Anaïs Beaulieu

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Quand on survole rapidement le travail d'Anaïs Beaulieu, nous sommes d'emblée épatés par ses compétences tout terrain et toutes surfaces, car elle brode sur des matières à priori “non&nbsp;brodables” : sacs plastique, serpillières, carton. Il en résulte une surprenante richesse visuelle grâce à une habileté technique qui laisse songeur (en particulier les sacs plastique). Après un examen plus en profondeur de son travail, il ne s’agit pas pour elle de faire preuve de prouesse ou d’originalité. Ses motivations sont toutes autres. Si elle choisit telle ou telle matière, c’est plutôt pour sa valeur symbolique, et par là nous amener à ce&nbsp;qu’elle a à dire. Car son propos est bien de soulever des questions sur la société qui l’entoure. La broderie est son mégaphone efficace pour défendre son point de vue, et les textes accompagnant ses séries sont tout aussi importants. Voici la broderie qui veut aussi sauver le monde, voici une brodeuse de maintenant qui a emmené sa pratique loin de de celle de sa grand-mère. Elle a des choses à dire et elle nous raconte. &nbsp;&nbsp;<figure class="image"><img src="/uploads/Anais_Beaulieu_2_83fa80ddda.jpg"><figcaption>(F)utiles - Série de 15 broderies sur sac plastique.</figcaption></figure>Anaïs Beaulieu&nbsp;: «&nbsp;Lorsque je réalise de nouvelles pièces, j'ai souvent en tête cette phrase de Pascal Quignard : « Quand j'ai peur d'un rat, quand la vue d'un serpent me fait sursauter ou qu'elle me pétrifie, quand je mange de la chair morte d'une bête, quand je dors, de qui suis-je le contemporain ? » À travers mon travail, je tente de raconter le monde qui m'entoure. Pour cela, je récupère des matières ou des objets qui en sont l'emblème, puis je crée des points de convergences entre la matière et ce que je vais lui faire raconter par une technique ancestrale, la broderie. Le sens et la cohérence entre la matière et le sujet sont essentiels pour moi. Il m'est difficile de broder sans faire coïncider les deux. Les supports récupérés sont ancrés symboliquement dans le collectif et la broderie est un médium qui peut être très vite connoté selon la manière dont on s'en sert. Donc l'un doit s'imbriquer dans l'autre. Il ne s'agit pas de rester dans la tradition mais plutôt de la dépoussiérer, d'en faire autre chose. Ce qui signifie qu'il ne faut pas non plus rester dans ses archétypes mais y trouver un sens nouveau. À contrario, il existe un art dit “contemporain” souvent déconnecté du quotidien et du public. La broderie permet une forme d'accessibilité : elle est interculturelle et intergénérationnelle. Lors de vernissages, je peux être abordée par une mamie comme par un érudit d'art. Mais toujours par souci de cohérence, j'aime aussi aller à la rencontre d'un public différent, par le biais d'ateliers que je pratique dans des contextes très variés. La plupart du temps, personne ne me dit qu'il ne sait pas broder puisque tout le monde a vu une tante ou une grand-mère broder… »&nbsp;<figure class="image"><img src="/uploads/Anais_Beaulieu_10_0451af3ce7.jpg"><figcaption>Sans Titre (de séjour) – 2019 - Broderie sur serpillère. Reproduite en affiche de 8x3m dans le cadre du projet de street art «<a href="https://le-mur-st-etienne.tumblr.com/">Le M.U.R</a>» à Saint-Étienne (vous pouvez voir les images du collage&nbsp;<a href="https://anaisbeaulieu.com/le-collage-au-m-u-r/">ici</a>)</figcaption></figure>Anaïs Beaulieu&nbsp;: «&nbsp;En Europe, le cocotier est symbole de contrées lointaines et paradisiaques. La serpillère est souvent sale, puisqu’elle sert à nettoyer. Broder des cocotiers sur une serpillère parle d’un paradis évanescent, un paradis à nettoyer pour le retrouver. Associée au titre « Sans titre (de séjour) » cette œuvre peut aussi raconter d’autres histoires : un lieu, un départ, la nostalgie d’un pays qu’on ne reverra plus, un travail illégal ou dégradant mais nécessaire à la survie… C’est une pièce libre d’interprétation.&nbsp;»<figure class="image"><img src="/uploads/Anais_Beaulieu_9_c04e527f05.jpg"></figure>Anaïs Beaulieu&nbsp;: « L'aiguille date du paléolithique, l'être humain l'a créée pour assembler ou repriser. S’il est question pour moi de traduire le monde qui m'entoure, je n'ai pas la prétention de le repriser. Mais broder ses travers me permet de les digérer et de faire émerger une certaine beauté dans ce qui n'en a pas, comme si les deux étaient intrinsèquement liés. La plupart du temps, je brode des objets industriels produits en grande série. Les broder me permet de rendre unique le multiple. Par ce geste, je réinterroge leur valeur, leur mode de fabrication et leur temps de réalisation. Je leur offre une nouvelle histoire. À croire qu'il est aussi important dans mon travail de remettre en question ou tout du moins de montrer différemment, d'essayer de poser un regard poétique voir humoristique et ce, même sur ce qui semble être dépourvu de poésie ou d'humour.&nbsp;»&nbsp;<figure class="image"><img src="/uploads/Anais_Beaulieu_19_e470e19d99.jpg"><figcaption>(F)utiles - Série de 15 broderies sur sac plastique.</figcaption></figure>Anaïs Beaulieu&nbsp;: «&nbsp;L’idée de broder des sacs plastiques a germé dans un bus au Burkina Faso. Je voyais par la fenêtre des champs de sacs plastiques qui s’accrochaient à la végétation aride au point de la remplacer. Broder des végétaux sur ces sacs plastiques me semblait alors être une revanche. Les transpercer avec une aiguille procure toujours un peu de tension car le plastique peut se déchirer à n’importe quel moment. C’est un moyen de le rendre vulnérable, comme l’est l’espèce végétale brodée dessus. Il m'a fallu environ 900 heures pour réaliser les broderies de l’ensemble de cette série. Il suffit d’une demi-seconde pour jeter un sac plastique par terre qui mettra peut-être 400 ans à se dégrader. Combien de temps prend une espèce pour naitre et pour disparaître ? »<figure class="image image_resized" style="width:75%;"><img src="/uploads/Anais_Beaulieu_1_5dd43c2ad5.jpg"><figcaption>(F)utiles - Série de 15 broderies sur sac plastique.</figcaption></figure>Anaïs Beaulieu&nbsp;: «&nbsp;C’est ma grand-mère qui m’a appris à broder lorsque j’étais enfant. Ensuite, j’ai vite laissé tomber car c’était plutôt ringard de broder quand j’étais ado. J’ai fait une école d’art puis j’ai travaillé dans l’édition. Je travaillais beaucoup. C'est à la suite d’un voyage au Burkina Faso que j’ai recommencé à broder. Cela me permettait de retrouver mon propre rythme le soir quand je rentrais du boulot, car il y a quelque chose de méditatif dans la broderie. Le fait de broder des éléments comme un escalator ou une plateforme pétrolière en petit sur un mouchoir me permettait de maîtriser ces éléments parfois difficiles à digérer dans mon quotidien. C’était presque de l’ordre de la maquette. Et cela me faisait sourire de broder une usine à la main, par exemple.&nbsp;»<figure class="image"><img src="/uploads/Anais_Beaulieu_16_8795640ae4.jpg"><figcaption>À vos souhaits - Série de 20 broderies sur mouchoirs. 30cm x 30cm en moyenne.</figcaption></figure>Anaïs Beaulieu&nbsp;: «&nbsp;Cette série témoigne des ambivalences de ce monde à plusieurs vitesses dans lequel nous vivons. La lenteur du geste tente alors de dominer la vitesse du monde moderne. Une usine brodée confronte l’industriel et le manuel. Une grue de chantier enchevêtrée sur un mouchoir imprimé de motif floral juxtapose l’urbain à la nature. Un mouchoir est un textile qui possède déjà une histoire, une intimité. Si un HLM est brodé dessus, relève-t-il alors de l’individuel ou du collectif ?&nbsp;»<figure class="image"><img src="/uploads/Anais_Beaulieu_6_05a69a4091.jpg"><figcaption>À vos souhaits - Série de 20 broderies sur mouchoirs.</figcaption></figure>Anaïs Beaulieu&nbsp;: «&nbsp;Je trouve mon inspiration dans tellement de choses ! Ce qui m’entoure tout d’abord, la société, l’histoire collective mais surtout ses traces, qu’elles soient culturelles ou plutôt interculturelles… Je guette souvent les fins de marché, les déchets. J’aime bien être attentive à ce que l’on ne regarde plus, soit parce ce que ça peut paraitre moche, soit parce qu'on l’a tellement vu qu'on n'y prête plus attention. Si on a l’impression que ça n’a plus d’intérêt, c’est certainement qu’il y a encore quelque chose à y puiser pour que ça en ait un à nouveau. C’est une sorte d’esthétique de la survie, de la résilience, du comment rendre beau quelque chose qui ne l’est pas. En ce sens, mes voyages en Afrique ont eu un grand impact sur cette manière de voir quasi animiste, même si cela pourrait également être une vision taoïste. Enfin La nature est aussi une source d’inspiration intarissable pour moi. Pourtant, souvent, je ne la montre pas et je ne parle que de son envers et de ce qu'on lui fait subir. Elle reste le plus grand des enseignants. Elle brode le monde et tout y est fil.&nbsp;»<figure class="image"><img src="/uploads/Anais_Beaulieu_12_415a5cd9ea.jpg"><figcaption>La maison est en carton - Broderie de laine sur carton.</figcaption></figure>Anaïs Beaulieu&nbsp;: « Voir des gens qui dorment dans la rue et se sentir impuissant : tel est le point de départ de cette pièce. Le tapis reprend des motifs de kilims liés à la maison et à la protection. La couverture, elle, est inspirée des couvertures chinoises qu’on trouve à bas prix sur les marchés. Le carton est aussi le symbole du déménagement et du système de consommation. Peut-être connaissez-vous la comptine, alors comment raccommoder lorsqu’on s’est cassé le bout du nez ?&nbsp;»<figure class="image"><img src="/uploads/Anais_Beaulieu_13_bee891f0d9.jpg"><figcaption>La maison est en carton - Broderie de laine sur carton.</figcaption></figure>Anaïs Beaulieu&nbsp;: « C’est un peu difficile pour moi d’expliquer très concrètement comment je travaille car cela n’est jamais tout à fait la même chose d’un projet à un autre. Le travail de mise en œuvre n’est pas le même entre "La maison est en carton“ (ci-dessus) ou " Robe de fortune" (ci-dessous) par exemple. Mais en gros, soit j’ai une idée et j’essaye de trouver la matière qui lui correspond le mieux, soit j’ai la matière et je vois ce que je peux faire avec. Parfois, il y a une forme d’évidence entre les deux et d’autres fois, cela prend du temps. Il n’y a pas de règles. Une fois que ça matche, que j’ai une association matière/sujet qui raconte une histoire, alors je peux attaquer le projet. J’ai souvent un travail de recherche historique ou sociologique en amont. Pour La maison est en carton par exemple, j’ai étudié la symbolique des kilims, pour Robe de fortune, en plus de la recherche sur l’expression « être habillée comme un sac à patates », je suis allée à Barbès pour trouver un modèle de robe dans les boutiques de robes de soirée un peu cheap. Ensuite, je réfléchis à la meilleure manière de pouvoir mettre en œuvre le projet et je me lance. J’avoue que plus la matière me propose un challenge, plus j’aime ça. J’aime lorsqu’il y a une sorte de défi à relever comme c’est le cas pour la série (F)utiles ou Robe de fortune qui sont des matières qui ne sont à priori pas faites pour être brodées. On en revient à cette histoire de comment faire du beau avec du laid ou de la beauté en toutes choses. J’aime ennoblir et rendre précieuses les choses qui ne le sont pas.&nbsp;»<figure class="image"><img src="/uploads/Anais_Beaulieu_8_729bfa35ef.jpg"><figcaption>Robe de fortune.</figcaption></figure>Anaïs Beaulieu&nbsp;: « Lors de la Grande Dépression de 1929, aux États-Unis, de nombreuses familles réemployaient les sacs à pommes de terre pour se vêtir. Loin d’être une tendance, c’était une nécessité. Les entreprises qui les fabriquaient ont observé le phénomène. Les sacs ont alors été imprimés avec des motifs plus attractifs comme des fleurs ou des soleils afin que les femmes s’en emparent pour réaliser leurs robes. « Être habillée comme un sac à patates » : l’expression est restée. Elle s’est même propagée au-delà des frontières. »<figure class="image image_resized" style="width:50%;"><img src="/uploads/Anais_Beaulieu_15_8fe7ab98b3.jpg"></figure>En 1951, aux États-Unis toujours, une journaliste insulte Marilyn Monroe. Elle lui dit qu’elle ferait mieux de porter un sac de pommes de terre plutôt que ses tenues aguichantes. Marilyn la prend au pied de la lettre. Une semaine après, elle réalise une série de photos où elle est habillée avec un sac de pommes de terre. L’acte de Marilyn renvoie le cynisme à son envoyeur. Il questionne l’apparence et magnifie ce sac à pommes de terre. Réalisée en filet à pommes de terre en plastique et brodée, cette « robe de fortune », part de ces constats et essaye modestement de répondre à cette question.&nbsp;»<figure class="image"><img src="/uploads/Anais_Beaulieu_7_87d3c60aac.jpg"><figcaption>Robe de fortune.</figcaption></figure>Anaïs Beaulieu&nbsp;: « Cela m’est difficile de ne vous partager qu’un seul artiste que j’aime. Les deux premiers qui me viennent en tête sont Arturo Bispo do Rosario pour sa folie créative. » (Ndlr&nbsp;: Arthur Bispo do Rosário, 14 mai 1909 ou 16 mars 1911 - 5 juillet 1989, était un artiste “outsider” brésilien. Diagnostiqué schizophrène, il a vécu dans une institution psychiatrique à Rio de Janeiro pendant 50 ans, où il a créé des œuvres d'art avec des objets trouvés, dans le cadre d'une "mission divine". Ses œuvres ont été reconnues par les critiques d'art lorsqu'elles ont été exposées pour la première fois à la Biennale de Venise en 1995).&nbsp;<figure class="image image_resized" style="width:50%;"><img src="/uploads/Bispo_foto_Walter_Firmo_baixa_3a140ac16a.jpeg"><figcaption>Portrait de Arturo Bispo do Rosario - Museu <a href="https://museubispodorosario.com">Bispo do Rosario</a>.</figcaption></figure>« Et le deuxième est El Anatsui (<a href="https://elanatsui.art">ici</a>) pour la manière dont il sublime la matière. » (Ndlr&nbsp;: El Anatsui est un sculpteur ghanéen. Il a passé une grande partie de sa carrière riche en réalisations à vivre et à travailler au Nigeria. El Anatsui dirige actuellement un studio très réputé, situé à Nsukka, Enugu, au Nigeria, et à Tema, au Ghana).<figure class="image image_resized" style="width:75%;"><a href="https://elanatsui.art"><img src="/uploads/El_Anatsui_Elephant_in_the_Room_2022_54_46_3e8040e7f0.jpg"></a><figcaption>El Anatsui, Elephant in the Room, 2022.</figcaption></figure> Dans les deux cas, il s'agit de redonner une âme aux objets du quotidien et d'en révéler le caractère précieux. Après tout, comme le disait Robert Fillioux, « l'art c'est que qui rend la vie plus intéressante que l'art. » Une parfaite citation de fin, rien à ajouter à cela !<figure class="image"><img src="/uploads/Anais_Beaulieu_5_df494f5869.jpg"><figcaption>À vos souhaits - Série de 20 broderies sur mouchoirs.</figcaption></figure>

