figcaption>Pochette de l'album Raving Dahlia.</figcaption></figure>Un étonnant clip court-métrage de Sevdaliza réalisé en 2021 :<div class="raw-html-embed"><iframe src="https://www.youtube.com/embed/dCfTDUx57XU" title="YouTube video player" allow="accelerometer; autoplay; clipboard-write; encrypted-media; gyroscope; picture-in-picture" allowfullscreen="" width="560" height="315" frameborder="0"></iframe></div>Et pour finir, un aperçu de l'univers de Aiplague, qui explique : « Lorsque j'ai vu pour la première fois l'art créé avec l'IA, j'ai été très impressionné. J'ai cherché des informations sur son fonctionnement et j'ai étudié l'art de l'IA. Je suis inspiré par la possibilité d'incarner des mondes issus des profondeurs de ma conscience. »<div class="raw-html-embed"><iframe src="https://www.youtube.com/embed/kexc6bA0AZ8" title="YouTube video player" allow="accelerometer; autoplay; clipboard-write; encrypted-media; gyroscope; picture-in-picture" allowfullscreen="" width="560" height="315" frameborder="0"></iframe></div>

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artivisme

Yves Decamps

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Belge d’origine,&nbsp;Yves Decamps a longtemps vécu au Pérou et vit maintenant en Espagne. Bien que ne fréquentant plus la Belgique depuis longtemps, il admet volontiers qu’il y a des restes enfouis en lui de la surréalité cultivée dans la peinture belge depuis les Primitifs flamands. Il y a du Rogier Van der Weyden dans sa qualité d’exécution, tout en représentant une réalité qui aurait salement dérapé. Il est en quelque sorte un sale gosse, dans le genre très classique du portrait peint. Yves Descamps arrive avec une admirable constance à renouveler ses Photomatons peints par une grande simplicité et une hilarante laideur. &nbsp;<figure class="image"><img src="/uploads/Yves_decamps_5_7ba7c0e5a4.jpg"></figure>Yves Decamps se définit lui-même ainsi : «&nbsp;Recycleur de déchets sur Internet, ex-photographe, peignant sans être peintre, essayant de vendre des œuvres que personne ne veut accrocher dans son salon.&nbsp;» Pourtant son style lui est tout à fait propre, et contrairement à ce qu’il dit, nous pourrions tout à fait avoir un «&nbsp;Yves Decamps&nbsp;» accroché au mur, juste pour nous assurer notre quotidienne tranche de bonne humeur. Car elles déclenchent du rire, ces gueules cassées. Voyons en quoi Yves Decamps est un «&nbsp;recycleur sur internet&nbsp;», car il a bien voulu nous raconter son pourquoi et son comment.<figure class="image image_resized" style="width:75%;"><img src="/uploads/Je_me_prepare_a_une_apres_midi_sans_fautes20_ad54a2bbc1.jpg"><figcaption>Je me prépare à une après-midi sans fautes.</figcaption></figure>Yves Decamps&nbsp;: «&nbsp;J'ai commencé à étudier la photographie alors que j'étais encore à l'école secondaire. À cette époque, je n'étais pas vraiment intéressé par l'art. C'était plutôt un moyen d'échapper à l'enseignement général. Heureusement, j'ai très rapidement aimé la photographie. J'aimais vraiment passer des heures dans la chambre noire, je la considérais comme un endroit très confortable. Lorsque la photographie numérique a presque complètement pris le dessus, j'ai décidé de me mettre au dessin et à la peinture. J'utilise toujours la photographie dans mon travail mais je ne prends plus de photos, ma pratique photographique se limitant aujourd'hui presque entièrement à l'édition.&nbsp;»<figure class="image image_resized" style="width:75%;"><img src="/uploads/le_bonheur_partage_est_le_meilleur_des_bonheurs_01_12_19e4615db8.jpg"><figcaption>Le bonheur partagé est le meilleur des bonheurs.</figcaption></figure>Yves Decamps&nbsp;: «&nbsp;Les dernières années de photographie, je n'ai fait que des natures mortes et des paysages. Quand j'ai commencé à dessiner, j'ai ressenti le besoin de faire quelque chose de complètement différent. C'est pourquoi j'ai commencé à dessiner des visages. J'ai vécu pendant 15 ans au Pérou et j'ai toujours aimé les masques folkloriques grotesques utilisés dans les cérémonies andines et dans la culture en général. Cela a eu une grande influence sur mon travail.&nbsp;»<figure class="image image_resized" style="width:75%;"><img src="/uploads/Pensez_positivement_50_59_068d41c2fb.jpg"><figcaption>Pensez positivement.</figcaption></figure>On se demande bien sûr d’où vient son inspiration en laideur, et si des personnes de son entourage ont pu se retrouver défigurés par ce chirurgien esthétique hors de contrôle. Yves Decamps&nbsp;: «&nbsp;Pour démarrer, parfois j’écoute une chanson et je suis inspiré par une phrase, alors l'image apparaît dans mon imagination. Il est également possible que je joue avec des images Internet dans Photoshop, comme un enfant qui joue avec un puzzle. Les personnes figurant dans mes images n'existent pas, même si parfois on peut reconnaître une personne réelle, mais elle ne sert que de modèle. Je suis d'ailleurs très reconnaissant envers Kim Jong-un.&nbsp;»<figure class="image image_resized" style="width:75%;"><img src="/uploads/Yves_decamps_2_695c5c0aff.jpg"></figure>Et dans la pratique, ça se joue comment&nbsp;?&nbsp; Yves Decamps&nbsp;: «&nbsp;Je ne suis pas un dessinateur ou un peintre au sens traditionnel du terme. Mes œuvres sont le résultat de l'édition numérique d'images. Une image peut contenir des parties de 15 à 20 images différentes, cela dépend. Outre l'aspect numérique, la façon traditionnelle de travailler est également importante, je prépare mes propres toiles, châssis, etc. J'essaie d'allier tradition et modernité.&nbsp;»<figure class="image image_resized" style="width:75%;"><img src="/uploads/Yves_decamps_Mk2_967f1d0e50.jpg"></figure><figure class="image image_resized" style="width:75%;"><img src="/uploads/Yves_decamps_4_26956f4fcc.jpg"></figure>Contre toute attente, ce diable d'Yves Decamps utilise beaucoup de numérique dans son processus pour combiner une grande variété d'images récupérées. En cela il est aussi un «&nbsp;recycleur des internets&nbsp;», même si son résultat final est analogique dans le médium classique du portrait. Ses tableaux ne sont pas de simples peintures, ce sont des constructions soigneusement éditées où la peinture fonctionne comme un outil et non comme un médium à part entière.<figure class="image image_resized" style="width:75%;"><img src="/uploads/Je_me_suis_transforme_en_un_etre_purement_fonctionnel_51_08_d3b33cc091.jpg"><figcaption>Je me suis transformé en un être purement fonctionnel.</figcaption></figure><figure class="image"><img src="/uploads/Yves_decamps_1_23e7799e74.jpg"></figure>Yves Decamps&nbsp;: « Oui, bien sûr, je veux vous faire rire. Si je n'étais pas un artiste visuel, j'essaierais probablement d'être un comédien de stand-up. J'aime l'art drôle, l'art ne devrait pas être une affaire sérieuse. Je décrirais mon travail comme une « horreur drôle ». Un peu comme les films d'horreur américains des années 80. Les films d'horreur japonais avec les petites filles qui foutent tout en l'air étaient vraiment effrayants.&nbsp;»<figure class="image image_resized" style="width:75%;"><img src="/uploads/Je_dois_me_perdre_pour_me_retrouver_2_52_41_6a2815c072.jpg"><figcaption>Je dois me perdre pour me retrouver.</figcaption></figure>Est-il possible de remplir son frigo en fabriquant de l’« horreur drôle » a longueur de journée&nbsp;? Yves Decamps&nbsp;: « En ce moment, tout va bien, mais c'est un travail très dur pour s'en sortir. Je ne fais pas payer l'exclusivité, je fais payer le temps et le travail que j'y consacre. Je ne travaille pas encore avec une galerie mais j'aimerais le faire parce que le travail en réseau commence à me prendre trop de temps, temps que j'aimerais consacrer à la peinture.&nbsp;»<figure class="image image_resized" style="width:75%;"><img src="/uploads/Je_suis_en_route_vers_un_endroit_appele_perfection_et_je_ne_suis_qu_a_quelques_kilometres_04_19_5984d2c6f4.jpg"><figcaption>Je suis en route vers un endroit appelé perfection et je ne suis qu'à quelques kilomètres.</figcaption></figure><figure class="image image_resized" style="width:75%;"><img src="/uploads/Yves_decamps_22_c74017de25.jpg"><figcaption>Je suis auto-immune.</figcaption></figure>Yves Decamps&nbsp;: «&nbsp;Pour moi l'un des meilleurs artistes du moment est John Rogers aka <a href="https://www.instagram.com/ghoulorama/?hl=fr">ghoulorama</a>, c'est un putain de génie.&nbsp;» Absolument d’accord avec lui&nbsp;!&nbsp;<figure class="image"><img src="/uploads/Yves_decamps_6_a3b530f6b5.jpg"></figure><figure class="image"><img src="/uploads/Yves_decamps_7_9ecd7e77b4.jpg"></figure>

