Rien n’est permanent, tout ce qui vous entoure, tout ce que vous voyez, se détruira et finira en décrépitude un jour proche ou lointain. "Impermanence" donc, c’est en acceptant l’inéluctable que le photographe Seung Hwan Oh a eu l’idée de travailler la beauté de la détérioration et c’est le point de départ de cette superbe série de portraits
"J’ai découvert que les moisissures pouvaient ronger et détruire le contenu des pellicules mal entreposées, et alors je me suis rendu compte que je pouvais transmettre l’idée de fugacité de la matière en utilisant cette dégradation naturelle dans mon travail".

Il a soumis des photos prises par lui-même avec un moyen format Hasselblad 500 C/M à ce lent processus de dégradation sur des diapositives Fujichrome Provia 400X . "J’utilise des pellicules diapositives couleur moyen format pour voir plus distinctement les dommages sur la photo" 
Ensuite il suffit d’attendre très longtemps en entreposant les pellicules dans un milieu favorable à la propagation de bactéries. "Il est essentiel de maintenir la pellicule développée dans un milieu humide et assez chaud pour que les bactéries puissent se propager. Ensuite il suffit d’y jeter un coup d’œil de temps en temps".
Bien sûr, le résultat est forcément hasardeux et le rendement faible, mais il y a parfois une image miraculeusement réussie qui peut plaire à Seung Hwan Oh et à nous aussi du coup.
Son travail a été exposé un peu partout, à Séoul bien sûr, mais aussi à Paris, New York, Fukuoka, Beppu, Arles.

Dans le travail de Seung Hwan Oh, l'image est en fait attaquée, rongée à même la pellicule.  La poésie de ses images est dans l'incertitude, il ne maitrise pas la destruction qu'il a engendrée mais il reste le maitre du choix, le choix de stopper la destruction quand elle le satisfait. La poésie est aussi dans la vulnérabilité et la fragilité de ses portraits. 
Sur la quantité de photos prises au départ, très peu sont satisfaisantes aux yeux de Seung-Hwan Oh, et il n’a une petite série  de 15 images à ce jour, sur 5000 diapositives de départ environ, sa préférée est une des premières qu’il a découverte après 18 mois d’attente.