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broderie tout terrain

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Xavier de Kepper 

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L'artiste XDK, alias Xavier de Kepper, est un feutriste autodidacte né à Bayonne au cours d’une certaine année que, “pour des raisons rigolotes”, il ne précise pas. Ne lui demandez pas sa formation, il n’a “que des déformations”. Mais si, en dépit du bon sens, vous poussez plus loin les questions sur le processus créatif, il vous répondra : “le dessin est le brouillon et vice-versa.”&nbsp;<figure class="image"><img src="/uploads/massacrefeutremajeur3_f742e9355f.jpg"><figcaption>Test de sang (printemps 2022) - feutres + papier = format A4</figcaption></figure>Xavier de Kepper : “Depuis 2019, j'ai ressorti mes feutres pour dessiner à fond. Un besoin vital de retrouver une certaine fraîcheur de l'enfance. Un côté maladroit, vite fait. J'ai une idée, je n'attends pas.”<figure class="image image_resized" style="width:75%;"><img src="/uploads/massacrefeutremajeur2_6d4f1e8265.jpg"></figure>Comme dans un cauchemar télévisuel des années 80, Terminator côtoie Freud qui fait de l’œil à Freddy Krueger tandis qu’un clown partage une gentille petite prairie avec Predator et, au fond, tout là-bas, un camembert Président fond sur le capot de la 205 de Mamy Jacqueline.<figure class="image"><img src="/uploads/massacrefeutremajeur11_2f321d321b.jpg"><figcaption>Un président sur le capot (inspiré d'un fait réel) - feutres + papier = format A4</figcaption></figure>XDK : “Ces derniers temps, je compose mes dessins comme des collages. Je trouve deux, trois éléments. Décors, personnages, action. Ensuite, je rassemble le tout, je raconte une histoire et je vois où elle retombe. Créer le choc entre trois éléments maximum est une bonne gymnastique.”<figure class="image"><img src="/uploads/massacrefeutremajeur7_5c47a68cca.jpg"><figcaption>Pique-nique, biodiversité et psychotropes - feutres + papier = format A4</figcaption></figure>XDK : “En ce moment, je dessine et j'installe des jouets dans mon jardin. Aucun objectif à cet instant. Je vais jouer comme quand j'étais gosse et là encore, je verrai où cela me mène.” Côté matériel, Xavier de Kepper explique : “C'est assez basique. J'utilise les feutres de mon enfance et de nouveaux feutres de diverses qualités. L'objectif est toujours de garder un esprit fondamentalement bien fait/mal fait.”<figure class="image"><img src="/uploads/massacrefeutremajeur4_6f3a2669b5.jpg"><figcaption>Un air de vacances&nbsp;(Nature morte aux tons chauds) - feutres + papier = format A4</figcaption></figure>Beaucoup de ses œuvres ont été réalisées pendant les confinements sanitaires depuis 2020 et déploient un humour grinçant comme un clic-clac dans une maison de vacances abandonnée. Le genre de maison où l’on se plaît à visionner 25 fois des VHS neigeuses pour tromper l’ennui des chaînes d’actualité en continu.<figure class="image"><img src="/uploads/massacrefeutremajeur1_26f1759686.jpg"></figure>Comme un véritable outsider, Xavier de Kepper auto-publie son travail. Son livre Orgasme Nasal&nbsp; (Chronologie d’une histoire rassemblant 87 dessins aux feutres, commencée le samedi 11 Janvier 2020, terminée le dimanche 24 Janvier 2021) est épuisé pour le moment. Mais on trouve toujours de belles cartes postales envoyées depuis les tréfonds fluorescents de la science-fiction sur son site web. XDK : " Il y a quelques jours , j'ai donné un exemplaire de mon livre aux voisins, un couple d'une soixantaine d'année. Le lendemain, je reçois un sms de leur part me disant qu'ils avaient laissé un sac à côté de mon portail. Vite, je me rue dehors pour le récupérer car il neigeait abondamment. Je le prends et le pose sur la table de la cuisine. Dans le sac, il y avait une vingtaine de poireaux de leur jardin, de la confiture de potirons maison, une boîte de pâté maison, une boîte de terrine au saumon pour chat (bio-100gr) et un objet empaqueté de papier kraft avec marqué dessus "clin d'œil". J'ouvre le paquet et je vois un rouleau de papier WC. À cet instant, j’ai éclaté de rire. Ensuite, j'ai pleuré".<figure class="image"><img src="/uploads/massacrefeutremajeur6_6e996077ca.jpg"><figcaption>Retour d’orgasme</figcaption></figure>À grand malade, grand malade et demi : XDK nous recommande l'œuvre de son <a href="https://www.instagram.com/alex_less_official/">ami</a> Alex Less rencontré au Vietnam au cours d’une résidence artistique. Il dit de lui que “sa curiosité en fait une des personnes les plus humaines” qu’il ait rencontrées ces dernières années.<figure class="image"><img src="/uploads/massacrefeutre_majeur_a0969b462f.jpg"><figcaption>Alex Less - " In Toxitania Subway ", aquarelle et graphite sur papier 120gr/m² (21x29,7cm).</figcaption></figure>Et voilà votre route des vacances, merci Xavier de Kepper !<figure class="image"><img src="/uploads/massacrefeutremajeur9_4e94951626.jpg"></figure>