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Portraits en laideur

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Amy Coleslaw

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Le projet s’appelle “I Felt Kitsch” et effectivement, c’est kitsch, mais pas que… La british puise son inspiration dans le monde de l’enfance en prélevant des têtes de poupées et dans celui de l’horreur ou de la science-fiction en faisant directement référence aux dinosaures de Jurassic Park ou de Toy Story, ou au clown ricanant de Stephen King.<figure class="image image_resized" style="width:75%;"><img src="/uploads/Amy_Coleslaw_10_cb86069d81.jpg"></figure>Amy Coleslaw : « J’ai fait un voyage à Vancouver (Canada) en 2017 et je me suis rendue au marché de l’île de Granville. J’ai découvert le stand de Shima Itabashi qui présentait de mignonnes <a href="https://himcreations.ca/">petites figurines en feutrine</a>… J’en suis immédiatement tombée folle amoureuse. Je n’avais jamais entendu parler de cette technique auparavant, mais dès que je suis rentrée en Angleterre, j’ai fait des recherches à ce sujet et je m’y suis mise. J’ai commencé avec des portraits de petits animaux pour des amis et la famille, mais c’est pendant le confinement que j’ai vraiment utilisé tout ce temps libre pour trouver mon propre style. »<figure class="image image_resized" style="width:75%;"><img src="/uploads/Amy_Coleslaw_19_925709eda3.jpg"></figure>Amy Coleslaw a le don de tout rendre absolument flippant et son travail souligne combien les jouets pour enfants peuvent très rapidement basculer de l’autre côté de la barrière pour venir hanter nos cauchemars. Sa technique est hybride : maestria de la feutrine à l’aiguille pour créer de bon gros personnages bien douillets à croquer tout plein, décapitation de poupées choupinettes et maquillage de clown à la truelle pour finir le monstre mignon.<figure class="image"><img src="/uploads/Amy_Coleslaw_1_e76a79db46.jpg"></figure>Amy Coleslaw : «&nbsp;J’ai toujours collectionné les bibelots vintage chinés en brocante. Tous les weekends, on peut facilement me retrouver dans les vide-greniers de mon secteur ou dans les ventes de charité. Mon grand-père m’a initiée quand j’étais gosse, en allant fouiller dans les décharges. Je ne le remercierai jamais assez de m’avoir appris à trouver mon bonheur dans les poubelles des&nbsp;autres ! Je suis particulièrement fan des vieilles poupées (plus elles sont flippantes, plus je les aime) et des jouets vintage de marque Rushton. J’adore l’idée de donner une seconde vie à un vieux jouet abîmé.&nbsp;»<figure class="image image_resized" style="width:75%;"><img src="/uploads/Amy_Coleslaw_8_880565a6b1.jpg"></figure><figure class="image image_resized" style="width:75%;"><img src="/uploads/Amy_Coleslaw_9_70bcfc7e3a.jpg"></figure>Quand elle travaille, Amy aime écouter des documentaires ou des podcasts sur les histoires criminelles. Amy Coleslaw : «&nbsp;Le travail à la feutrine est extrêmement chronophage. Une poupée peut me prendre deux à trois jours de travail. Alors il me faut quelque chose de très intéressant à écouter pendant que je travaille.&nbsp;»<figure class="image image_resized" style="width:75%;"><img src="/uploads/Amy_Coleslaw_14_9747dd805f.jpg"></figure>Amy confesse des influences diverses : Mr Blobby (un terrifiant personnage pour enfants de la BBC), les clowns, la nature, les petits chiens-chiens, l’univers des femmes âgées, les couleurs pastel, les villes côtières, les animaux à deux têtes, Toy Story… Les Teletubbies, Barbies, Action Man et Mickey passent un sale quart d’heure : une fois qu’elle leur a arraché la tête, elle la plante sur une pique, puis elle emballe le tout à la feutrine colorée. Thème récurrent : le monstre bicéphale, une particularité physique qui rappelle les vitrines du Muséum d’histoire naturelle ou les créatures de l’Antiquité grecque.<figure class="image image_resized" style="width:75%;"><img src="/uploads/Amy_Coleslaw_11_2bc4051554.jpg"></figure><figure class="image image_resized" style="width:75%;"><img src="/uploads/Amy_Coleslaw_17_2ca587473b.jpg"></figure>Amy Coleslaw : « Je fais d'abord un tour de ma collection de têtes, puis j’en choisis une et je me fais une petite idée de ce qu’elle va devenir. Je fabrique une armature en métal et je commence à tisser la feutrine autour, une couche à la fois. Enfin, j’ajoute les couleurs et les petits détails, comme des griffes ou des petits chapeaux de fête. »<figure class="image image_resized" style="width:75%;"><img src="/uploads/Amy_Coleslaw_7_1671ff6c05.jpg"></figure>Le résultat est trognon et effrayant, mais Amy ne s’arrête pas là : elle filme les petits figurines pour qu’on puisse les mirer sous toutes les coutures avec une musique d’ambiance, comme une vraie petite bande-annonce&nbsp;avant de les mettre en ligne sur sa boutique Etsy, pour que chacune et chacun puisse acquérir une de ses mignonnes atrocités. Attention, les prix peuvent faire un peu bobo au porte-monnaie, mais l’art a un prix&nbsp;... Ici cela va de 75 à 350 euros pour la petite bête. Quand elle a commencé en 2020, les prix étaient plus modérés, mais c’est la loi de l’offre et de la demande ! &nbsp;(Vente dans son <a href="https://www.ifeltkitsch.com/shop">shop</a> ou <a href="https://www.etsy.com/fr/shop/IFeltKitsch?ref=condensed_trust_header_title_sold">ici</a> sur Etsy)<figure class="image"><img src="/uploads/Amy_Coleslaw_2_ec03c46ed3.jpg"></figure>Mais Amy fait également de seyants tote-bags imprimés dans l’esprit de ses personnages pour la modique somme de 18 euros (épuisés pour le moment) ou encore des petites boucles d’oreille en feutrine pour quelques euros de plus. Elle travaille aussi sur commande, si vous êtes à court d’idées pour votre petite cousine à Noël. Au moment où nous lui parlons, elle confectionne un asticot multicolore.&nbsp;<figure class="image image_resized" style="width:75%;"><img src="/uploads/Amy_Coleslaw_18_9e2cdda816.jpg"></figure>Amy : « Je commence une collaboration avec les <a href="https://www.instagram.com/theblackmothsociety/">artistes américains</a> de The Black Moth Society qui achètent des figurines dans des boutiques vintage, les transforment puis les remettent en place dans la boutique. Ils viennent de m’envoyer une tête pour laquelle je vais réaliser un corps avant de la déposer discrètement dans une boutique de charité ici en Angleterre ! »<figure class="image"><img src="/uploads/Amy_Coleslaw_12_a144d27f1f.jpg"></figure>Amy a également fait d'autres collaborations, sa préférée était celle avec l’artiste du sud de Londres Sarah aka WTFPots <a href="https://www.instagram.com/wtfpots/">qui fabrique des pots de fleurs</a> grand guignol à base de zobs et de trous du cul, proprement dégueulasses et hilarants. La devise de Sarah est&nbsp;: «&nbsp;en mettant de l'anal dans l'artisanal, je crée d'étranges pots aux couleurs esthétiques.&nbsp;» Quand on lui demande quel-le-s artistes elle admire, Amy cite&nbsp;:&nbsp; (Les liens sont dans les images)<figure class="image"><a href="https://www.markryden.com/gallery"><img src="/uploads/Mark_Ryden_34_49_f310f9edf5.jpg"></a><figcaption>&nbsp;Mark Ryden</figcaption></figure><figure class="image"><a href="https://www.artsy.net/artist/bruno-pontiroli/works-for-sale"><img src="/uploads/Bruno_Pontiroli_20_56_59_dd74da80a1.jpg"></a><figcaption>Bruno Pontiroli</figcaption></figure><figure class="image"><a href="https://mabgraves.com"><img src="/uploads/Mab_Graves_ea8b0b775f.jpg"></a><figcaption>&nbsp;Mab Graves</figcaption></figure><figure class="image"><a href="https://www.fionahewitt.com"><img src="/uploads/Fiona_Hewitt_32_b6479f4f8b.jpg"></a><figcaption>Fiona Hewitt&nbsp;</figcaption></figure><figure class="image"><img src="/uploads/Yves_Descamps_a_20_59_04_b9c0fd9bc7.jpg"><figcaption>Yves Decamps</figcaption></figure>Yves Decamps dont nous sommes très friands également et dont nous allons vous parler la semaine prochaine car il a eu la gentillesse de répondre à quelques unes de nos questions. À très vite, donc !

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les poupées flippantes d’Amy

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Spasi Sohrani

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Au premier abord, ils sont bien entendu risibles, ces portraits de la mère, du père et du frère de Spasi Sohrani&nbsp;accoutrés dans ces costumes improbables, visiblement faits à la main, à la façon de déguisements pour une fête de fin d’année du primaire. Mais il y a tellement de dignité de leurs poses et de conviction de ne pas craindre le ridicule qu’ils en sont aussi immensément touchants. Et nous de sourire sans malveillance et d’envier cette chère Spasi Sohrani&nbsp;d’avoir des parents assez ouverts et libres pour participer à un tel projet familial, une complicité obligatoirement chargée de rire et d’amour. Et le résultat est à la hauteur de cette collaboration assez rare.<figure class="image"><img src="/uploads/Spasi_Sohrani_1_3cd7f0e659.jpg"></figure>Spasi Sohrani&nbsp;: «&nbsp;Je suis née et j'ai grandi à Kiev, en Ukraine. J'ai commencé à prendre des photos au début de 2020, lorsque le monde entier était fermé pour cause de quarantaine. Mes parents sont originaires d'un petit village où j'ai passé mes étés. La plupart des photos ont été prises exactement là où mes parents - ils étaient et ils sont mes personnages principaux - vivent maintenant. Je fabrique moi-même tous les costumes pour la photo. J'ai appris à coudre, tricoter et bricoler pour créer des images plus complexes et plus excitantes. Mon objectif est que la personne qui regarde mes photos s'arrête, jette un coup d'œil, sourit, puis passe à autre chose. J'aimerais que les gens sourient davantage et croient en leurs forces.&nbsp;»<figure class="image"><img src="/uploads/Spasi_Sohrani_16_aee1efeff7.jpg"></figure>Quand elle était enfant, les gentils et patients parents de Spasi Sohrani&nbsp;avaient pour habitude de coudre des costumes de fête en forme de lapin ou de flocon de neige pour elle et son frère. Aujourd'hui, Spasi Sohrani&nbsp;coud des costumes bizarres pour eux, non pas pour célébrer des fêtes, mais pour prendre des photos de famille et profiter encore du temps passé ensemble. Au début de la pandémie, les parents de Spasi Sohrani&nbsp;ont quitté Kiev pour s'installer à la campagne. Ils se sont procuré des poulets et des oies et ont décidé qu'ils ne voulaient plus revenir dans la grande ville. Pendant la même période, Spasi Sohrani&nbsp;commençait la photographie mais, trop timide pour demander aux gens de poser, à chaque visite chez eux elle suppliait donc ses parents de la laisser les photographier. Il a fallu beaucoup de temps avant qu'ils n'acceptent finalement. Auparavant, elle s’était pas mal entraînée en produisant des images où elle se mettait elle-même en scène.<figure class="image image_resized" style="width:75%;"><img src="/uploads/Spasi_Sohrani_5_42d0296977.jpg"><figcaption>Spasi Sohrani elle-même.</figcaption></figure>Au départ, ils n’étaient pas très chauds pour poser en costumes absurdes, parce que « que vont penser les gens ? », et en plus, ils n'avaient guère le temps : il y a toujours tellement de choses à faire dans une ferme. Finalement, sa mère a été la première à accepter de poser en ange. Elle a ensuite fait toute une série de portraits des gens du voisinage portant des ailes d'ange. Six mois plus tard, son père a accepté aussi, quand il a vu combien elle était heureuse et excitée par les photos.<figure class="image"><img src="/uploads/Capture_d_ecran_2022_10_03_a_22_00_26_df21411300.jpg"></figure><figure class="image"><img src="/uploads/Spasi_Sohrani_7_d505653f2a.jpg"><figcaption>Toute la famille</figcaption></figure>Pour Spasi Sohrani, c'est comme un jeu où l'on recrée le passé&nbsp;: ses parents lui faisaient des costumes quand elle était petite, et maintenant elle le fait pour eux. Et c'est toujours comme avant, doux et drôle. Et comme elle les aime beaucoup, elle trouvera toujours le temps d’aller les voir et de prendre de beaux portraits avec eux comme modèles. Et c’est bien cette grande quantité d’amour&nbsp;qui transparaît dans ses images.<figure class="image"><img src="/uploads/Spasi_Sohrani_2_46894b246e.jpg"></figure>Spasi Sohrani: «&nbsp;Lorsque j'ai commencé à vendre les photos, j'ai remis tout l'argent à mes parents. La photographie est donc devenue une source de revenus pour eux. Je suis très fière qu'ils aient fait ce pas de géant et se soient ouverts. »<figure class="image"><img src="/uploads/Spasi_Sohrani_8_0ab6880ce2.jpg"></figure>Elle planifie désormais tout à l’avance, les costumes, les poses, les décors, et, ayant appris à coudre, elle fait tout par elle-même. C’est une photographe très pluridisciplinaire… Spasi Sohrani&nbsp;: « Je suis au Portugal maintenant, et mes parents sont dans un village près de Prague. Mais ils vont bientôt rentrer en Ukraine, alors il sera difficile de leur rendre visite et de travailler avec eux. Lorsque je suis allée les voir en Tchéquie, j'ai pris trois photos pour la série. Cela s'est avéré assez difficile, car trouver les matériaux dans un pays étranger est difficile et coûteux. Pour ces trois images, maman et papa ont peint, collé et assemblé les costumes eux-mêmes. Je voulais qu'ils fassent une pause dans le flux d’informations. Papa s'est fabriqué un tracteur, et maman a créé une fleur.&nbsp;»<figure class="image"><img src="/uploads/Spasi_Sohrani_4_d4743c8f6d.jpg"></figure>Si comme nous, vous tombez sous le charme de la grande entreprise familiale de Tetiana Nikitina aka Spasi Sohrani, alors comme nous, achetez (en prévente)&nbsp;<a href="https://shop.snap-collective.com/products/blue-horse-by-spasi-sohrani">son livre</a>. Il va être très beau. Spasi Sohrani&nbsp;: «&nbsp;Les amis, mes rêves deviennent réalité, <a href="https://shop.snap-collective.com/products/blue-horse-by-spasi-sohrani">un livre avec mes œuvres</a> va sortir🙈. Blue Horse est une histoire en 100 pages de mon travail. Un livre qui décorera non seulement votre étagère à la maison, mais aussi une salle d'exposition, une galerie, qui également conviendra comme cadeau (je serais très heureuse d'un tel cadeau, pour ma part&nbsp;:)). Vous pourrez le feuilleter lorsque vous serez triste, car il vous remontera le moral, ou lorsque des invités arriveront et que vous n'avez pas d'album avec vos photos. Il est super-chargé de positivité, car toutes les images qu'il contient sont faites avec amour☺️.&nbsp;»<figure class="image"><img src="/uploads/Spasi_Sohrani_6_3c44da2d04.jpg"></figure>&nbsp;Spasi Sohrani&nbsp;: «&nbsp;Si vous me demandez ce que j'aime le plus, prendre des photos ou fabriquer des costumes étranges, je vous répondrais que je ne suis pas une photographe, mais une “Maître des choses étranges”.&nbsp; Avant la guerre, j'avais un studio, beaucoup de gens qui passaient me voir pour être assistant ou modèle, des clients, des contacts, le savoir où tout trouver…&nbsp; Au Portugal, je recommence tout à partir de zéro, avec des avantages, j'ai le savoir et la technique, et tout le reste peut être trouvé. Par exemple, je sais déjà où se vendent les poulets, je sais où se trouve le magasin chinois avec tout ce qu'il y a dans le monde, la peinture normale (ce n’est pas évident) et les tissus😂 (mais c’est très cher). J'ai aussi acheté une machine à coudre pour me sentir comme à la maison🤗. Tout sera Ukraine🤍.&nbsp;»<figure class="image image_resized" style="width:75%;"><img src="/uploads/Spasi_Sohrani_12_8466059e47.jpg"></figure><figure class="image image_resized" style="width:75%;"><img src="/uploads/Spasi_Sohrani_11_cddc73e276.jpg"></figure><figure class="image image_resized" style="width:75%;"><img src="/uploads/Spasi_Sohrani_13_4bbe4dd061.jpg"></figure>

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une entreprise familiale

Jake Fried

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Nous attendions l'opportunité de vous parler de cet animateur génial que nous suivons - et chérissons - depuis longtemps maintenant. En voici une ! À cette occasion, vous pourrez en profiter pour (re)voir toute sa filmographie, et si vous êtes ou devenez fans absolus (comme nous le sommes) vous aurez même la possibilité d’accéder à la propriété d’un véritable morceau de Jake Fried (mis en vente <a href="https://opensea.io/collection/night-vision-series">ici</a>). Et avoir l’immense satisfaction d’avoir un Jake Fried accroché au mur.&nbsp;<figure class="image"><img src="/uploads/Jake_Fried_Night_Vision_4_9cdc62dfc0.jpg"><figcaption>Night Vision - 2015</figcaption></figure>Commençons donc par raconter cet étrange objet qu’est Night Visions&nbsp;ci-dessus, un «&nbsp;autoportrait&nbsp;» réalisé il y a 7 ans et en dix mois. Night Vision est le résultat d'une «&nbsp;méditation de centaines d'heures de nez sur le papier&nbsp;». Le processus de Jake Fried est simple : utilisant de l'encre noire ou couleur - parfois de la gouache, du collage ou du café - il dessine une première image, et la scanne. Puis à l’aide éventuellement de blanc couvrant genre Typex, il crée une nouvelle image par-dessus la précédente, scanneant ainsi ses étapes au fur et à mesure dans Photoshop. Répéter, répéter et répéter, à raison de peu d’images par jours sur dix mois. Finalement, les scans sont séquencés à 24 images par seconde, et il compose lui-même la piste audio. Il chemine ainsi pas à pas vers la conclusion de ce tunnel hallucinatoire.&nbsp;<figure class="image"><img src="/uploads/Jake_Fried_5_ba2aba5df2.jpg"></figure><figure class="image"><img src="/uploads/Jake_Fried_The_blank_page_2020_1_6eb49de1b2.jpg"><figcaption>The Blank Page - 2020.</figcaption></figure><figure class="image"><img src="/uploads/Jake_Fried_7_31d09a4ad0.jpg"></figure>Ce Night Visions c'est donc la succession de 1440 scans, mis en vente depuis peu individuellement comme NFT (<a href="https://opensea.io/collection/night-vision-series">ici</a>). 315 sont déjà achetées, mais cela vous laisse encore un large choix…<div class="raw-html-embed"><iframe src="https://player.vimeo.com/video/56673269?h=931dfa95c6&amp;color=ffffff&amp;portrait=0" allow="autoplay; fullscreen; picture-in-picture" allowfullscreen="" width="640" height="360" frameborder="0"></iframe>
<a href="https://vimeo.com/56673269">The Deep End</a> from <a href="https://vimeo.com/jakefried">Jake Fried</a> on <a href="https://vimeo.com">Vimeo</a>.</div><figure class="image"><img src="/uploads/Jake_Fried_The_deep_end_2_45a8bca049.jpg"><figcaption>The Deep End - 2013.</figcaption></figure>Le travail si particulier de Jake Fried a attiré notre attention pour la première fois vers 2013, avec son deuxième film «The deep end». Ses premières animations étaient alors plus brutes et désordonnées, mais dégageaient déjà une vision tellement puissante que nous avons suivi fidèlement son parcours depuis lors. Devant un film de Jake Fried, on a l'impression d’assister à un dessin en pleine création et c’est bien cela dont il s’agit. Jake Fried a depuis toujours retravaillé sans relâche ses dessins et peintures, il construisait ainsi ses «&nbsp;tableaux&nbsp;» inlassablement, comme à la recherche de son processus. Qu’il a trouvé lorsqu'il a commencé simplement à enregistrer sa façon de procéder. Et là, en rendant visible le temps, il a pu véritablement observer ce qu'il faisait. Et c'est ainsi que Jake Fried est devenu animateur.&nbsp;<figure class="image"><img src="/uploads/Jake_Fried_Paper_Trail_2017_3_a30324fbcc.jpg"><figcaption>Paper Trail - 2017.</figcaption></figure><div class="raw-html-embed"><iframe src="https://player.vimeo.com/video/237349572?h=1528eb67a5&amp;color=ffffff&amp;portrait=0" allow="autoplay; fullscreen; picture-in-picture" allowfullscreen="" width="640" height="360" frameborder="0"></iframe>
<a href="https://vimeo.com/237349572">Paper Trail</a> from <a href="https://vimeo.com/jakefried">Jake Fried</a> on <a href="https://vimeo.com">Vimeo</a>.</div>L'effet produit par ses films est complètement hypnotique et réclame souvent plusieurs visions, tant ils fourmillent de détails minutieux dans une surcharge cohérente. Avec cette sensation unique de voir des dessins habités prendre vie sous vos yeux à mesure que les idées, les formes, les motifs se transforment. Jake Fried&nbsp;: « Chaque image dessinée n'est qu'une petite partie d'un tableau beaucoup plus grand. Par un travail lent et régulier, je peux créer quelque chose de plus profond et plus complexe qu'une seule image ne pourrait jamais atteindre."<figure class="image"><img src="/uploads/Jake_Fried_The_blank_page_2020_3_b585d2cad4.jpg"><figcaption>The Blank Page - 2020.</figcaption></figure>Cas assez rare, Jake Fried travaille sans aucun scénario, sans story-boards. Fried laisse ses films «&nbsp;devenir eux-mêmes à travers le processus de fabrication&nbsp;». Ainsi pour Night visions, à l’occasion de cette vente, il raconte : «&nbsp;C'est la première fois que je faisais un de mes films en noir et blanc pur. Et je voulais essayer de réduire l'imagerie figurative autant que possible. Encore une fois, quand je fais mes films, je n'ai pas de plan préalable. Je ne les scénarise pas. Il s'agit d'y aller image par image. Ainsi, lorsque j'ai démarré Night Vision, je ne savais pas qu'il s’appellerait ainsi. Je trouvé cette «&nbsp;vision nocturne&nbsp;» en faisant le film une image après l’autre. II commence avec une feuille de papier blanc, c'est la toute première image. Et dès les images suivantes apparaissent des ferrures bleues. Et c'est à ce moment-là que cela est devenu la «&nbsp;vision nocturne&nbsp;», littéralement. Tout en me demandant où tout cela irait.&nbsp;» Il est en quelque sorte guidé de bout en bout par le dessin, reflet de son inconscient.<figure class="image"><img src="/uploads/Jake_Fried_Barin_lapse_3_1d17f3501c.jpg"><figcaption>Brain Lapse - 2014.</figcaption></figure><div class="raw-html-embed"><iframe src="https://player.vimeo.com/video/108753054?h=b3eed105c0&amp;color=ffffff&amp;portrait=0" allow="autoplay; fullscreen; picture-in-picture" allowfullscreen="" width="640" height="360" frameborder="0"></iframe>
<a href="https://vimeo.com/108753054">Brain Lapse</a> from <a href="https://vimeo.com/jakefried">Jake Fried</a> on <a href="https://vimeo.com">Vimeo</a>.</div>Jake Fried s’est aperçu au fil du temps que les expositions en galerie ne lui convenaient pas vraiment. Comme tout ce style de vie d'artiste qui consiste à produire un ensemble d'œuvres, les accrocher dans une galerie, et essayer de vendre quelques pièces. Puis ça s'arrête au bout d'un mois ou deux, et ensuite on fait la prochaine exposition. Pour lui, c'est comme s'il manquait quelque chose, car même si ses films peuvent être projetés, ils sont surtout vus en ligne. Sa galerie est en effet plutôt Vimeo, il collectionne les “Staff picks&nbsp;”. Si Jake Fried fabrique très analogiquement, en recouvrant l’image précédente il ne lui reste plus que des traces numériques&nbsp;de son process. Donc naturellement, tout converge logiquement vers le NFT. Jake Fried&nbsp;: «&nbsp;Mon but, c'est que dans 100 ans, mon travail, puisse émouvoir quelqu'un de la même manière qu'il le fait maintenant. C'est pourquoi je veux être sur la blockchain.»&nbsp;<figure class="image"><img src="/uploads/Jake_Fried_The_deep_end_1_ecf44145e0.jpg"><figcaption>The Deep End - 2013.</figcaption></figure><figure class="image"><img src="/uploads/Jake_Fried_Brain_Wave_2019_3_805fea7afd.jpg"><figcaption>Brain-Wave - 2019.</figcaption></figure>Jake Fried&nbsp;: «&nbsp;Il s'agit là de transformations de la conscience, c'est ce qu'est l'expression pour moi. C'est comme le nec plus ultra de la narration. Et c'est exactement ce que je veux que l'art produise pour le spectateur et ce que je veux faire aussi pour moi. Comme si parler en anglais ne traduisait pas mes propos, et que mon travail artistique était vraiment ma véritable expression.&nbsp;» Oui, c’est bien la sensation que l’on en retire, un dessin qui s’anime en branchement direct avec les tréfonds du cerveau d’un certain Jake Fried. Précisons que ce temps de cerveau disponible, il le prend en dehors de son activité «&nbsp;normale&nbsp;» de professeur d'animation à plein temps au Massachusetts College of Art &amp; Design. Il consacre entre 40 et 60 heures par semaine à ses films, soit environ 2,5 secondes&nbsp;de nouvelle animation seulement.&nbsp; Ce sont donc de longues tranches de sa propre vie qu’il donne à voir à nos yeux émerveillés. Merci Jake&nbsp;!&nbsp;<figure class="image"><img src="/uploads/Jake_Fried_Brain_Wave_2019_2_7eefacfcf6.jpg"><figcaption>Brain-Wave - 2019.</figcaption></figure><div class="raw-html-embed"><iframe src="https://player.vimeo.com/video/315528770?h=fbaf6d42ed&amp;color=ffffff&amp;portrait=0" allow="autoplay; fullscreen; picture-in-picture" allowfullscreen="" width="640" height="360" frameborder="0"></iframe>
<a href="https://vimeo.com/315528770">Brain Wave</a> from <a href="https://vimeo.com/jakefried">Jake Fried</a> on <a href="https://vimeo.com">Vimeo</a>.</div><figure class="image"><img src="/uploads/Jake_Fried_Paper_Trail_2017_5_b78ae15401.jpg"><figcaption>Paper Trail - 2017.</figcaption></figure><div class="raw-html-embed"><iframe src="https://player.vimeo.com/video/383001078?h=5879701b3a&amp;color=ffffff&amp;portrait=0" allow="autoplay; fullscreen; picture-in-picture" allowfullscreen="" width="640" height="360" frameborder="0"></iframe>
<a href="https://vimeo.com/383001078">The Blank Page</a> from <a href="https://vimeo.com/jakefried">Jake Fried</a> on <a href="https://vimeo.com">Vimeo</a>.</div>