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massacre en feutre majeur

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Robin Lopvet

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Still life ou les ordures magnifiées. Dans sa nouvelle série de “tableaux“, le photoshopper virtuose Robin Lopvet réhabilite nos déchets du quotidien. Une deuxième vie dans de tourbillonnantes natures mortes pour une&nbsp;matière première faite de fruits en pourrissement, coquilles d’œufs, épluchures de&nbsp;légumes, sacs plastique, feuilles mortes, matériel de cuisine usagé, et autres canettes.&nbsp;<figure class="image"><img src="/uploads/Deuxieme_Vie1_804aab2dc7.jpg"></figure>Nous suivons et aimons le travail de l’artiste visuel Robin Lopvet depuis un certain temps (post dans Brainto <a href="https://brainto.com/posts/perdre-la-face">ici)</a> et nous avons voulu partager cette étonnante nouvelle série car elle vaut bien le détour (possiblement vue dans FishEye et autres Libération). Chez Robin Lopvet, rien ne se perd et tout se transforme, car ce photographe 5.0 qui a appris Photoshop avant la photographie est devenu un serial retoucheur et expert en mélange d’éléments hétéroclites pour fabriquer des images burlesques, dérangeantes et drôles. Dans Still life, il exploite encore à fond ses talents de retoucheur, ici à la manière d’un peintre flamand psychédélique, et compose ces grandes “toiles“ à la fois harmonieuses et éclatées. On circule dans une sorte de décharge en apesanteur, où le flétrissement et la pourriture brillent sous sa&nbsp;virtuosité numérique, où les ordures vivent leur deuxième vie avec éclat. On pourrait se contenter de trip visuel pleinement satisfaisant, cependant on se doute bien que ces vanités pimpantes défendent un propos plus que nécessaire.&nbsp; Le plus simple était de demander à Robin Lopvet, et il nous a répondu.<figure class="image"><img src="/uploads/Deuxieme_Vie12_ae4b392164.jpg"></figure>Robin Lopvet&nbsp;: “Le déchet est un objet philosophique intéressant. C’est par définition ce que notre société produit mais ne veut plus voir, personne n’en revendique la propriété. C’est pour moi un portrait en creux de l’humanité. Ça dit beaucoup de choses sur ce que nous sommes. Je trouve une certaine poésie à ramasser ces productions abandonnées, et à travers l’éclairage et la retouche leur redonner une certaine forme de beauté, de rendre captivant leur étrangeté. Redonner à voir ce que l’on voudrait faire disparaître, et qui représente un enjeu énorme au niveau écologique“.&nbsp; Détail :<figure class="image"><img src="/uploads/Deuxieme_Vie8_08198699c4.jpg"></figure>Robin Lopvet&nbsp;: “J’avais déjà produit une pièce sur la récupération de nourriture, et plus généralement ma pratique parlait déjà de la récupération / transformation d’objets. J’ai aussi réfléchi à investir et à prolonger ce que je fais pour gagner ma vie (de la retouche pour une maison de haute couture) et à intégrer cela“.&nbsp; Le gaspillage de nourriture alors même que certain.e.s n’ont pas de quoi se nourrir est écœurant, révoltant, bien évidement. Pour toucher nos consciences, Robin Lopvet s'attaque à cette aberration choquante en utilisant pleinement sa technique de retoucheur hautement qualifié pour des grandes marques de luxe. Les déchets sont ici traités avec le même soin que des bijoux ou des parfums et en ressortent magnifiés, la résurrection de ces laissés pour compte est alors éclatante de beauté. Chacune de ses “toiles“ est une explosion vivace de déchets rendus intéressants à nouveau comme pour une campagne anti-gaspillage de luxe.<figure class="image"><img src="/uploads/Deuxieme_Vie15_52129da4a6.jpg"></figure>Robin Lopvet&nbsp;: “J’ai commencé à récupérer au (très grand) marché du samedi à Arles. Ça a fourni une bonne partie de la matière première que j’ai utilisée. Il y a aussi des choses trouvées dans la rue, et j’ai pioché également dans des objets qui allaient partir à la déchèterie. La nourriture est une partie du sujet mais je veux élargir à plus que ça“. Détail :<figure class="image"><img src="/uploads/Deuxieme_Vie10_e69cfeff17.jpg"></figure>Robin Lopvet&nbsp;: “J’ai maintenant commencé à scanner des objets, mais jusqu’ici, j’ai fait de la photo en studio. Comme cela je peux modeler et contrôler les lumières à ma guise“.&nbsp;<figure class="image"><img src="/uploads/Deuxieme_Vie4_f04cd5c76f.jpg"></figure><figure class="image"><img src="/uploads/Deuxieme_Vie3_606dcb164d.jpg"></figure>Robin Lopvet&nbsp;: “Mon point de départ est un assemblage d’objets un peu gros, que je shoote en gardant le fond, avec un cadre plus large. Ensuite, je shoote des éléments séparés, qui me font une base de données. Je compose ensuite les formats. je fais des croquis en cours de route pour voir où je vais incruster les éléments. Pour moi, il s'agit de tableaux&nbsp;même si la matière est photographique“.<figure class="image"><img src="/uploads/Deuxieme_Vie14_82b37f3e1a.jpg"></figure>Robin Lopvet&nbsp;: “J’ai fait une vingtaine de “tableaux“ pour le moment. Je pense que je suis juste au début de ma recherche. Je vais, bien entendu, la continuer, en axant sur le choix de la matière que je photographie.&nbsp; Quels vont être les déchets&nbsp;?&nbsp; Quel sens cela va-t-il prendre ? “ Par le pouvoir sublimatoire de Robin Lopvet, ces natures mortes et vivantes virevoltant dans cette belle lumière ne peuvent que nous mettre sur la sellette. Le propos est évidement écologique, nous surconsommons avec outrance et obscénité.&nbsp; Ce tourbillon organique en décomposition transcendé est simplement un rappel éclatant que nous faisons tous partie du problème.&nbsp;<figure class="image"><img src="/uploads/Deuxieme_Vie5_17ddbc9244.jpg"></figure>&nbsp;