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en direct du cerveau

Sofie Birkin

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Sofie Birkin est une illustratrice engagée qui met son travail d’artiste au service de la visibilisation des minorités queer. À cheval entre deux mondes, les Beaux-Arts et la publicité, entre illustrations personnelles et projets pour des grandes marques (Nike, Apple), Sofie tente intelligemment de changer les choses de l’intérieur, consciente du fort pouvoir d’action qu’elle possède pour impacter l’imaginaire collectif, notamment dans le milieu encore frileux du marketing. Dès qu’elle le peut elle incorpore dans ses dessins commerciaux celles et ceux qui l’entourent dans sa vie personnelle, cette communauté LGBTQ joyeuse et libre qui ne s’excuse plus d’exister. L’artiste a également illustré deux livres aux thèmes importants, “The Art of Drag” et “Sex Ed: A Guide for Adults“. On aborde avec elle le pouvoir de l’illustration&nbsp;dans la lutte intersectionnelle, un sujet on ne peut plus actuel pour nous en France, avec <a href="https://twitter.com/leplanning/status/1560617964583395330?ref_src=twsrc%5etfw|twcamp%5etweetembed|twterm%5e1560658494302597126|twgr%5e29cdf51f9e1f460ed6bce5ff1ee8dd4a2490148e|twcon%5es3_&amp;ref_url=https://www.liberation.fr/politique/des-hommes-aussi-peuvent-etre-enceints-le-planning-familial-cible-par-lextreme-droite-20220820_EUCUZYARTFHKZODC6VJ2BU2Y2E/">ces attaques&nbsp;</a>&nbsp;reçues par le Planning Familial suite à sa dernière campagne de pub représentant un homme transgenre enceint. Sofie pourrait reprendre à son compte ces mots du Planning Familial, : « La lutte sera intersectionnelle ou ne sera pas ».&nbsp;<figure class="image image_resized" style="width:75%;"><img src="/uploads/Sofie_Birkin_9_bff268db78.jpg"></figure>Sofie Birkin : « L'illustration est une pratique à la frontière entre le design et les beaux-arts, ce qui donne accès à la puissance de ces deux mondes. L’illustration est donc un moyen essentiel pour communiquer des informations avec esthétisme. C’est une pratique démocratique, dans le sens où l’illustration doit être facilement comprise et interprétée par le spectateur. Elle est souvent plus accessible que les beaux-arts traditionnels, ce qui la rend puissante, et plus encore dans l’ère numérique dans laquelle nous sommes. En tant qu’artistes, nous devons nous efforcer de créer de meilleures représentations de la diversité, en sachant que si elles trouvent un écho auprès du public, nos illustrations seront facilement partageables et pourront ainsi se démarquer, et peut-être entrer enfin dans une conscience culturelle élargie. »<figure class="image"><img src="/uploads/Sofie_Birkin_3_e057fd56ac.jpg"></figure>Sofie Birkin : « Je pense que les personnes qui n'appartiennent pas à des groupes marginalisés ont tendance à voir l'inclusion de personnes “autres” comme surreprésentées, même lorsqu'elles sont minoritaires. Au début de ma carrière, alors que j'avais beaucoup moins de pouvoir sur ce que je créais, j'étais souvent interpellée par des clients qui qualifiaient d’“irréaliste” la diversité que je représentais dans mes illustrations. Aussi légitimes que soient les critiques autour du “Rainbow Capitalism” (<a href="https://journalmamater.fr/2022/03/24/we-need-to-talk-about-rainbow-capitalism/">ici</a>), il faut quand même rappeler que l'inclusivité est toujours considérée comme frivole et controversée&nbsp;dans une grande partie du monde du marketing. Les personnes queer n'ont pas eu beaucoup de visibilité historiquement, et bien que la représentation ne soit qu'une petite pierre dans la lutte pour la libération et l'équité intersectionnelles, c'est la partie sur laquelle j'ai un certain pouvoir en tant qu’artiste. L'illustration commerciale est mon travail à temps plein et désormais, je suis souvent sollicitée pour ces thématiques que je défends. »<figure class="image"><img src="/uploads/Sofie_Birkin_5_2871b0c242.jpg"></figure>Sofie Birkin : « Il est important qu'illustrateurs et designers tiennent compte de l'inclusion de toutes les personnes, que nous soyons en relation avec elles ou non, mais il est encore plus important pour l'industrie elle-même de considérer véritablement les illustrateurs qu'ils embauchent pour un projet. En tant que personne queer, ces personnes sont celles qui m’entourent tous les jours. C’est ma communauté et ce depuis plus d’une dizaine d’années. Même si je travaille d’autres thématiques, je donnerais toujours cette priorité à l’inclusion LGBTQ+, tout simplement parce que c’est la réalité de ma vie. Pouvoir représenter votre propre communauté avec un amour et une compréhension authentique est la meilleure façon d’atteindre l’intégrité dans votre pratique. »<figure class="image image_resized" style="width:75%;"><img src="/uploads/Sofie_Birkin_6_c7011e59af.jpg"></figure>Pour elle, l’illustration est aussi une arme efficace pour parler en douceur de la sexualité…<figure class="image image_resized" style="width:50%;"><a href="https://thefeministbookshop.com/products/sex-ed-a-guide-for-adults"><img src="/uploads/Sofie_Birkin_2_bfde031d36.jpg"></a></figure>Sofie Birkin : « Le sexe fait partie intégrante de la vie, nous ne rendons service à personne en refusant d'en parler. Le sexe doit être joyeux, gratifiant et évidemment “safe”, et nous ne pouvons y arriver qu'en étant éduqués et à l'aise avec le sujet. Les représentations artistiques du sexe et de l'érotisme sont souvent très partielles, biaisées. En grandissant, on se sent vite aliéné, honteux, pas sexy ou au contraire hyper-sexualisé, avec les&nbsp;médias qui établissent une vision très étroite de ce que devrait être le sexe&nbsp;et de qui devrait y avoir droit. Je veux vraiment renforcer l'idée que nous méritons tous d'embrasser notre sensualité, peu importe à quoi elle ressemble. »<figure class="image image_resized" style="width:75%;"><img src="/uploads/Sofie_Birkin_4_0858c3ccc1.jpg"></figure>Sofie Birkin : « J'ai définitivement une imagination débordante, ce qui me permet de toujours trouver l’inspiration, et j'ai toujours aimé développer des personnages dans ma tête. Mais j'ai aussi une vie bien remplie, entourée de personnes inspirantes, qui, bien sûr, surgissent de temps en temps dans mes illustrations, que ce soit pour un portrait très littéral ou une expression, un style que j’incorpore à un dessin.&nbsp;»&nbsp;<figure class="image image_resized" style="width:75%;"><img src="/uploads/Sofie_Birkin_13_946c3fb40e.jpg"></figure>Sofie Birkin : « Pour ce qui est de mon style en tant que tel, je crois qu’il est né de l’influence de mes parents, qui sont très tournés vers le design, et ont vraiment un langage visuel bien à eux, entre simplicité et éléments pop-art. Ce qui donne par exemple un vase géant en chinoiserie avec de fausses roses surdimensionnées, le tout présenté devant un mur blanc clairsemé. Ou un miroir encadré de dorures sur une chaise moderne milieu XIXe. J’ai grandi avec tout ça. Combiné au fait d’avoir travaillé pour une agence de graphisme pendant quatre ans, cela m’a vraiment donné le goût des détails, de la composition et des couleurs pour transmettre un message. Mon inspiration visuelle vient d'éléments très variés : le fauvisme, les photographies de mode contemporaine, les éléments de l’Americana&nbsp;sur le bord de la route, les Marginalias de l’art médiéval, tout ce qui touche au sensible. »<figure class="image"><img src="/uploads/Sofie_Birkin_14_19c95fdd85.jpg"><figcaption>Installation "Daydreamers"</figcaption></figure>Sofie Birkin : « "Daydreamers" est un collage-installation richement détaillé de personnages imposants plongés dans leurs rêves et leurs fantasmes, qui souligne l'importance de nourrir l'imagination. L'échelle gigantesque de l'œuvre oblige les visiteurs à se confronter à des images de femmes et de personnes au genre expansif, qui possèdent leur propre monde intérieur et ne sont pas créées comme des objets de beauté destinés à la consommation. C'est une tapisserie d'identité et d'expérience, combinée à l'immersion sensorielle, qui vise à créer un espace d'autonomisation où les personnes historiquement marginalisées par le canon occidental peuvent se sentir fières, représentées et chéries. »<figure class="image image_resized" style="width:75%;"><img src="/uploads/Sofie_Birkin_15_b4482c04a6.jpg"><figcaption>Installation "Daydreamers"</figcaption></figure>Sofie Birkin : « Mon concept s'est nourri d'expériences personnelles qui m'ont motivée tout au long de la production. Mes amitiés, en particulier avec les femmes, sont l'une des forces les plus importantes de ma vie. Lorsque j'étais à peine plus qu'une enfant, j'ai vécu une relation très violente avec un homme qui m'a isolée de mes amis. Pour faire face à cette situation, je me perdais dans des rêves d'un groupe de femmes courageuses et gentilles qui viendraient me sauver, et j'ai fini par les trouver - les meilleures amies que j'ai jamais eues, qui m'ont donné le courage et le soutien dont j'avais besoin pour partir. Cette chambre est pour Camilla, Jasmine et Nayab, pour mes vieux rêves éveillés, et un testament à la résilience pour laquelle je me suis battue.&nbsp;»<figure class="image image_resized" style="width:75%;"><img src="/uploads/Sofie_Birkin_1_60590f9baa.jpg"><figcaption>Sofie Birkin dans l'Installation "Daydreamers"</figcaption></figure>Sofie Birkin : « En ce qui concerne l’aspect technique de mon travail, j'utilisais jusqu’à récemment une tablette Wacom, mais ces jours-ci, je suis connectée en permanence à mon iPad - j'utilise principalement Procreate et Adobe Fresco. Je suis également muraliste (avec de la bonne peinture à l'ancienne) et j'aime aussi beaucoup créer de l'art textile. »<figure class="image"><img src="/uploads/Sofie_Birkin_11_9e090d4495.jpg"></figure><figure class="image"><img src="/uploads/Sofie_Birkin_7_f5a60e6080.jpg"></figure>Sofie Birkin : « Je suis totalement amoureuse du travail de <a href="https://www.instagram.com/liza_lou_studio/?hl=fr">l’artiste</a> Liza Lou, qui crée de grandes sculptures en perles sur le thème du travail domestique, de l'artisanat genré et de la communauté. Son <a href="https://www.vogue.fr/culture/article/cuisine-en-perles-artiste-liza-lou-new-york">œuvre de 1996&nbsp;</a>“Kitchen“ est une cuisine grandeur nature entièrement perlée, qu'elle décrit comme « un monument aux femmes ». J'encourage vraiment tous ceux qui lisent cet article à aller la découvrir ! Dans ma pratique personnelle, ce sont exactement les thèmes que j'aimerais explorer - je crée d’ailleurs actuellement une série de tapisseries en tissu explorant ce chevauchement entre le travail domestique et la féminité, l'Americana et l'artifice. »<figure class="image image_resized" style="width:75%;"><img src="/uploads/Liza_Lou_dad9c34c32.jpg"><figcaption>Liza Lou - Fire, 2002</figcaption></figure>Pour prolonger le sujet, en cette période de rentrée littéraire, je vous conseille de foncer découvrir Laisse tomber la nuit, le premier roman lumineux d’Agnès Mascarou, jeune autrice de 29 ans qui explore le monde du Drag parisien, dans une quête poétique de liberté et d’émancipation des genres établis.

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queer power

Volker Hermes

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Lorsque le virus a débarqué et que tout le monde a brusquement dû se masquer, ses détournements de peintures à l'huile historiques ont fait mouche en devenant internationalement viraux.. Des visages de la grande bourgeoisie de la Renaissance masqués par Volker Hermes, voilà qui symbolise parfaitement, et de manière presque psychique, la période Corona. En rentrant en collision de façon amusante avec la réalité extérieure, ils sont restés intimement liés dans nos mémoires à cette période étrange. Si l'on google Volker Hermes, on a vite le sentiment que le monde entier a parlé de lui et de ses masqués à l’air coquin. Leur élégance mystérieuse donne l’impression de les voir sortir de quelque soirée libertine sulfureuse où l’incognito serait de mise.&nbsp;<figure class="image"><img src="/uploads/Volker_Hermes_5_e42cd2fad5.jpg"></figure>Fin connaisseur de l’histoire de l’art et peintre lui-même, il arrive par les commentaires accompagnant ses posts à nous captiver. Et comme de surcroit ses retouches sont irréprochables, le succès n’a pas tardé dans ce contexte propice.&nbsp; Il compte aujourd'hui près de 100 K d’abonnés sur Instagram, la plateforme sur laquelle tout a commencé.<figure class="image image_resized" style="width:75%;"><img src="/uploads/Volker_Hermes_8_8ef63409a8.jpg"></figure>Il a une franche inclinaison pour des tableaux de la Renaissance, de l'époque baroque&nbsp;ou de l'époque Biedermeier. Ces représentations, souvent des commandes rémunérées nécessitant des fonds, montrent toutes des membres de "l'élite" et non le "petit peuple". Fleurs, robes et coiffures - chaque petit détail a une signification hautement symbolique et sert un but clair : la représentation du rang. Volker Hermes s'y confronte et déplace subrepticement le contexte des symboles du pouvoir : «&nbsp;J'ai la chance de soulever une nouvelle pensée avec une vieille œuvre d'art.&nbsp;»<figure class="image image_resized" style="width:75%;"><img src="/uploads/Volker_Hermes_7_593d9a6236.jpg"></figure>Il analyse son geste comme un hommage à ces artistes des époques passées : Il leur est fidèle, à tel point que ces interprétations ressemblent à première vue à de véritables tableaux. Il y parvient parce que toutes les formes, les couleurs et la matière même des coups de pinceau proviennent de l'image. Il n'ajoute rien d’étranger ou de nouveau, cela lui semblerait sacrilège. Il se contente donc de dupliquer, avec une sacrée maitrise, ce qui existe déjà et de l'insérer ailleurs. L'aura des images est ainsi préservée et elles deviennent une deuxième version, contemporaine et cocasse. Pour des expositions, elles sont délibérément imprimées sur du papier lisse, et plus petites que les originaux. «&nbsp;Les Hidden Portraits sont une vision contemporaine de l'histoire de l'art, des peintures en tant que partie de la représentation. Je cache l'individualité derrière les magnifiques surfaces (de tissu) et j'essaie d'intégrer dans ces peintures historiques un discours actuel sur les codes vestimentaires et sociaux.&nbsp;»<figure class="image image_resized" style="width:75%;"><img src="/uploads/Volker_Hermes_10_966cc01a75.jpg"><figcaption>Hidden Stuart II, Photocollage 2022</figcaption></figure>Volker Hermes&nbsp;(à propos du portrait ci-dessus) &nbsp;: «&nbsp;Ne vous frottez pas à Mme Elizabeth Beltzhoover Mason&nbsp;!&nbsp;😝😂 Ce merveilleux portrait, réalisé à l'origine par Gilbert Stuart, respire la confiance, la fierté et, oui, la touche d'arrogance d'une dame de la haute société&nbsp;qui pouvait se permettre de commander son portrait. Et Stuart lui a fait la faveur de la peindre devant une colonne majestueuse, avec des draperies luxuriantes. Vous savez, chaque fois qu'il y a de grandes colonnes en arrière-plan, c'est un signe d'attention : voici quelque chose d'important. En plus, elle lève le menton très haut, ce qui lui donne cette posture de confiance. C'était en fait le point de départ de la création de ce masque de super-héros très nacré et personnalisé, réalisé à partir de sa robe délicate (regardez la robe et vous saurez que les perles ne pouvaient pas manquer). Son écharpe est maintenant une cape implicite et nous pouvons imaginer la super-héroïne Beltzhoover Mason survolant sa propriété pour sauver des moutons en détresse&nbsp;😉 Ai-je mentionné que j'adore l'histoire de l'art ?&nbsp;»<figure class="image image_resized" style="width:50%;"><img src="/uploads/Volker_Hermes_9_bc997c7544.jpg"></figure><figure class="image image_resized" style="width:75%;"><img src="/uploads/Volker_Hermes_12_ce3f88963d.jpg"><figcaption>Hidden De Bray, Photocollage&nbsp;2022</figcaption></figure>Volker Hermes&nbsp;(à propos du portrait ci-dessus) : «&nbsp;Parfois, je vois des portraits qui me touchent beaucoup et je ne sais pas si c'est à cause de mon humeur du moment ou si cela m'arriverait aussi à d'autres moments. C'est probablement ce qui fait l'intérêt de regarder de l'art, le fait que l'état d'esprit de chacun fait toujours partie de la perception. Ici, j'ai vu le geste de son bras tendu, qui est peut-être simplement destiné à présenter son alliance. Mais j'ai trouvé ce geste si incroyablement vulnérable… D'une certaine manière, il est très ouvert, mais il est aussi dangereusement exposé. D'autant plus qu'elle est enveloppée si étroitement dans son étole au même moment. C'est pourquoi mes rubans s'enroulent autour de son corps (en reprenant la forme du ruban contrastant original) et finissent sur sa main, comme un bandage. Pour la protéger. De plus, je mets l'accent sur l'enveloppement dans ces tissus précieux. D'ailleurs je voulais garder ses adorables petites boucles, je les ai même reflétées sur les rubans bleus. J'ai ainsi pu y accrocher les superbes boucles d'oreilles, qui auraient autrement été perdues à cause de mon voile. Je suppose qu'elle aurait apprécié cela&nbsp;😉 »<figure class="image image_resized" style="width:50%;"><img src="/uploads/Volker_Hermes_11_8d33e506c5.jpg"></figure><figure class="image image_resized" style="width:75%;"><img src="/uploads/Volker_Hermes_3_ad7385ca9b.jpg"><figcaption>Hidden Liotard VIII, Photocollage 2022</figcaption></figure>Volker Hermes&nbsp;(à propos du portrait ci-dessus) : «&nbsp;Il parait que les contenus avec des chats aident sur les médias sociaux ? N'en dites pas plus ! Hahaha&nbsp;😹 Je voudrais dire quelque chose sur mon processus. Après lui avoir ajouté ces fabuleuses oreilles de chat, le travail semblait terminé, mais quelque chose clochait. Aucune idée de quoi, alors j'ai transporté ce travail sur mon téléphone pendant quelques jours et je l'ai regardé de temps en temps. Jusqu'à ce que je remarque que l'équilibre de l'œuvre originale était perturbé par ma modification. Le chapeau de chat avait besoin d'un contrepoids. Il m'a fallu un certain temps pour trouver une solution, mais j'ai alors prolongé le collier noir, dont les deux extrémités reflètent maintenant les deux oreilles, et grâce à leur noirceur prononcée, elles forment exactement ce contrepoids dont le portrait avait besoin. Vous voyez, ces peintures historiques sont magnifiquement équilibrées, si vous sentez que tout est "juste", c'est grâce aux formidables talents de composition des artistes. Et je dois utiliser toutes mes compétences pour modifier les tableaux d'un point de vue contemporain, mais avec une composition tout aussi équilibrée.&nbsp;»<figure class="image image_resized" style="width:50%;"><img src="/uploads/Volker_Hermes_2_b1962f2f2c.jpg"></figure><figure class="image"><img src="/uploads/Volker_Hermes_4_6bf9361c52.jpg"></figure>On peut encore avoir quelques réjouissants souvenirs de cette période pandémique, mais ils sont rares ! Dans ce contexte plombé, avoir vu débouler du fin fond de la Renaissance ces étranges masqués est un plaisir exquis.&nbsp; Et ce plaisir visuel continue, car il n'est probablement pas prêt de cesser d'en produire, ce cher Volker Hermes !