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deuxième vie

Cette série de chiens “détronchés“ à haut potentiel comique - postée sur Instagram - est l’hameçon rêvé pour vous amener à pénétrer dans l’antre du “photographe“ sérial découpeur-retoucheur Robin Lopvet. Comme il veut montrer qu’il a passé beaucoup, beaucoup de temps sur ses retouches, il a décidé de les rendre visibles et exagérées. Quelle bonne idée.&nbsp;<figure class="image image_resized" style="width:75%;"><img src="/uploads/Perdrelaface_cae02d9f7a.jpg"></figure>Dans cet article, on va faire un petit tour main dans la main à travers la production dérangée, présente et passée de Robin Lopvet. Aujourd'hui installé à Arles, il travaille comme retoucheur photo pour les marques de luxe. Et il réalise ses “œuvres“ personnelles - des images aux coutures apparentes dans son style particulier - dans le garage de sa maison.&nbsp;<figure class="image image_resized" style="width:75%;"><img src="/uploads/Perdrelaface13_b81366b2b8.jpg"></figure> Ci-dessus : Autoportrait. C'est là qu'il découpe - détoure - détricote - recompose des photos, les siennes ou récupérées, pour leur donner un nouveau sens, en utilisant souvent des bouts de corps humains distendus - étirés - effacés - multipliés. Pour lui, une bonne retouche est une retouche qui se voit bien, totalement exagérée, en fabricant de ce fait une image surréaliste et grandement improbable.<figure class="image image_resized" style="width:75%;"><img src="/uploads/Perdrelaface1_464ff382d2.jpg"></figure>Comme sa matière première est photographique, l’effet produit sur nous est assez particulier. Car nos cerveaux conditionnés perçoivent encore les images de Robin Lopvet comme des photos, c’est à dire du réel. Mais en même temps, notre cerveau, il se dit aussi que c'est un réel sacrément tordu et insensé qui est proposé par Robin Lopvet. La forme dit au cerveau que c’est du vrai, mais le fond lui dit que c’est impossible. Une sorte de lutte neuronale qui génère un effet ultra&nbsp;comique&nbsp;ou un sérieux&nbsp;malaise. Voire éventuellement les deux en même temps.&nbsp; Côtoyant avec grand plaisir les images de Robin Lopvet depuis un certain temps déjà, nous nous sommes dit qu’il était grand temps de lui poser quelques questions. Et comme il a répondu gentiment, on est fort contents.<figure class="image"><a href="https://www.instagram.com/p/CatmsirASvO/"><img src="/uploads/Perdrelaface14_aaad089639.jpg"></a></figure>Robin Lopvet&nbsp;: “J'ai commencé cette série par hasard. Effacer des visages de chiens dans des photos d'archives a créé un sentiment de présence étrange, je ne sais pas où ça va et ce que ça me fait penser, mais je me sens bizarre en les regardant, donc c'est probablement bon“.<figure class="image image_resized" style="width:50%;"><img src="/uploads/Perdrelaface16_0fd3866907.jpg"></figure>Robin Lopvet&nbsp;: “Je m’inspire principalement de ce qui traverse mon champ de vision, des objets proches. Les chiens c’est différent, c’est de l’image d’internet retravaillée. C’est comme du brouillon pour moi. Je cherche des formes, et ça va plus vite de trouver des images sur internet. Quelquefois, cela donne des choses qui sont valables en tant que telles. L’accident fait partie du processus“.&nbsp; Une petite (et parfaite) auto-présentation de Robin Lopvet s’impose avant poursuivre.<div class="raw-html-embed"><iframe src="https://www.youtube.com/embed/iu57DWBJuOE" title="YouTube video player" allow="accelerometer; autoplay; clipboard-write; encrypted-media; gyroscope; picture-in-picture" allowfullscreen="" width="560" height="315" frameborder="0"></iframe></div>Robin Lopvet&nbsp;: “J’avais commencé un cursus de classes préparatoires aux écoles d’ingénieur (math sup) mais je n’aimais pas ce que je faisais, ni l’état d’esprit général. Je me suis intéressé pour la première fois à l’art à ce moment-là, car c’était le seul domaine qui ne me rebutait pas. Plus je m’y intéressais, plus ça devenait intéressant. J’ai passé ensuite des concours pour rentrer aux Beaux-Arts“.<figure class="image image_resized" style="width:50%;"><img src="/uploads/Perdrelaface10_1882c83f52.jpg"></figure>Robin Lopvet&nbsp;: “Je me suis mis à pratiquer Photoshop avant même d’avoir un appareil photo. J’y ai tout de suite vu un outil contemporain hyper performant. J’ai trouvé frustrant le fait de pouvoir passer dix heures sur une image pour que le résultat ne se voie pas. J’ai alors développé l’idée d’une retouche visible“.&nbsp;<figure class="image"><img src="/uploads/Perdrelaface4_0f543faba7.jpg"></figure>Ci-dessus, série “Totem“. Robin Lopvet&nbsp;: “La série “Totem“ est une commande que j’ai eu par Vice NY&nbsp;pendant le confinement, j’étais donc chez moi, avec un ami qui est resté les deux mois. C’est lui qui fait le modèle pour la plupart des images. Pour le coup j’ai revisité pas mal mes archives, et les images que j’avais pris en extérieur avant. Je voulais quelque chose de très ancien, païen, sacré. Terreux. Et en même temps avec un côté technologique, contemporain, décadent“.&nbsp;<figure class="image"><img src="/uploads/Perdrelaface3_13d5ed5397.jpg"></figure>Ci-dessus, série “Totem“. Robin Lopvet&nbsp;: “Il y a d’abord une étape de prise de vue. Aujourd’hui je travaille quasiment uniquement en studio, mais ça fait qu’un an, c’est assez récent. Avant, j’allais partout avec un appareil compact.&nbsp; Ensuite il y a une étape de “digestion“ où je choisis et édite mes images. Je peux aussi bien retravailler des images faites il y a longtemps“.&nbsp;<figure class="image"><img src="/uploads/Perdrelaface5_480e51e61d.jpg"></figure>Ci-dessus, série “Totem“. Robin Lopvet&nbsp;: “Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme. Cette formule résume pour moi toute la création artistique. Une nouvelle production peut être résumée comme un assemblage&nbsp;de deux choses préexistantes. Le collage est finalement la seule forme de création. Tout ce que je fais se rapproche d'une immense et sérieuse parodie, sans cynisme. Comme une constante d'un manque général de sens et de saveur. Notre monde est plein de formes et de matériaux&nbsp;à récupérer, transformer, détourner. C'est juste un jeu de langage. Il suffit de se baisser pour les ramasser, de les démonter, de les bricoler et de les remonter. Nous sommes devenus des couteaux suisses, des boîtes à outils. Quel que soit le support, le processus reste le même. Je documente la transformation de la société de consommation en société de valorisation. Tout est fait à la main, bricolé. Puisque la maîtrise technique n'a plus d'importance, que nous pouvons nous entraîner dans tout depuis la maison, le monde est à la portée de toute personne disposant d'une connexion Internet“.<figure class="image"><img src="/uploads/Perdrelaface12_3d36c1f390.jpg"></figure>Robin Lopvet avait déjà été inspiré par nos amis canins pour cette série - “D.O.G.S&nbsp;: Dangerous Objects Growing in the Sky“ - &nbsp;qui lui a valu une sorte de notoriété mondiale par viralité.&nbsp; Robin Lopvet&nbsp;: “D.O.G.S. est un projet de collages numériques associant des têtes de chiens venus d’internet avec des nuages, catastrophes naturelles ou grands faits historiques. Une tension se créé et désamorce le côté angoissant et paralysant des images choc“. Ce projet existe sous plusieurs formes&nbsp;: originellement posté sur Instagram, une de ces images (le mème “Dust Storm Dog“) est devenue virale et a été publiée dans le monde entier. Un livre a été édité par <a href="https://www.facebook.com/editionslaviemoderne/">les</a> Editions de la Vie Moderne, et les images existent en NFT“.<figure class="image"><img src="/uploads/Perdrelaface2_23ac6ce79f.jpg"></figure><figure class="image image_resized" style="width:75%;"><img src="/uploads/Perdrelaface7_d787eb142b.jpg"></figure>Ci-dessus, série “Là d’où je viens“. Remontons un peu en arrière avec cette série “Là d’où je viens“&nbsp;réalisée sur Épinal, sa ville d’origine. Entre photomontages et vidéo, il restitue le ressenti d’avoir passé son enfance et adolescence dans les blocs de cette ville. La vidéo est un drôle d’objet expérimental documentaire à la fois sensible et personnel mais aussi foutraque&nbsp;et caustique. Robin Lopvet&nbsp;: “C’est un projet autour de ma ville et de mon milieu social d’origine. Le projet est sérieux pour une fois, mais un peu bancal. Je ne sais pas si c’est très intéressant de parler de soi dans un projet“.<figure class="image image_resized" style="width:75%;"><img src="/uploads/Perdrelaface9_d9bf0ce15c.jpg"></figure><div class="raw-html-embed"><iframe src="https://www.youtube.com/embed/tZ5fbmkT_Bc" title="YouTube video player" allow="accelerometer; autoplay; clipboard-write; encrypted-media; gyroscope; picture-in-picture" allowfullscreen="" width="560" height="315" frameborder="0"></iframe></div>Puisqu’on en est à faire un tour complet dans le travail de Robin Lopvet, terminons par les débuts et donc, un film d’école. Une vidéo réalisée à New York, pendant un post-diplôme de trois mois à l’International Center of Photography (ICP) entre octobre et décembre 2015, et deux semaines en novembre 2016. Une drôle de démo animée de retouches d’image qui peut vous faire office de tuto, qui sait&nbsp;?&nbsp; Robin Lopvet&nbsp;: “Ayant habité uniquement dans des petites villes de province avant ce post-diplôme, j’ai été particulièrement surpris de me trouver dans cette métropole gigantesque, monstrueuse, avec un flux énorme de gens, d’énergie, d’argent. Ses constructions démesurées, les différentes strates de la récente histoire qui s’empilent et restent visible, comme des couches de peinture premier prix.&nbsp;J’y ai observé une dialectique de construction et déconstruction, de puissance et de fragilité. Pour rendre compte de cela, j’ai utilisé une technique d’animation que j’ai mis au point, en détournant les outils de Photoshop, pour faire de l’animation en image par image. J’ai voulu créer un objet massif, à l’image de la ville, d’une heure“.<div class="raw-html-embed"><iframe src="https://www.youtube.com/embed/Kfo7OUPhJ2E" title="YouTube video player" allow="accelerometer; autoplay; clipboard-write; encrypted-media; gyroscope; picture-in-picture" allowfullscreen="" width="560" height="315" frameborder="0"></iframe></div>Robin Lopvet&nbsp;: “Je travaille depuis un an sur un nouveau projet, je fais des natures mortes à partir de déchets. Je fais des compositions en grand format avec une multitude de détails, pour retourner à une forme de tableau.&nbsp; Un retour à une pratique qui gagne à être vue en vrai, ou internet n’est plus suffisant. J’exposerai une première partie de cette recherche au&nbsp;<a href="https://www.jeunecreation.org/">salon</a> Jeune Création, à Romainville, du 30 avril au 15 mai“.<figure class="image image_resized" style="width:50%;"><img src="/uploads/Profil_Robin_Lopvet_2911a2ea5a.jpg"></figure>Ci-dessus, autoportrait. Robin Lopvet&nbsp;: “Je voudrais partager avec vous le travail de Roman Signer. Il est très bon pour détourner les usages d’objets du quotidien en quelque chose de drôle et d’absurde. Il y a quelque chose de très ludique dans son travail, et il arrive à donner une impression de simplicité. C’est très fort“.&nbsp; Roman Signer est un <a href="https://www.romansigner.ch">artiste</a> contemporain suisse dont la <a href="https://www.romansigner.ch/portrait_en.html">pratique</a> inclut performance, vidéo, sculpture, installation, photographie.<div class="raw-html-embed"><iframe src="https://www.youtube.com/embed/uTLm-p_G65c" title="YouTube video player" allow="accelerometer; autoplay; clipboard-write; encrypted-media; gyroscope; picture-in-picture" allowfullscreen="" width="560" height="315" frameborder="0"></iframe></div>Comme nous aimons vraiment bien ce que mijote ce cher Robin Lopvet, nous ne manquerons pas d’aller voir de plus près son nouveau projet au salon Jeune Création et de vous en rendre compte.&nbsp; Vous avez lu qu'il a dit que cela gagne à être vu en vrai, donc on espère bien vous y croiser, donc…