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portraits masqués

Diane Meyer 

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Grande nostalgique que je suis, je photographie compulsivement chaque moment pour me rappeler de tout, garder une trace, ne faisant pas confiance à ma mémoire faillible et limitée. Et comme Diane Meyer, j’ai déjà remarqué avec vertige ce phénomène étrange qui supplante dans mon esprit une photo à la place d’un visage cher, d’un souvenir marquant. J’essaie de retrouver, de faire revenir les images spontanées, imprimées dans ma rétine, vécues, mais rien à faire, c’est la photo que je vois. J’entends cette phrase de mon film culte, Les Parapluies de Cherbourg, « Quand je regarde cette photo, j’oublie jusqu’à son visage et quand je pense à lui c’est cette photo que je vois » et je plonge dans le travail de Diane Meyer, qui me semble alors très proche. Elle, la photographe de l’archive, de la mémoire. En ajoutant à des photographies ses pixels au point de croix devenus sa marque de fabrique, elle interroge les limites de notre cerveau humain qui transforme irrémédiablement les souvenirs, y ajoutant un voile de nostalgie, et le compare à ces nouvelles technologies implacables, capables, elles, d’emmagasiner sans limite. Comment Diane Meyer, d’abord simple photographe, en est-elle venue à broder sur ses images ? Elle nous l'explique.<figure class="image image_resized" style="width:75%;"><img src="/uploads/Diane_Meyer_Meyer_New_Jersey_I_Vb_cd509af727.jpg"><figcaption>Série "Time spent that might otherwise be forgotten".</figcaption></figure>Diane Meyer : « Ce n'est qu'en 2011 que j'ai commencé à incorporer la broderie dans mes photographies. Ma mère faisait beaucoup de broderies - surtout du point de croix - et je me souviens que, quand j'étais petite, elle me laissait veiller tard et regarder la télé avec elle le week-end, et nous cousions. C’est une activité que j’ai toujours aimé faire, et bien qu'il y ait eu quelques croisements par moments (je faisais parfois de petites pièces de point de croix assez étranges et humoristiques à l’université, et j'ai organisé une émission étudiante sur la couture), cela n'a jamais vraiment fait partie de ce que je considérais comme ma pratique principale, jusqu'à relativement récemment. Au départ, j'étais intéressée par la combinaison d'un processus analogique traditionnel avec le langage visuel de l'imagerie numérique. À une époque où les photos sont principalement visionnées sur des écrans, je voulais créer des œuvres tactiles. »<figure class="image"><img src="/uploads/Diane_Meyer_Checkpoint_Charlie_76e731e89e.jpg"><figcaption>Série Berlin - Checkpoint Charlie.</figcaption></figure>Son art se glisse dans cet interstice entre les souvenirs que l’on a et les moments effectivement capturés par l’image. C’est aussi la collision entre le monde numérique et le monde tangible de la broderie, la rencontre de deux mondes pour retrouver le concret. Diane Meyer : « Juste avant de commencer ce processus, j'avais travaillé sur un projet de portrait à grande échelle shooté sur pellicule et imprimé entièrement numériquement. Je me sentais un peu déconnectée du projet puisque tout le montage était basé sur l'écran. Je voulais travailler de manière plus tactile et revenir à la notion de la photographie en tant qu'objet unique, connectée au monde physique, en opposition à de simples pixels sur un écran qui peuvent être contrôlés, modifiés soigneusement. J'ai donc commencé à broder des photographies car je voulais mettre l'accent sur les interventions humaines dans un processus mécanique et numérique. Je pense qu'il est important pour le spectateur de voir non seulement l'image sur la surface du papier, mais aussi de réfléchir davantage à la structure et à la physicalité de la photographie en tant qu'objet. Une autre frustration que j'ai avec le domaine numérique est que tout peut être manipulé, pixel par pixel, laissant peu de place aux erreurs ou aux imprévus qui peuvent souvent conduire aux découvertes les plus passionnantes de l'art. »<figure class="image"><img src="/uploads/Diane_Meyer_New_Jersey_II_3a76dbc8ca.jpg"><figcaption>Série "Time spent that might otherwise be forgotten".</figcaption></figure>On plonge avec Diane Meyer dans sa série emblématique de son processus photo &amp; broderie, au nom poétique et évocateur “Time spent that might otherwise be forgotten"&nbsp;(Du temps passé qui pourrait autrement être oublié). Diane Meyer : « Cette série part de photographies de famille et d’instantanés de voyage pour créer une sorte d'archive. Je m'intéresse à la nature poreuse de la mémoire, et à la manière dont elle peut être perturbée et remplacée par des images, ainsi qu’à la manière par laquelle la photographie transforme l'histoire. J'étais également intéressée par la façon dont les albums de photos de famille (et maintenant les flux de médias sociaux) deviennent une version organisée de la vie d'une personne, qui diverge souvent radicalement de la réalité. Parce que nos souvenirs sont si étroitement liés aux photographies, j'ai commencé à réfléchir à la manière dont les photographies sont désormais principalement vécues à travers des écrans plutôt que des tirages physiques ou des albums de famille. Et comment, dans cette nouvelle ère numérique, les photos sont tellement plus abondantes mais aussi plus fragiles - sujettes à la corruption des fichiers, aux disques durs cassés, aux téléphones perdus, à l'incapacité de retrouver certaines images sur des ordinateurs remplis de millions de fichiers, d'images et de documents. »<figure class="image"><img src="/uploads/Diane_Meyer_New_Jersey_XIX_2_d987f80aa7.jpg"><figcaption>Série "Time spent that might otherwise be forgotten".</figcaption></figure>Diane Meyer : « Cette utilisation de la pixellisation au point de croix&nbsp;permet de créer un lien entre cette perte de mémoire et la corruption des fichiers numériques. Le projet a commencé en 2011, lorsque mon frère a eu une blessure à la tête qui a entraîné chez lui une perte de mémoire temporaire. Bien que sa mémoire n'ait pas été affectée de façon permanente, j'ai commencé à réfléchir à ce que ce serait si tout ce qu'il avait pour reconstituer le passé, c'était ces photographies de famille&nbsp;qui racontaient une histoire très différente de notre réalité vécue. »<figure class="image image_resized" style="width:75%;"><img src="/uploads/Diane_Meyer_New_Jersey_XII_60b4415699.jpg"><figcaption>Série "Time spent that might otherwise be forgotten".</figcaption></figure>Diane Meyer : « Aujourd’hui, les images sont prises en grande partie sur des téléphones portables et diffusées sur les réseaux sociaux. Elles sont rarement imprimées et n'existent donc généralement pas en tant qu'objets. Avec cette série, j’avais envie de revenir à une dimension de l'image moins jetable. Je questionne aussi la différence du rôle joué par la photographie&nbsp;dans la vie des gens selon les époques. En 2022, tout le monde a un appareil photo dans la poche, c’est gratuit, rapide, pratique. On peut prendre autant de photos qu’on le souhaite. Quand j’étais enfant, ma mère avait la même pellicule dans son appareil pendant au moins un an, ce qui donnait peut-être une vingtaine de photos par an. Cela change complètement notre rapport à l’image. À l’époque, il y avait forcément plus de lacunes entre ce que nous vivions et ce que nous photographions, aujourd’hui on prend des photos toutes les heures. »<figure class="image image_resized" style="width:75%;"><img src="/uploads/Diane_Meyer_Badlands_I_b3e58e9cbd.jpg"><figcaption>Série "Time spent that might otherwise be forgotten".</figcaption></figure>Finalement, en 2022, nous avons tous.tes des milliers d’images dans nos “camera roll“, mais à quel moment prenons-nous le temps de vraiment les revoir ? Elles semblent bien loin, ces soirées photos, en famille, moments suspendus à regarder projetées sur le mur des diapositives, parfois ratées, souvent mal cadrées, mais à la rareté émouvante. D'ailleurs on observe depuis peu un retour en force des Kodaks jetables, <a href="https://www.instagram.com/lenasdisposable/">l’influenceuse&nbsp;</a> Léna Situations en tête de file de ce retour au tangible, dont les photos imprimées sur papier sont toujours une surprise, le souvenir remémoré d’un moment oublié. Diane Meyer : « En ce qui concerne la broderie sur le visage des gens, je l’ai fait pour désorienter le spectateur. En effet, dans les photographies, les spectateurs ont tendance à regarder d'abord le visage de ceux qui sont présents dans le cadre. Brouiller leurs visages par la broderie permet d'accorder plus d'attention aux petits détails qui, autrement, auraient pu passer inaperçus. De plus, en dissimulant les visages des sujets, j'ai pensé que cela donnerait une dimension plus universelle&nbsp;à ce projet qui porte sur la mémoire et la manière dont les photographies remplacent nos souvenirs, ainsi que la différence entre ce qui est représenté dans un album photo de famille (qui devient un espace hautement organisé) et la réalité. »<figure class="image"><img src="/uploads/Diane_Meyer_Group_I_02ef3ea796.jpg"><figcaption>Série Reunion.</figcaption></figure>Une autre série de Diane Meyer nous intrigue aussi beaucoup : “Reunion”, des photos de classes un peu datées&nbsp;où se multiplient des visages d’enfants cachés volontairement par le point de croix, rendus ainsi anonymes et mystérieux.<figure class="image"><img src="/uploads/Diane_Meyer_Class_Three_Bogert_School_b290644135.jpg"><figcaption>Série Reunion.</figcaption></figure>Diane Meyer : « Ce projet, basé cette fois sur des photos de classe d'écoles primaires des années 1970, est toujours en cours et poursuit mon intérêt pour la relation entre la photographie et la mémoire. Dans ces photos de classe, les visages des élèves, qui seraient normalement les points centraux de l'image, sont masqués par une broderie conçue pour ressembler à des pixels numériques. En masquant les parties les plus importantes de l'image, des détails&nbsp;tels que le langage corporel sont mis en évidence. Ça m'intéresse d'explorer cela pour révéler comment, même à un très jeune âge, les enfants ont déjà appris à poser de manière particulière, souvent basée sur leur sexe. Je m'intéresse aussi à cette période parce qu’il s’agit de la dernière génération à avoir connu une enfance sans technologie digitale. Ces photos de classe ont été prises avant les téléphones et les appareils photo numériques, à une époque où se faire prendre en photo était encore une occasion formelle, où les participants étaient plus conscients de la photographie, quelque chose que l’on a perdu avec l’omniprésence du numérique. »&nbsp;<figure class="image"><img src="/uploads/Diane_Meyer_Class_One_4bb6458c5f.jpg"><figcaption>Série Reunion.</figcaption></figure>Diane Meyer : « Étant donné que cette série porte sur le côté conventionnel des photos de classe, je voulais aussi souligner à quel point elles sont toutes similaires, bien qu'elles proviennent de différentes régions des États-Unis et du monde. En masquant les visages, les scènes deviennent moins spécifiques. Quelqu'un m'a un jour contacté sur Instagram&nbsp;parce qu'il avait vu l'une des photos et était certain qu'il s'agissait d'une photo de sa classe de deuxième année. Cependant, il venait d'un endroit complètement différent de celui de la photo. »<figure class="image"><img src="/uploads/Diane_Meyer_Guard_Tower_Deutsche_Waldjugen_ac01506072.jpg"><figcaption>Série Berlin - Tour de garde Deutsche Waldjugen.</figcaption></figure>Diane Meyer : « Mon processus technique varie vraiment selon chaque série. Dans la série “Berlin”, l’effet pixelisé du point de croix permet de recréer le mur de Berlin&nbsp;dans le paysage de manière translucide et offre au spectateur la possibilité de voir à travers le mur, une trace dans le paysage, quelque chose qui n’est plus là mais qui pèse toujours sur l’Histoire et la mémoire. J'ai pris des photos à l’argentique, avec un appareil moyen format. J’ai commencé par réaliser une quantité importante de recherches, sur le parcours précis du mur, notamment dans des zones peu mentionnées, en dehors du centre-ville. Après avoir terminé la pellicule et l'avoir traitée, il m'a fallu des mois pour éditer les images en une série cohérente. Il y a eu des moments où j'ai dû revenir en arrière et refaire une prise de vue après avoir développé l’image, parce que je l'avais réalisée sur la base des compositions pour la photographie, en oubliant que certaines des lignes directrices ou certains éléments formels seraient dissimulés ensuite par la broderie. J'ai donc appris qu'il me fallait composer les images différemment pour tenir compte de la couture. Une fois les images imprimées sur un papier Hahnemuhle épais, je commence le processus de couture. Je dois percer des trous dans le papier avant la broderie, afin que le papier ne se déchire pas, puis je travaille en essayant de faire correspondre les fils avec les couleurs de l'image. »<figure class="image"><img src="/uploads/Diane_Meyer_Bernauer_Strasse_II_6b760adf00.jpg"><figcaption>Série Berlin - Bernauer Strasse II.</figcaption></figure><figure class="image"><img src="/uploads/Diane_Meyer_Venice_I_d30359a7c9.jpg"><figcaption>Série Venise.</figcaption></figure>Diane Meyer : « Pour une série plus récente, basée sur la ville de Venise, avec la fabrication de dentelle vénitienne, le processus est similaire mais je shoote en numérique, ce qui me retire la partie numérisation et traitement de la pellicule, mais me donne encore plus d’images à parcourir et à modifier. Pour “Time spent that might otherwise be forgotten”,&nbsp;j’ai numérisé et retouché les vieilles photos de famille, que j’ai imprimées ensuite en 25% plus grandes que les originaux. Le plus grand défi de cette série était de retrouver ces photos de famille. »<figure class="image"><img src="/uploads/Diane_Meyer_San_Francisco_I_3d7171972a.jpg"><figcaption>Série "Time spent that might otherwise be forgotten".</figcaption></figure>Diane Meyer : « Mes œuvres sont toujours destinées à être vues dans leur réalité physique. J’encadre mes pièces avec du plexiglas au dos afin que, lorsqu’elles sont retirées du mur, les spectateurs puissent voir le labyrinthe de fils enchevêtrés au dos de l'impression, qui devient une forme de cartographie tangible. »<figure class="image"><img src="/uploads/Diane_Meyer_Former_Wall_Area_Landwehrkanal_b659e549ff.jpg"><figcaption>Série Berlin - Landwehrkanal.</figcaption></figure>Si ce sujet autour des photos de famille vous a plu, on vous conseille d’aller jeter un œil au travail de <a href="https://www.hyperbaudet.com/">la peintre</a> Marie Baudet. Avec ses pinceaux, elle nous fait revivre les années 80, le temps glorieux des VHS et des Renault 5, son enfance, la nôtre, par ces visages là aussi anonymes dans un univers à la saveur familière. Et pour découvrir les œuvres de Diane Meyer dans le monde concret, il faudra faire le détour par le Portugal, où sa série Berlin est exposée tout le mois de septembre à Braga, dans le cadre du <a href="https://encontrosdaimagem.com/2022/doro-zinn-2/">festival</a> Encontros da Imagem, dans le Theatro Circo.<figure class="image"><img src="/uploads/Diane_Meyer_House_Former_1e8b2a618b.jpg"><figcaption>Série Berlin - Maison.</figcaption></figure>

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La mémoire au point de croix