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perdre la face

Catherine Panebianco

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Sans mémoire on est seul pour toujours ou “No Memory is Ever Alone“ est une excursion dans le passé, une conversation photographique familiale, une discussion visuelle entre Catherine Panebianco et son père à travers le temps. Elle ramène le passé photographique de son père dans son présent à elle. Une façon touchante et vivante que Catherine a trouvé pour convoquer ses esprits protecteurs.&nbsp; Aujourd’hui, elle en sort un livre. &nbsp;<figure class="image"><img src="/uploads/Conversation_Photo2_4263e4625f.jpg"></figure>Ce n’est pas un projet nostalgique du passé qu’a construit Catherine Panebianco, elle a plutôt ramené au présent des images du passé, et a visualisé la compagnie des membres disparus ou vivants de sa famille autour d’elle. Et de fait, ces images —dans lesquelles passé et présent sont réunis— sont colorées et bien vivantes, pas de tristesse ici, plutôt une présence argentique et fantomatique joyeuse.<figure class="image image_resized" style="width:75%;"><img src="/uploads/Conversation_Photo1_c0e87c5887.jpg"></figure>Cette démarche montre bien qu’il n’est pas forcément compliqué ou triste d’exhumer des archives du passé, et que de les raviver dans le présent rend la vie actuelle peut-être plus facile. Nous vous remontrons avec plaisir ces vibrantes diapos issues des années 50&nbsp;et 60&nbsp;à l’occasion de la sortie d’un livre sur le projet. (Cf. bas de post)<figure class="image image_resized" style="width:75%;"><img src="/uploads/catherinepanebianco6_c764e57c64.jpg"></figure>Catherine Panebianco&nbsp;: "Chaque année à Noël, mon père sortait une boîte de diapositives qu'il avait photographiées de la fin de son adolescence au début de la vingtaine et nous les faisait regarder sur un vieux projecteur fixé au mur de notre salon en nous racontant les mêmes histoires chaque année. C'était un souvenir&nbsp;cohérent d'une enfance où nous avons beaucoup déménagé et je n'ai jamais eu l'impression d'avoir un "endroit" stable pour vivre et créer des souvenirs."&nbsp;<figure class="image image_resized" style="width:75%;"><img src="/uploads/Conversation_Photo4_0f8b736954.jpg"></figure>Catherine Panebianco&nbsp;: "Je me suis rendu compte qu'en tenant les diapositives dans mon paysage actuel, je créais non seulement un lien entre sa vie et la mienne, mais aussi une piste de souvenirs, chacun ayant sa propre association pour nous deux. Beaucoup de ces diapositives sont celles de ma mère, ils ont été ensemble pendant presque 60 ans. Elle est décédée et je sens que son esprit, et tous les esprits du passé, sont constamment autour de nous. Ces petites vignettes de la vie familiale dans mon "espace" actuel me réconfortent en me disant qu'elle et d'autres sont toujours proches, veillant sur moi. Elles me créent un "chez-moi" où que j'aille."<figure class="image image_resized" style="width:75%;"><img src="/uploads/catherinepanebianco3_eb242e0c02.jpg"></figure>Catherine Panebianco&nbsp;: “Je ne voulais pas faire de Photoshop. Une partie du processus qui m'était nécessaire consistait à trouver le bon emplacement et à unir physiquement les diapositives de mon père à la façon dont je vis aujourd'hui —un lieu dans un lieu, un souvenir dans un souvenir. J'espère que ces minuscules fragments de la vie de ma famille susciteront un souvenir dans votre propre esprit."<figure class="image image_resized" style="width:75%;"><img src="/uploads/catherinepanebianco4_1268062b45.jpg"></figure>Catherine Panebianco&nbsp;: “Vous aviez déjà présenté mon projet photographique, No Memory is Ever Alone, dans Brainto l'année dernière et je voulais juste vous donner des nouvelles. Je suis ravie de vous annoncer que mon livre Holding Time, basé sur la série, est publié par Yoffy Press et est en <a href="https://www.kickstarter.com/projects/holdingtime/holding-time">prévente</a> aujourd'hui sur Kickstarter.&nbsp; J'ai du plaisir à partager ce travail d'amour avec vous et à savoir que vous y avez joué un rôle“ !<figure class="image image_resized" style="width:75%;"><img src="/uploads/Conversation_Photo3_bd7955dee5.jpg"></figure>Catherine Panebianco&nbsp;: “L'édition du livre sera limitée à 500 exemplaires et 50 % des recettes de la vente de mes livres seront reversées à Infinity Visual &amp; Performing Arts et à la Chautauqua County Humane Society, deux organisations locales qui créent des environnements sûrs et stimulants. Chautauqua County Humane Society pour trouver des foyers&nbsp;pour les animaux et Infinity pour permettre aux étudiants de tous âges et de tous horizons de se réunir pour apprendre, penser, créer et explorer dans le domaine des arts“. Une louable démarche de Catherine Panebianco&nbsp;que nous relayons bien évidement car c’est “bon esprit“ comme on dit par chez nous.&nbsp;<div class="raw-html-embed"><div style="position:relative; max-width:400px; min-width:100px;overflow-y: scroll;"><iframe src="https://www.instagram.com/p/CY1koVWlrO4/embed/" allowtransparency="true" allowfullscreen="true" data-instgrm-payload-id="instagram-media-payload-0" scrolling="no" style="background: white; max-width: 540px; width: calc(100% - 2px); border-radius: 3px; border: 1px solid rgb(219, 219, 219); box-shadow: none; display: block; margin: 0px 0px 12px; min-width: 326px; padding: 0px;" height="681" frameborder="0"></iframe></div></div>