Mika Sperling

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<figure class="image"><img src="/uploads/Mika_Sperling_12_d1e6226e3a.jpg"></figure>Un jour de 2019, Mika Sperling voit sa petite fille Robin assise sur les genoux de son beau-père. Cette image heureuse déverrouille et libère d’un coup son propre passé enfoui&nbsp;profondément, quand elle rendait visite à son grand-père. Mika Sperling a perdu son père quand elle était très jeune, son grand-père a comblé ce vide en lui consacrant beaucoup de temps, il lui a aussi appris les échecs. Position privilégiée pour perpétrer des abus pendant des années. Partagée entre amour et haine de son grand-père, la petite Mika n’ose en parler à personne. Plus grande, elle arrive cependant à refuser tout contact avec lui. Photographe amateur, il maintient un lien en lui envoyant des tirages de clichés qu’il a pris d’elle. Ces images ne rejoindront jamais son album familial, elle les enfouit dans une boite à chaussures. &nbsp;&nbsp;<figure class="image"><img src="/uploads/Mika_Sperling_14_e56d122cf3.jpg"></figure>L’exposition arlésienne «&nbsp;Je n’ai rien fait de mal&nbsp;» est composée de trois parties assez distinctes.&nbsp; D’abord, des photos de famille desquelles Mika Sperling a découpé la silhouette néfaste de son grand-père. Après l’épisode déclencheur, Mika a remis au jour ces clichés en 2020 et a commencé à en faire des collages, en réduisant son grand père à une silhouette de couleur vive. Comme pour en souligner la présence invasive. Elle utilisé sept couleurs pour matérialiser les sept filles à avoir été abusées par ce prédateur. Parfois, les photos sont même complètement retournées, pour en cacher l’inceste que les familles préfèrent souvent ne pas voir ou révéler. Des descriptions précises accompagnent les images pointant une réalité insupportable. « Il est assis dans son fauteuil et porte deux filles sur ses genoux. Je suis l’une d’entre elles. Sa main droite est posée sur ma hanche, sa main gauche sur la poitrine de l’autre fille. Nous portons toutes les deux […] des shorts moulants. Je croise mes mains sur mes cuisses. » Des dessins d’enfants avec ce grand-père présent ou effacé accompagnent les collages, rappelant combien les proies étaient jeunes.&nbsp;<figure class="image"><img src="/uploads/Mika_Sperling_6_8b84456485.jpg"></figure>Ensuite, au milieu de l’exposition, est installé un échiquier figé en cours de partie, figurant ces moments d’intimité empoisonnés. Sur l’échiquier est accroché un dialogue fictif entre Mika et son grand-père aujourd’hui décédé dans lequel elle l’interroge frontalement comme elle aurait aimé pouvoir le faire.&nbsp;<figure class="image"><img src="/uploads/Mika_Sperling_3_ad4929f891.jpg"></figure>Pour finir, des grand tirages de photos que Mika a faites sur le chemin entre sa maison d’enfance et l’habitation du grand-père, jamais dénoncé, avec la présence de Robin, sa fille de 3 ans. Elle photographie sa petite main dans cette ultime photo qui s’intitule « Avec toi, à 55 mètres »&nbsp;soit la distance à laquelle est arrivée Mika Sperling dans cette tentative pourtant courageuse de se réconcilier avec son passé. Dans son travail photographique personnel, Mika Sperling utilise surtout la matière de son propre vécu familial&nbsp;; ses origines russes, la perte de son père, les incessants déménagements de toute la famille et ici, cet épisode traumatique de son enfance.&nbsp; Elle a répondu avec gentillesse a quelques-unes de nos questions.<figure class="image image_resized" style="width:75%;"><img src="/uploads/Mika_Sperling_17_9a51a4c90e.jpg"><figcaption>Avec toi, à 55 mètres, 2021.</figcaption></figure>Mika Sperling&nbsp;: «&nbsp;L'idée du projet est née bien avant que je ne la considère comme un projet. Le traumatisme a été déclenché par la naissance de mon enfant et sa fréquentation de son grand-père qui me mettait mal à l'aise. J'ai dû franchir plusieurs frontières intérieures et surmonter des tonnes de peurs et de honte avant de me permettre d'aller de l'avant, sans parler de le rendre public. En fin de compte, c'était un besoin intérieur de justice, pour mon propre bien et pour sauver en quelque sorte l'enfant que j'étais lorsque les abus ont eu lieu. Je l'ai fait pour moi car cela fait partie de ma biographie et je voulais au moins me réapproprier mon histoire&nbsp;».&nbsp;<figure class="image"><img src="/uploads/Mika_Sperling_13_2fca96a2a3.jpg"></figure>Mika Sperling&nbsp;: «&nbsp;C'était très thérapeutique. Je n'avais pas prévu qu'il en soit ainsi, mais c'est arrivé. Parfois, les choses empiraient avant de s'améliorer à nouveau, si bien que pendant le processus, je ne savais pas toujours si ce que je faisais me faisait du mal ou m'aidait&nbsp;».<figure class="image"><img src="/uploads/Mika_Sperling_19_15cbbe1894.jpg"><figcaption>Des découpages de mon grand-père que je ne veux pas regarder.</figcaption></figure>Mika Sperling&nbsp;: «&nbsp;Concernant la forme, j'ai essayé des tonnes de choses, différents médiums, la performance vidéo, les collages, les dessins, les enregistrements sonores, l'écriture, la poésie, la photographie... À la fin, je suivais mon instinct pour savoir quels travaux valaient la peine d'être poursuivis, je demandais l'avis de mes amis et collègues... Au début, je ne faisais pas confiance à l'écriture, jusqu'à ce qu'une nuit, j'écrive tout le dialogue fictif entre mon grand-père et moi et que la "pièce" avec un échiquier apparaisse. À partir de là, je l'ai remplie avec d'autres "preuves", pour donner au spectateur juste assez d'indices pour qu'il découvre lui-même l'horrible crime&nbsp;».&nbsp;<figure class="image"><img src="/uploads/Mika_Sperling_8_e3fc70037d.jpg"></figure>Mika Sperling&nbsp;: «&nbsp;Je veux exprimer la souffrance qu'un enfant endure lorsqu'une personne de confiance abuse de lui. La force qu'il faut pour parler, la honte et de la peur que l'on ressent souvent à cause du reste de la famille. Je ne voulais plus que cela repose sur mes épaules&nbsp;».&nbsp;<figure class="image image_resized" style="width:75%;"><img src="/uploads/Mika_Sperling20_cfc3bb56b3.jpg"><figcaption>Mon grand-père sur sa terrasse. 1994.</figcaption></figure>Mika Sperling&nbsp;: «&nbsp;J'ai prévenu toutes les autres survivantes pour les assurer que je ne les nommerais pas et que je ne montrerais pas leurs visages. Six ont accepté de faire partie de l'exposition en tant que couleur que j'utilise dans les collages. Je suis violette claire. La plupart d'entre elles m'ont soutenu dans ma démarche ou n'ont pas réagi du tout. Il y a eu quelques voix dans ma famille qui s'inquiétaient des rumeurs et du retour de bâton pour nos enfants et les générations futures.&nbsp;»&nbsp;<figure class="image"><img src="/uploads/Mika_Sperling_11_14aafc8db9.jpg"></figure>Mika Sperling&nbsp;: «&nbsp;À 23 ans, j'ai été inspirée par une femme photographe venue donner un cours à notre faculté. J'ai décidé de me rendre dans mon pays natal, la Russie, pour la première fois, avec un appareil photo et d'explorer mes racines à travers lui. C'était un outil qui me donnait accès à différents foyers. Je ne pense pas que j'étais consciente de ce que je cherchais vraiment ou de la raison pour laquelle j'avais choisi la photographie en premier lieu. Depuis mon enfance, je n'avais vu que des photos en noir et blanc de la Russie et de la vie de ma famille avant que nous n'émigrions en Allemagne. D'une certaine manière, je pense que je voulais créer des images colorées de la Russie actuelle, pour la rendre réelle à mes yeux&nbsp;».&nbsp; C'est un moment tendre et terrible que l'on passe dans ce bout d'histoire personnelle raconté à Arles par Mika Sperling. En mélangeant ainsi les formes, elle a pu nous permettre de l’appréhender malgré sa monstruosité et va sans doute nous rester en mémoire longtemps.<figure class="image image_resized" style="width:75%;"><img src="/uploads/Mika_Sperling_21_eabb975dcb.jpg"><figcaption>Je déteste les roses, à 11 mètres, 2020.</figcaption></figure>

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grand-père et moi

Suzanna Scott

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Dans Coin Cunts, chaque porte-monnaie, comme chaque vulve et chaque corps, est différent, unique, beau. Il y a en a de toutes les couleurs et de toutes les formes. C’est une célébration quasi surréaliste de la diversité féminine. Un objet du quotidien, qu’on ne prend même plus la peine de regarder, devient par l’imagination de Suzanna Scott un outil fort pour prendre le pouvoir, interpeller sur le genre, l’égalité des sexes. Tout ça simplement en le retournant et avec un peu de coutures. Ça nous rappelle le slogan lancé par Aimee, l’un de nos personnages préférés dans l’indispensable série Sex Education, <a href="https://www.toutes-les-vulves-sont-belles.com/?redirect=off">All vulvas are beautiful</a>. Si vous ne l’avez pas encore vue, foncez ! C’est un petit bonbon sur le sujet de l’acceptation de soi et de la différence. Les vulves de Suzanna Scott, c’est l’empowerment féminin par l’art, essentiel dans ces temps troublés pour les droits des femmes et des minorités raciales.<figure class="image"><img src="/uploads/Coin_Cunts_Suzanne_Scott_9_7f095726f7.jpg"></figure>Ce choix des sacs et des porte-monnaies est plein de symboles, c’est l’indépendance et la liberté financière des femmes, durement acquises. Mais aussi ce corps des femmes et des personnes à vulves aujourd’hui encore enjeu de pouvoir et de conflit, soumis à des injonctions toujours plus nombreuses. C’est notre corps de femmes et les représentations faussées&nbsp;qu’on s’en fait, nos regards, sur nous-mêmes et sur l’autre, déformés par un idéal toujours plus lisse exposé dans les magazines. L'influenceuse Maéva Ghennam qui promouvait sur ces réseaux il y a quelques mois le rajeunissement vaginal&nbsp;pour retrouver, et on la cite, « un vagin comme si j’avais 12 ans », ferait bien de regarder d’un peu plus près les vulves de Suzanna. Coin Cunts, c’est aussi, mettre enfin le sexe féminin au premier plan, lui dont on a si peu parlé, dont on nous a appris à avoir honte, et qui n’a été représenté dans sa globalité, clitoris inclus, qu’en 2017 dans les manuels de SVT !&nbsp; On a échangé avec Suzanna Scott sur ce projet, loufoque en apparence, engagé en profondeur.<figure class="image image_resized" style="width:75%;"><img src="/uploads/Coin_Cunts_Suzanne_Scott_6_d940069bfa.jpg"></figure>Suzanna Scott :&nbsp;« Lorsque j'ai commencé mon projet Coin Cunts, au début de l’année 2015, il y avait des rumeurs selon lesquelles une femme&nbsp;aller se présenter à la Présidentielle, ici, aux États-Unis. Je cherchais un objet&nbsp;qui serait alors à l'intersection des thématiques des femmes, de l'argent et du pouvoir. Il y avait de vieux sacs à main à fermeture à baiser qui traînaient dans le studio. Un jour, je m’amusais avec, et le tour était joué !… Une vulve ! Aujourd’hui, nous avons la première femme vice-présidente en fonction de notre Histoire. »<figure class="image"><img src="/uploads/Coin_Cunts_Suzanne_Scott_2_50360d65c5.jpg"></figure>Suzanna Scott : « Pour réaliser cette série, j’ai cherché des petits sacs à main partout, dans les friperies, sur Etsy … Il y a quelques mois, je suis tombée sur un tas d’une douzaine d’un seul coup, dans un magasin local d’antiquités. Bien sûr, je les ai tous achetés ! Je deviens aujourd’hui un peu plus pointilleuse quant aux sacs à main que j’ajoute à la collection. Ils doivent tous avoir ce cadre de verrouillage à charnières qui me permet de les ouvrir à l’envers. La première chose que je recherche dans ces sacs, c’est une couleur de doublure intéressante. Certaines couleurs comme le violet sont difficiles à trouver, alors si j’en croise, je les prends tout de suite ! La doublure en tissu doit aussi être suffisamment malléable pour être cousue en place. Je rejette de nombreux sacs à main qui sont faits dans des cuirs trop rigides. »<figure class="image image_resized" style="width:75%;"><img src="/uploads/Coin_Cunts_Suzanne_Scott_15_bb18acc1b7.jpg"></figure>Suzanna Scott : « Ce projet est toujours en cours. En fait, depuis 2015, la collection ne fait que s’agrandir. J’ai des ensembles plus petits qui peuvent voyager, pour une exposition par exemple. Et je vends certains exemplaires des sacs, ainsi que des tirages de la série, pour permettre à la collection de continuer à se développer. »<figure class="image"><img src="/uploads/Coin_Cunts_Suzanne_Scott_20_d68580e36a.jpg"></figure>Suzanna Scott : «&nbsp;Je n’avais pas vraiment imaginé la manière dont ce projet allait être reçu. Cette idée de petits sacs-vulves, je la prenais un peu comme une blague au départ. Mais grâce à l'accessibilité des réseaux sociaux, ça a pris de l’ampleur et les sacs vivent maintenant leur vie propre. J'ai reçu en grande majorité des commentaires positifs sur la série, des femmes comme des hommes. J’avais imaginé différents titres pour ce projet. Je voulais d’abord l’appeler “Pursies”, mais j’aimais beaucoup l’allitération et le côté choc du titre “Coin Cunts” (“Chattes à monnaie“). C’est intéressant de noter combien de&nbsp;langues ont le même mot pour dire sac à main et vagin. L’objet de la série, comme le titre, font jouer le spectateur autour d’un double sens, d’un jeu de mots visuel. »<figure class="image image_resized" style="width:50%;"><img src="/uploads/Coin_Cunts_Suzanne_Scott_10_a0c835ac76.jpg"></figure>Suzanna Scott : «&nbsp;Depuis leur création, les Coin Cunts ont permis de donner une voix et de sensibiliser à de nombreuses causes cruciales dans le monde telles que la justice reproductive, l'exploitation sexuelle, les mutilations génitales féminines, les disparités raciales en matière de santé maternelle, les idéaux d'image corporelle complètement irréalistes et contre-nature, l’augmentation des labiaplasties (opération qui consiste à réduire les petites lèvres), et la liste ne cesse de s’allonger ! »<figure class="image"><img src="/uploads/Coin_Cunts_Suzanne_Scott17_7933d3a5d2.jpg"></figure>Suzanna Scott : «&nbsp;En exposant l'intérieur mystérieux d'un objet omniprésent dans notre quotidien, j'ai finalement découvert que chaque Coin Cunt&nbsp;est distinct, tout comme chaque humain est unique. Ces porte-monnaies transposés, renversés, taquinent notre imagination et défient nos associations visuelles, politiques, culturelles, autour des femmes, de l’argent et du pouvoir. J’aime aussi l’idée de m’intéresser au corps et ses représentations, à cet objet visible que nous projetons sur le monde et qui nous définit par le sexe, la race, l’âge. »<figure class="image"><img src="/uploads/Coin_Cunts_Suzanne_Scott_21_693eac00d0.jpg"></figure>Suzanna Scott : «&nbsp;L’éducation et la communication sont essentielles dans la lutte pour l’égalité des droits pour tous les humains, et je crois que l’art&nbsp;joue aussi un rôle crucial. L’art peut réaliser l'imaginaire, il élargit les possibles et permet une fenêtre de discussion sur certains problèmes de société. L’art peut être aussi être un moyen plus accessible pour sensibiliser à une cause, et peut également aider à financer ceux qui luttent pour plus de justice. » Comme pour ses “ Trumped Nuts“&nbsp;! (<a href="https://suzannascott.com/projects/trumped-nuts/view/2763870/0/2763879">ici</a>). Les Trumped Nuts sont des objets à porter qui dénoncent la bouffonnerie exhaustive de la politique américaine actuelle et l'influence négative qu'elle engendre dans le monde entier.<figure class="image image_resized" style="width:75%;"><img src="/uploads/Coin_Cunts_Suzanne_Scott_12_dca9ef4282.jpg"></figure>Suzanna Scott : « La situation des femmes est très compliquée&nbsp;en ce moment dans mon pays. Pendant la pandémie, ce sont les femmes et les personnes BIPOC (Noirs, autochtones, personnes de couleur) qui ont perdu le plus en termes économiques aux États-Unis. Les possibilités d’emploi pour ces minorités ne sont toujours pas revenues à la normale. Ce qui est le plus frappant en ce moment, ce sont les droits à la santé sexuelle et à la reproduction qui sont littéralement en train d’être massacrés dans bon nombre des nos États. Sans parler des dégâts infligés par le fléau religieux sur la réussite économique des femmes, encore aujourd'hui. Dans ce monde qui sonne comme une réalité parallèle, où l’on fait face à une résurgence des mouvements racistes et misogynes, mes Coin Cunts sont un symbole visuel d'autonomisation et d'égalité pour toutes les personnes ayant une vulve. Ils donnent une voix aux marginalisés. »<figure class="image"><img src="/uploads/Coin_Cunts_Suzanne_Scott_18_09e2d0914a.jpg"></figure>Suzanna Scott :&nbsp;« Il y a plusieurs artistes féminines qui m'ont définitivement inspirée par leur utilisation de “l'imagerie vulvique”. Notamment Hannah Wilke (<a href="http://www.hannahwilke.com/">ici</a>)&nbsp;qui a créé des formes répétitives de vulves à partir d'argile, de chewing-gum, de latex et même de peluches récupérées dans les sèche-linges. Il y a aussi Judy Chicago, avec le projet “The Dinner Party” (<a href="https://www.brooklynmuseum.org/exhibitions/dinner_party/">ici</a>) et l’imagerie qu’elle appelle du “noyau central”, présente sur chaque assiette. Elle voulait célébrer l’expérience féminine à travers l’Histoire,&nbsp;la revendiquer en créant&nbsp;un nouveau langage visuel. En ce qui concerne l'utilisation d'objets trouvés et la création de jeux de mots visuels, j'adore le travail casse-tête, mais pourtant étonnamment simple, de Meret Oppenheim, connue pour sa "Fur Teacup"(<a href="https://www.moma.org/collection/works/80997">ici</a>).<figure class="image image_resized" style="width:75%;"><img src="/uploads/Coin_Cunts_Suzanne_Scott_16_b644afe7da.jpg"><figcaption>Meret Oppenheim - Object Paris, 1936.</figcaption></figure>