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Conversation photograpique

bertrand Dezoteux

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Quand on rencontre “Endymion“ au détour d’une promenade tranquille sur la toile, on se retrouve tout déstabilisé. Et c’est ce qui en fait l’intérêt. On est en face d’un objet visuel drôle et hors normes, une (science)fiction/documentaire surréaliste aux personnages très exagérés, à la 3D plutôt basique volontairement et à l’esthétique grandement affirmée. Les films expérimentaux de Bertrand Dezoteux se situent en effet à la frontière du documentaire (utilisant en son des personnages réels comme sa grand-mère), de la fantaisie héroïque, et du surréalisme avec des références assumées comme un “personnage“ de Dali appelé “Salvadam Dalire“. Ils s'attachent à représenter le monde comme un système, inspiré des logiciels de modélisation 3D, ce sont des entités visuelles hybrides, qui échappent à toute classification.<figure class="image"><img src="/uploads/surrealisme_de_synthese6_a983621c09.jpg"></figure>En parcourant l’“œuvre“ protéiforme de Bertrand Dezoteux, on s’aperçoit que son surréalisme se situe dans un mélange iconoclaste des genres/époques mais aussi dans des références au surréalisme “historique“ complètement revisité. Ainsi, il a su donner naissance à un film de surf anti-héroïque, un opéra cosmique inspiré de Parade, le ballet composé par Erik Satie, Jean Cocteau et Pablo Picasso, un space opéra mettant en scène la mission d’évangélisation d’un certain Jésus Perez, qui a son c<a href="https://www.instagram.com/le_club_harmonie/">ompte instagram</a>, ou d’une fable burlesque dans laquelle un livreur Deliveroo croise la route des créatures composites du sculpteur Bruno Gironcoli.&nbsp;<figure class="image"><img src="/uploads/surrealisme_de_synthese1_b6dfaacf2f.jpg"></figure>Bertrand Dezoteux&nbsp;: “J’observe, en anthropologue amateur, la vie dans les mondes virtuels“. Et il a déjà une belle filmographie allant du “documentaire animalier en 3D“ (Le Corso, 2008) au “film d’animation de marionnettes non réalistes“ (En Attendant Mars, 2015) en passant par un “essai sur les mythologies de la modernité à la française“ (L’Histoire de France en 3D, 2012). Il est devenu un maître du mélange numérique et de la fiction de synthèse, l’artiste crée des objets visuels complexes en mobilisant des formes et des savoirs techniques très variés. C’est la démonstration que la 3D permet à un pugnace Bertrand Dezoteux d’être un véritable réalisateur indépendant à la démarche ultra-personnelle et autonome. Il est en capacité de réaliser des films singuliers par lui-même, pour peu d’avoir des (certaines) capacités d’imagination, d’énergie et de temps.&nbsp; Ce qui n’est pas à la portée de tout le monde. Du coup, on a demandé&nbsp;à Bertrand Dezoteux comment il s’y prend.<figure class="image"><img src="/uploads/surrealisme_de_synthese7_322158861f.jpg"></figure>Bertrand Dezoteux&nbsp;: “Comme souvent mes films se situent au croisement de plusieurs questions, certaines ayant trait à mon histoire, d'autres à la technologie et ce qu'elle fait au récit, à l'archive, ou la mémoire. "Endymion" désigne au départ une saga de science-fiction de Dan Simmons, adulée par mon père. Elle décrit le long voyage à travers différentes planètes par une petite équipée en radeau. J'ai voulu donner mon interprétation de cette histoire (Endymion est également le dieu des rêves) en explorant l'inconscient familial. J'ai réalisé des interviews auprès de membres de ma famille, en premier lieu mon père, qui prête sa voix au personnage de "Salvadam Dalire", avatar de Dali&nbsp;dans mon film. La figure de Dali est réapparue au moment de la réalisation du film, c'était en réalité le personnage que j'avais convoqué pour exprimer mon désir de devenir artiste auprès de la conseillère d'orientation au collège. Endymion explore les modèles adolescents comme les ferments d'une vocation artistique. Au même titre, Mamie Lou est un personnage créé à cette époque, une sorte "d'anti Tintin" inspiré de ma grand-mère maternelle, qui prête sa voix au personnage. C'est à partir de ces éléments que j'agence pour former un récit que s'élabore cet univers, les questions strictement visuelles interviennent plus tard“.<figure class="image"><img src="/uploads/surrealisme_de_synthese9_123cccebb1.jpg"></figure>Bertrand Dezoteux&nbsp;: “Difficile de raconter ce film, vu que le dialogue relève plus du collage que de l'écriture. C'est un voyage, qui conjugue des choses très banales et des vertiges existentiels. C'est comme le fan-art d'un film de Pixar,&nbsp;mais tramé par l'archive et le réel.&nbsp;Ce qui est peut-être ma définition du délire. Et d'ailleurs dans ce film je prête ma voix à un petit cochon qui se pose ce genre de questions. Le film dure 14 minutes, et il s'agit du premier épisode, il a été montré dans une expo, et je rêverais d'une projection en salle dans un festival“ !<figure class="image"><img src="/uploads/surrealisme_de_synthese8_eaaa7e3301.jpg"></figure>Bertrand Dezoteux&nbsp;: “J'ai démarré comme beaucoup de gamins, en dessinant énormément dans ma chambre, en chroniquant le quotidien, en caricaturant les un·e·s et les autres. Et en passant au peigne fin les œuvres auxquelles j'avais accès, principalement des films, disques, BD et des jeux vidéos, avec mon petit frère Arnaud. Puis j'ai eu la chance de découvrir des expositions et plus généralement le monde artistique grâce à l'ancien directeur des Beaux-arts de Bayonne, Dominique Berthommé.&nbsp; Mon parcours a été ensuite assez classique, j'ai été dans des écoles d'art, à Angoulême et Strasbourg, puis au Fresnoy à Tourcoing où j'ai appris la 3D. J'ai trouvé dans ce média le terrain idéal de création pour moi : une certaine autonomie, la possibilité de raconter des histoires, de faire des trucs spectaculaires avec trois fois rien, et aussi il faut l'avouer, de désacraliser la technique. Cette démarche s'inscrit probablement dans une histoire du surréalisme en effet, comme le prolongement de ce qu'avait entrepris Jean-Christophe Averty à la télé.“&nbsp;<figure class="image"><img src="/uploads/surrealisme_de_synthese5_13855a5388.jpg"></figure>Bertrand Dezoteux&nbsp;: “En ce moment, je réalise le deuxième épisode de “Harmonie“, une série de science-fiction entamée en 2018. C'est un boulot épuisant, mais réjouissant. Je suis dessus depuis deux ans, et là j'en viens à bout, ça sera visible en 2022. Je prépare également une expo à Nantes à la HAB Galerie, je suis dans les maquettes“.<div class="raw-html-embed"><iframe src="https://player.vimeo.com/video/383148187?h=7fcc294df1" allow="autoplay; fullscreen; picture-in-picture" allowfullscreen="" width="640" height="360" frameborder="0"></iframe>
<a href="https://vimeo.com/383148187">Harmonie (trailer)</a> from <a href="https://vimeo.com/bertranddezoteux">Bertrand Dezoteux</a> on <a href="https://vimeo.com">Vimeo</a>.</div>On lui a demandé de partager avec nous le travail d'un artiste qu'il aime. Bertrand Dezoteux&nbsp;: “J'admire le travail de Bruce Nauman, j'y reviens souvent, il résiste (j'ai une tendance à aimer les choses pénibles).&nbsp; Je vous mets au défi de voir <a href="https://www.youtube.com/watch?v=hbT9GGJdKOs">cette vidéo</a> en entier !<figure class="image"><img src="/uploads/surrealisme_de_synthese4_795427dacd.jpg"></figure><div class="raw-html-embed"><div style="position:relative; max-width:400px; min-width:100px;overflow-y: scroll;"><iframe src="https://www.instagram.com/p/CVFgV6Xj_AN/embed/" allowtransparency="true" allowfullscreen="true" data-instgrm-payload-id="instagram-media-payload-0" scrolling="no" style="background: white; max-width: 540px; width: calc(100% - 2px); border-radius: 3px; border: 1px solid rgb(219, 219, 219); box-shadow: none; display: block; margin: 0px 0px 12px; min-width: 326px; padding: 0px;" height="681" frameborder="0"></iframe></div></div>

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surréalisme de synthèse

Lachlan Turczan

Corrie Francis Parks

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Comment faire un film autour du dieu argent&nbsp;? En utilisant et détournant ses représentations terrestres tout simplement&nbsp;! Car les images sur terre de cette divinité que l’on appelle communément “billets de banque“ sont une base graphique d’une grande “richesse“ qui ne demande qu’à être “exploitée“. Voici deux films exploitant cette idée simplement efficace d’utiliser le médium même de l’argent. Pour le premier, cela a demandé à son auteur un peu de recherche chez les numismates et autres collectionneurs pour remonter dans le temps à travers 23 pays et constituer toute cette grande collection visuelle. Puis le réalisateur et animateur Lachlan Turczan a malaxé et animé cette riche matière pour en extraire ce petit bijou.&nbsp;<figure class="image"><img src="/uploads/Le_Dieu_Argent7_e80d5883be.jpg"></figure>Quand on entre avec lui dans le papier des billets, on est très séduit par les divers motifs graphiques animés et détaillés en pleine image, puis dans un deuxième temps surpris et glacé par l'imagerie iconique affichée par ce dieu au fil du temps. Tout ce qui a pu générer cet argent a été représenté sur ses monnaies, jusqu’au pire. Le film développe tout simplement son discours politique par les images que le capital a lui-même imprimées. Nous vous en laissons la surprise dans ce voyage kaléidoscopique à travers cette épaisse liasse de “biffetons“.&nbsp;<figure class="image"><img src="/uploads/Le_Dieu_Argent4_5b15188277.jpg"></figure>Lachlan Turczan&nbsp;: “J'ai numérisé en haute résolution des billets de banque de 23 pays, des années 1800 à nos jours. L'apprentissage automatique (ou deep learning) a été utilisé pour améliorer ces numérisations afin de pouvoir zoomer sur les subtilités des gravures. Grâce à des techniques d'animation, les motifs guillochés envahissent le spectateur dans un déluge de lignes et de géométrie. Des scènes emblématiques de l'histoire sont également montrées : l'âge de l'exploration mène à l'industrialisation, les merveilles du monde sont remplacées par des immeubles de bureaux et les icônes de la liberté contrastent fortement avec les images de l'esclavage. Le projet s'achève par les yeux collectifs de tous les dirigeants du monde qui fixent le public“.<figure class="image"><img src="/uploads/Le_Dieu_Argent3_50adfadd29.jpg"></figure>C’est l’occasion de mettre en parallèle ce deuxième film antérieur, également en animation de haute qualité, utilisant cette même matière. Il s’agit du captivant court-métrage en stop-motion de Corrie Francis Parks, "Foreign Exchange“ réalisé il y a 2 ans et mis en ligne il y a 4 mois après avoir écumé les festivals. À partir d'une collection de billets de banque provenant de plus de 50 pays, la réalisatrice a mélangé les motifs et décors des billets avec du sable pour vous entrainer dans un monde minuscule aux détails brillants. Son propos est néanmoins moins politique et on part plutôt pour un voyage esthétique, exotique et&nbsp;culturel.&nbsp;<div class="raw-html-embed"><iframe src="https://player.vimeo.com/video/561365965?h=ad755c5a65" allow="autoplay; fullscreen; picture-in-picture" allowfullscreen="" width="640" height="360" frameborder="0"></iframe>
<a href="https://vimeo.com/561365965">Foreign Exchange</a> from <a href="https://vimeo.com/cfparks">Corrie Francis Parks</a> on <a href="https://vimeo.com">Vimeo</a>.</div>Corrie Francis Parks&nbsp;: "Entre les couches éblouissantes de monnaie et de sable se trouvent des connexions qui peuvent être exploitées de manière infinie. Chaque personne qui regarde ce film découvrira des associations différentes, filtrées par son expérience du monde et son origine nationale“.<figure class="image"><img src="/uploads/Le_Dieu_Argent9_757253a57a.jpg"></figure>Le sable en petite quantité provient lui aussi de plus de 50 pays, tout comme le papier-monnaie. &nbsp;Dans un grand cross over mondial, les deux matériaux se mélangent dans leurs couches de culture, d'économie et de nature.&nbsp; Corrie Francis Parks&nbsp;: "La fierté interstellaire du Canada se mêle aux arches gothiques de l'église Saint-Sauveur de Prague. Les conquêtes coloniales du Portugal s'entremêlent avec l'économie de marché nostalgique de Singapour. Les animaux caractéristiques de l'Inde se vautrent sous une chute d'eau chinoise".<figure class="image"><img src="/uploads/Le_Dieu_Argent11_42d868146a.jpg"></figure>A travers ces deux films, vous aurez vu une quantité&nbsp;très conséquence de papier monnaie, et au moment où l’argent matériel donne l’impression de disparaitre au profit du sans contact, vous en viendrez peut-être à regretter ces images séduisantes même si elles peuvent être d’une grande obscénité parfois.<figure class="image"><img src="/uploads/Le_Dieu_Argent5_7af65db5c6.jpg"></figure><figure class="image"><img src="/uploads/Le_Dieu_Argent8_826b7aeb68.jpg"></figure><div class="raw-html-embed"><iframe src="https://player.vimeo.com/video/492945483?h=4103ce5209" allow="autoplay; fullscreen; picture-in-picture" allowfullscreen="" width="640" height="360" frameborder="0"></iframe>
<a href="https://vimeo.com/492945483">Corrie Parks Studio Tour</a> from <a href="https://vimeo.com/cfparks">Corrie Francis Parks</a> on <a href="https://vimeo.com">Vimeo</a>.</div><div class="raw-html-embed"><div style="position:relative; max-width:400px; min-width:100px;overflow-y: scroll;"><iframe src="https://www.instagram.com/p/CTX4DL4hro_/embed/" allowtransparency="true" allowfullscreen="true" data-instgrm-payload-id="instagram-media-payload-0" scrolling="no" style="background: white; max-width: 540px; width: calc(100% - 2px); border-radius: 3px; border: 1px solid rgb(219, 219, 219); box-shadow: none; display: block; margin: 0px 0px 12px; min-width: 326px; padding: 0px;" height="681" frameborder="0"></iframe></div></div>&nbsp;

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le dieu argent

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electronicos fanatsticos

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Si on pose l’équation&nbsp;: (Skate + code-barres) à la main = musique, on obtient la formule pour un show divertissant, entrainant et plutôt improbable. Les japonais Electronicos Fantasticos à l’origine de cet objet visuel et sonore non identifié se sont fixés comme but dans la vie, de performer des shows amusants pour eux-mêmes et leur public. Et pour que ce soit à la fois drôle et utile, pour leurs performances, ils inventent de tout nouveaux instruments de musique électroniques en recyclant de vieux appareils électriques et électroniques hors d'usage. &nbsp;Leur but est parfaitement atteint dans cette nouvelle vidéo, leur instrument fabriqué à base d’un lecteur de code barre est tout à fait inédit, surtout accompagné de mini skates évoluant dans ce skatepark de leur cru. Et mission de départ accomplie, ils ont bien l’air de s’y amuser, et du coup nous aussi.<figure class="image"><img src="/uploads/Skatecodebarres5_ed4dae2380.jpg"></figure>Centré sur l'artiste et musicien Ei Wada, Electronicos fantasticos! est un projet finalement assez sérieux dans sa persistance dans le temps à détourner de l’électronique obsolète en nouveau "instruments de musique électromagnétiques", avec pour but de créer au bout du compte un orchestre entier. Il présente des formes de musique non seulement à écouter mais aussi surtout à regarder, il s’agit d’une performance très visuelle. L'idée est aussi d'impliquer les gens et de les faire aussi utiliser les instruments, la musique est prétexte à un show très interactif avec le public.<figure class="image"><img src="/uploads/Skatecodebarres3_55bb556993.jpg"></figure>Le projet a été lancé en février 2015 à Sumida, Tokyo en tant que projet artistique résident.<figure class="image"><img src="/uploads/Skatecodebarres2_4a3268d21b.jpg"></figure>D'aussi loin qu'il se souvienne, <a href="https://www.instagram.com/crabfeet/">Ei Wada</a> est convaincu qu'une extravagance musicale l'attend dans un endroit où se dresse une tour géante à pattes de crabe avec un téléviseur à tube cathodique intégré. Mais un jour, un ami lui a dit qu'un tel endroit n'existait pas sur terre, et qu'il devait donc le créer lui-même. Depuis ses études, il travaille en tant qu'artiste et musicien dans les domaines de la musique et de l'art. En 2009, il a formé <a href="https://openreelensemble.com/">l'Open Reel Ensemble</a>, un groupe musical qui joue sur un ensemble de magnétophones vintage à bobines ouvertes. Il s'est produit et a exposé dans de nombreux pays, dont Ars Electronica et Sónar (le grand festival de musiques électroniques de Barcelone), et a participé à la musique de la collection parisienne d'Issey Miyake à onze reprises.&nbsp;<figure class="image"><img src="/uploads/Skatecodebarres1_ffcf6d9e7b.jpg"></figure>En 2015, il a lancé le projet "Electronicos Fantasticos !“ (qui est également un festival). Il a ainsi remporté le prix d'encouragement artistique du 68e ministre de l'éducation, de la culture, des sports, des sciences et de la technologie du Japon. Il retrouve son ami qui lui a dit encore que cet endroit n'existe pas, et il s'étonne qu'il fasse encore une telle chose, car il a bien fini par le créer.<div class="raw-html-embed"><iframe src="https://www.youtube.com/embed/iSq3y1WzfK0" title="YouTube video player" allow="accelerometer; autoplay; clipboard-write; encrypted-media; gyroscope; picture-in-picture" allowfullscreen="" width="560" height="315" frameborder="0"></iframe></div>Si musicalement Electronicos fantasticos! n'est pas d'une grande novation, les instruments inventés, eux, sont très surprenants&nbsp;et fonctionnels.&nbsp;Et le plus important, les musiciens/bricoleurs doués et leurs spectateurs ont l'air de bien s'éclater, et c'est tout ce qui compte.<div class="raw-html-embed"><div style="position:relative; max-width:400px; min-width:100px;overflow-y: scroll;"><iframe src="https://www.instagram.com/p/CPJLZoWB7ID/embed/" allowtransparency="true" allowfullscreen="true" data-instgrm-payload-id="instagram-media-payload-0" scrolling="no" style="background: white; max-width: 540px; width: calc(100% - 2px); border-radius: 3px; border: 1px solid rgb(219, 219, 219); box-shadow: none; display: block; margin: 0px 0px 12px; min-width: 326px; padding: 0px;" height="681" frameborder="0"></iframe></div></div>&nbsp;