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toutes les vulves sont belles

Noah Kalina

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Jacob Bijani

Cette installation, qui permet à ces photogéniques gallinacés de se prendre en photo, a été créée par Jacob Bijani et Noah Kalina à la demande de Marcel le coq. Dans cette troupe d’ami.e.s, il &nbsp;y a en tout quatorze poules et deux coqs. Marcel le coq est un Sussex moucheté. Stompers, l’autre coq, est un Dark Brahma. Concernant les poules, il y a 5 Faverolles claires saumonées, 4 Brahmas foncées, 3 Wyandottes et 2 qui sont des mélanges de Faverolles claires saumonées et de Sussex tachetées. Ces poules et coqs sont libres&nbsp;de se promener partout sur la propriété de Noah Kalina. Ils/elles ont un poulailler fermé à clé pour dormir la nuit à l'abri des prédateurs.<figure class="image"><img src="/uploads/selfies_de_gallinaces16_4c946fa566.jpg"></figure>Nous connaissions déjà Noah Kalina comme un très grand spécialiste du selfie avec 7777, ce <a href="https://brainto.com/posts/7777-jours">projet</a> d’autoportraits sur 20 ans que nous avions déjà publié. Nous lui avons demandé comment était venue l’idée de cette basse-cour rendue visible <a href="https://chicken.photos/">en ligne</a>.&nbsp; Noah Kalina&nbsp;: «&nbsp;Mes amis Jacob Bijani et Ben Gold ont réalisé un projet <a href="https://bensdoor.com/">appelé</a> Ben’s Door (dans lequel un appareil photo prend des images par un œilleton de l’appartement de Ben et les met en ligne de façon automatisée). J'ai adoré le concept&nbsp;et j'ai contacté Jacob pour voir s'il pouvait en faire un, mais pour mes poulets. J'ai simplement pensé que ce serait un projet amusant sur lequel je pourrais peut-être écrire un bulletin d'information&nbsp;».<figure class="image"><img src="/uploads/selfies_de_gallinaces12_d55685c600.jpg"></figure>Voici la fiche technique gentiment mise à disposition : le système se compose d'un Canon 7D (<a href="https://www.canon.fr/for_home/product_finder/cameras/digital_slr/eos_7d_mark_ii/">ici</a>), d'un <a href="https://www.fnac.com/mp43425950/Neewer-TT560-Flash-pour-Canon-Nikon-Sony-Panasonic-Olympus-Fujifilm-Pentax-Sigma-Minolta-Leica-et-Les-Autres-SLR-DSLR-Cameras-SLR-Film-et-Appareil-Photo-Numerique-avec-Seul-Contact-Sabot/w-4?oref=bd0f5ee6-6ad2-6132-e0bd-08f2764a4b4f&amp;Origin=CMP_GOOGLE_MP_SONS&amp;esl-k=sem-google%7Cng%7Cc504437537889%7Cm%7Ckpla573385024538%7Cp%7Ct%7Cdc%7Ca120693155684%7Cg12499686382&amp;gclid=CjwKCAjwwdWVBhA4EiwAjcYJEAk1GcVjNGssACgPTkGx7PmblVK6Jqgah84v4uQoav_O3O8XojaqTBoCRW0QAvD_BwE&amp;gclsrc=aw.ds">flash rapide</a>, d'un Raspberry Pi (<a href="https://www.raspberrypi.com/products/raspberry-pi-4-model-b/">ici</a>) et d'un <a href="https://www.amazon.com/gp/product/B07X5H77T7?&amp;linkCode=ll1&amp;tag=chickencam-20&amp;linkId=57f859ecfe8c3e6955c8b64b5894fcad&amp;language=en_US&amp;ref_=as_li_ss_tl">détecteur</a> de mouvement à ultrasons. Pour ceux qui ne connaissant pas&nbsp;: Le Raspberry Pi est un nano-ordinateur monocarte à processeur ARM de la taille d'une carte de crédit. ( Le Raspberry Pi fut créé afin de démocratiser l'accès aux ordinateurs et au digital making &nbsp;en raison du coût réduit du Raspberry Pi (25 $ au départ), mais aussi grâce aux logiciels libres. Le Raspberry Pi permet l'exécution de plusieurs variantes du système d'exploitation libre GNU/Linux et des logiciels compatibles. Ici, il <a href="https://circuitpython.org/">utilise</a> CircuitPython.<figure class="image"><img src="/uploads/selfies_de_gallinaces15_56a6634451.jpg"></figure>Noah &amp; Jacob&nbsp;: «&nbsp;Chaque fois qu'un poulet passe devant le détecteur de mouvement, le Pi prend une photo sur l'appareil photo, qui déclenche à son tour le flash rapide. Une fois la photo prise, le Raspberry Pi la télécharge depuis la carte SD de l'appareil photo et la transfère sur le <a href="https://chicken.photos">site web</a>. La photo est ensuite publiée sur Twitter et peut potentiellement devenir un NFT“. L'appareil a été conçu pour être déclenché par des poulets, mais d'autres animaux peuvent prendre leurs propres photos s'ils le souhaitent. Et c’est bien ce qui arrive, comme ça a l’air d’être un chouette coin chez Noah, il y a même des biches et des écureuils.<figure class="image"><img src="/uploads/selfies_de_gallinaces10_279016c78f.jpg"></figure>Comme vous allez le constater, l’installation est parfaitement sécurisée et protégée des prédateurs, dans la nature et sur la toile. Noah &amp; Jacob&nbsp;: “Nous utilisons OpenZeppelin Defender (<a href="https://www.openzeppelin.com/defender">ici</a>) pour monnayer automatiquement les photos au fur et à mesure de leurs publications. La collection est alimentée par un <a href="https://etherscan.io/address/0x5bf377ca07e6f6db4b2e927f78ecae89846af70a#code">contrat</a> ERC721, qui délègue l'autorité de « mint » &nbsp;à un <a href="https://docs.openzeppelin.com/defender/relay">relais</a> Defender (garantie de cybersécurité). Une fois les photos monnayées, le relais met le NFT en vente à l'aide du <a href="https://docs.zora.co/docs/smart-contracts/modules/Asks/zora-v3-asks-intro">module</a> Zora V3 Asks&nbsp;». Le terme anglophone « mint » signifie frapper en français. Dans le domaine de la cryptomonnaie, le mint représente un procédé visant&nbsp;à créer des NFT sur la technologie de la&nbsp;<a href="https://www.realite-virtuelle.com/blockchain-vr-ar-crypto-monnaies/">blockchain</a>. Tout comme la frappe de pièces de monnaie avant leur introduction sur le marché, les NFT constituent des jetons frappés à leur création. En frappant un NFT, ce dernier va faire partie de la blockchain pour toujours.<figure class="image"><img src="/uploads/selfies_de_gallinaces5_6baac2fad1.jpg"></figure>D’après les créateurs, il s’agit bien de véritables selfies de poules et poulets. Nous objecterons gentiment qu’ils et elles ne sont pas conscients de les faire et ne les contemplent pas longuement une fois faits. Noah &amp; Jacob&nbsp;: «&nbsp;Les poulets utilisent un dispositif d'entrée (le capteur de mouvement) pour invoquer une fonction informatique (la méthode de capture du Pi), qui déclenche une série d'événements aboutissant à la prise, au téléchargement et au partage de la photo. C'est la même chose que si un humain utilisait un dispositif d'entrée (appuyer sur un bouton) pour amorcer une fonction informatique (la méthode de publication sur Instagram), qui déclenche une série d'événements aboutissant à la prise, au téléchargement et au partage de la photo&nbsp;».<figure class="image"><img src="/uploads/selfies_de_gallinaces2_8537266e5b.jpg"></figure>Cette installation bucolique nous a semblé être également une critique amusante du fait qu’absolument tout est systématiquement converti en NFT. &nbsp; Noah Kalina&nbsp;: « Je pense que Marcel le coq voulait simplement prendre des photos de ses amis et les partager avec le monde entier, parce que cela rend les gens heureux. En ce qui concerne la composante NFT, nous nous sommes simplement dit qu'il serait intéressant de mettre en vente certaines de ces photos, et les NFT sont un excellent moyen de le faire. Il n'y a aucune moquerie ou critique&nbsp;». Et bien, non, pas du tout, &nbsp;ce n’était pas le but de départ.<figure class="image"><img src="/uploads/selfies_de_gallinaces19_6471937d50.jpg"></figure>Noah &amp; Jacob&nbsp;: «&nbsp;L'appareil ne prend des photos que lorsqu'un poulet passe devant lui, il est donc impossible de prévoir le nombre total de photos que prendront poules et poulets. Nous espérons qu’ils et elles seront capables de prendre au moins une photo par jour jusqu'à l'automne. La collection a une réserve totale non plafonnée, mais nous nous attendons à ce qu'il y ait environ 100 photos&nbsp;».<figure class="image"><img src="/uploads/selfies_de_gallinaces14_7413b80874.jpg"></figure>Toutes les photos seront publiées sur <a href="https://chicken.photos">ce site</a>, ainsi que sur le compte Twitter <a href="https://twitter.com/chickens">@chickens</a>&nbsp;. Toutes les photos publiées ne seront pas «&nbsp;mintées&nbsp;». Vous pouvez consulter <a href="https://zora.co/collections/0x5bf377cA07e6F6DB4b2E927f78eCAE89846AF70a">tous les NFT</a> sur Zora.Noah &amp; Jacob&nbsp;: «&nbsp;Les poules et poulets vivent à la campagne, n'aiment pas le capitalisme et ne comprennent pas vraiment le concept de "crypto". Par conséquent, un fois par jour, ils et elles «&nbsp;minterons&nbsp;» des photos sélectionnées comme NFT à des moments totalement aléatoires et imprévisibles. Créez une alerte Twitter pour être le premier à être informé des nouveaux téléchargements en NFT“.<figure class="image image_resized" style="width:75%;"><img src="/uploads/selfies_de_gallinaces21_73b3f14fb4.jpg"></figure><figure class="image"><img src="/uploads/selfies_de_gallinaces11_7bd0d434d6.jpg"></figure>Cette joyeuse troupe de Brahmas, Faverolles, Wyandottes, Sussex, est diablement photogénique et ne semble aucunement perturbée de cette exposition de leur vie privée, alors ne boudons pas notre plaisir et admirons-les régulièrement.&nbsp; Merci Marcel&nbsp;le coq!<figure class="image"><img src="/uploads/selfies_de_gallinaces17_0c7a62b4b0.jpg"></figure>

Catou Lairet