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skate + code-barres

Noah Kalina

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Ce qui est intéressant dans ce projet, outre la fascination de voir le temps passer sur un visage, est sa démarche, et comment on en vient à l’amorcer. Comme on peut le voir, Noah entre facilement dans la catégorie des photographes qu’on peut qualifier de “sériels/obsessionnels“ dans leur travail personnel. Nous allons en suivre les étapes avec Noah. Il nous raconte le départ de ce projet dément&nbsp;: “Lorsque j'ai commencé à me prendre en photo tous les jours, mon intention initiale était toujours de la présenter comme un projet de photographie fixe. J'imaginais que chaque image serait imprimée, et qu'elle serait ajoutée à une grille. Un jour, si j'ai de la chance, les photos pourraient couvrir une pièce entière“.<figure class="image"><img src="/uploads/7777_jours14_3c6e090f09.jpg"></figure>Noah : “Environ trois ans après le début du projet (2003), un ami m'a suggéré d'en faire une vidéo en time lapse. J'ai immédiatement rejeté cette idée. Je suis resté fidèle à ma vision initiale. Quelques années plus tard (2006), j'ai vu une vidéo sur un tout nouveau site Web appelé YouTube, réalisée par l'artiste <a href="https://www.ahreelee.com/">Ahree Lee</a>, qui m'a fait changer d'avis. J'ai compris ce qui rendait la vidéo en accéléré si puissante. Tout cela avait enfin un sens pour moi. Le 27 août 2006, j'ai donc posté Everyday sur YouTube“.&nbsp; Soit 6 ans de selfies.<div class="raw-html-embed"><iframe src="https://www.youtube.com/embed/6B26asyGKDo" title="YouTube video player" allow="accelerometer; autoplay; clipboard-write; encrypted-media; gyroscope; picture-in-picture" allowfullscreen="" width="560" height="315" frameborder="0"></iframe></div>Noah&nbsp;: “Au fil du temps, de nombreuses personnes m'ont suggéré d'aligner les yeux pour que la vidéo soit "parfaite". Je n'ai jamais aimé cette idée. Les autres vidéos réalisées de la sorte, où les yeux sont parfaitement alignés, ne me plaisent pas du tout. Pour moi, elles semblent manquer d'âme“.&nbsp; “Parmi de nombreux éléments (la musique, les arrière-plans changeants), la légère variation de la position de la caméra et le fait que mes yeux n'étaient pas toujours au même endroit donnent à la vidéo un aspect organique. Ces changements subtils, presque imperceptibles, font partie de la formule qui fait que le quotidien, présenté sous forme de vidéo time-lapse, fonctionne“. Ci-dessous vous avez le lien de la vidéo “brute“ originale de 8 minutes&nbsp;qui a tout à fait son intérêt pour ses décors plus présents et son aspect “organique“ et vivant.&nbsp; 20 ans de selfies postée en janvier 2020. 11M de vues.<div class="raw-html-embed"><iframe src="https://www.youtube.com/embed/wAIZ36GI4p8" title="YouTube video player" allow="accelerometer; autoplay; clipboard-write; encrypted-media; gyroscope; picture-in-picture" allowfullscreen="" width="560" height="315" frameborder="0"></iframe></div>Noah&nbsp;: “Il y a quelques mois, je suis tombé sur ce <a href="https://twitter.com/miyka_el/status/1380061075425652737?s=20">tweet</a> de <a href="https://github.com/miykael">Michael Notter</a>. Michael est un scientifique des datas, un neuroscientifique et un programmeur basé à Lausanne, en Suisse. Il avait utilisé l'apprentissage automatique&nbsp;(ou machine learning)&nbsp;et un code personnalisé pour transformer ma vidéo en quelque chose que je n'avais jamais vu auparavant.““Ma première réaction a été de rejeter cette idée. En fait, cela m'a mis en colère. Cela allait à l'encontre de l'idée que je me faisais de cette vidéo et de la façon dont elle était censée être perçue. Mais plus je regardais la vidéo, plus j'étais fasciné. Je détestais et j'aimais ça. C'était incroyablement déroutant“.<figure class="image"><img src="/uploads/7777_jours2_8d49553ec6.jpg"></figure>Mais ce que Michael Notter a fait est différent. C'est la combinaison de la moyenne et de l'alignement dans une vidéo en time-lapse montrant clairement la progression du vieillissement qui a créé une combinaison convaincante et une fascination.<figure class="image"><img src="/uploads/7777_jours7_1aa2c4d9fe.jpg"></figure>Noah&nbsp;: “Ce n'était peut-être pas la façon dont j'avais initialement prévu de montrer cette œuvre, mais comme je l'ai appris dans le passé, mon impulsion de départ n'est pas toujours le mieux. Peut-être ce nouveau procédé vidéo vaut-il la peine d'être exploré“. Michael Notter raconte&nbsp;: “ J'avais 19 ans lorsque j'ai vu pour la première fois la vidéo "everyday" de Noah en 2006, l'âge qu'il avait lorsqu'il a pris sa première photo. Et comme pour tant d'autres, quelque chose dans cette vidéo m'a profondément parlé ! C'était probablement une combinaison de son dévouement au projet, de l'exposition de la vie quotidienne d'un autre être humain et de la fascination générale pour le passage du temps“.<figure class="image"><img src="/uploads/7777_jours4_43e4e0ade6.jpg"></figure>Voici comment Michael Notter a procédé pour obtenir ce résultat fluide. Dans un premier temps, Michael a utilisé la bibliothèque d'apprentissage automatique dlib&nbsp;(http://dlib.net/) et un code Python personnalisé pour détecter dans chacune des photos de Noah 5 points de repère du visage (c'est-à-dire les deux yeux, le nez et les deux coins de la bouche). Ces points de repère ont ensuite été utilisés pour aligner les visages sur toutes les photos, de sorte que les yeux et le coin de la bouche soient orientés horizontalement et toujours à égale distance. Ensuite, quelques petites corrections d'intensité d'image ont été appliquées pour rendre les images très sombres un peu plus claires et les images très claires un peu plus sombres. Cette étape a été suivie d'une mise à l'échelle de toutes les images (si nécessaire) à une résolution de 4K.<figure class="image"><img src="/uploads/7777_jours8_420cca477a.jpg"></figure>Dans un deuxième temps, une fois que les visages ont été convertis et alignés, Michael a parcouru en boucle toutes les images et en a fait la moyenne à l'aide d'une fenêtre coulissante&nbsp;: Chaque image de la vidéo montre le visage moyen des 60 derniers visages. Ou, en d'autres termes, chaque image montre la "Noah moyenne" des deux derniers mois. Avec une fréquence d'images vidéo de 60 Hz, cela signifie que Noah vieillit dans cette vidéo de 2 mois par seconde, ou de 10 ans par minute.<figure class="image"><img src="/uploads/7777_jours9_01a079dd61.jpg"></figure><figure class="image"><img src="/uploads/7777_jours10_0085d21a53.jpg"></figure>En fait, Noah a beaucoup d'autres projets photographiques de type “sériel/obsessionnel“ qu’il développe, c’est une seconde nature profondément ancrée chez lui. Ces autres projets plutôt liés à des endroits géographiques comme avec ce coin de rue. Noah&nbsp;: “J'ai commencé à photographier ce coin de River et N.1st Street&nbsp;à Brooklyn début 2013. Cherchez instagram <a href="https://www.instagram.com/explore/tags/riverandn1/?hl=ne">#riverandn1</a> pour une grille de ce coin de rue au fil du temps“.<figure class="image"><a href="https://www.instagram.com/explore/tags/riverandn1/?hl=ne"><img src="/uploads/7777_jours6_df163f34ff.jpg"></a></figure>Et quand on a demandé à Noah s’il pensait persister dans sa démarche de selfies quotidiens ?&nbsp; Il a répondu&nbsp;: “ Oui. Je le fais tous les jours encore aujourd'hui, et je compte le faire jusqu'à ma mort“.&nbsp; Réponse évidente et signe d’un véritable sériel/obsessionnel. Donc, à suivre …<figure class="image"><img src="/uploads/7777_jours1_8b208e94bf.jpg"></figure><figure class="image"><img src="/uploads/7777_jours5_3e97a1f774.jpg"></figure><div class="raw-html-embed"><div style="position:relative; max-width:400px; min-width:100px;overflow-y: scroll;"><iframe src="https://www.instagram.com/p/CSJ1edqgeBC/embed/" allowtransparency="true" allowfullscreen="true" data-instgrm-payload-id="instagram-media-payload-0" scrolling="no" style="background: white; max-width: 540px; width: calc(100% - 2px); border-radius: 3px; border: 1px solid rgb(219, 219, 219); box-shadow: none; display: block; margin: 0px 0px 12px; min-width: 326px; padding: 0px;" height="681" frameborder="0"></iframe></div></div>

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7777 jours

Alexandra Kehayoglou

Voici une artiste-activiste très engagée dans les causes environnementales et les écocides, et quel est son médium d’expression&nbsp;? Non pas la vidéo dénonciatrice, ni le graphisme en affiches percutantes, ou encore la photographie en constats documentaires mais la tapisserie.&nbsp; Avec une force de persuasion incontestable.<figure class="image"><img src="/uploads/Tapisseries_De_Combat7_73897ce325.jpg"></figure>Chacune des séries de tapisseries de l’argentine&nbsp;Alexandra Kehayoglou est au service d’une cause à défendre et a une signification forte en plus d’être plastiquement étonnante. Étonnantes car elles représentent des sujets plutôt rares dans ce médium comme des vues aériennes, paysages, ou intérieurs de grottes et ont des dimensions hors normes. Les pièces sont réalisées avec des matériaux excédentaires, tissés selon la technique du handtuft (touffetage à la main) à l'aide d'une machine que Alexandra manipule sur des cadres verticaux, en insérant maille par maille. Le processus de production est ardu et long, exigeant beaucoup d'efforts physiques et une technique très précise.<figure class="image"><img src="/uploads/Tapisseries_De_Combat10_3463193017.jpg"></figure>Le répertoire de Kehayoglou comprend des souvenirs de divers paysages indigènes qu’elle a visités et souhaite préserver au fil du temps. Chaque pièce est créée à partir d'une ancienne tradition familiale qui donne néanmoins un nouveau sens à l'artisanat du tissage à la main.<figure class="image"><img src="/uploads/Tapisseries_De_Combat11_a8bc23b7e2.jpg"></figure>“What if all is" ou "Et si tout était" suit la trace de Kehayoglou dans un voyage à travers la Patagonie, ou elle a rencontré ces grottes occupées il y a plus de 10.000 ans par les tribus aborigènes d'Amérique du Sud. Elles y ont laissé leurs peintures rupestres nées dans une histoire de déchirure, de déracinement et d'invasion. L’espace qu’elle a créé est également lié à la tradition de fabrication de tapis de ses ancêtres, qui ont fui la guerre gréco-turque avec un métier à tisser pour s'installer sur la nouvelle terre d'Argentine.&nbsp;<figure class="image"><img src="/uploads/Tapisseries_De_Combat4_3867d8d757.jpg"></figure>Cerro del Indio est une colline abandonnée avec des grottes près du Lago Posadas en Patagonie où les tribus aborigènes de Patagonie avaient l'habitude de s'abriter et de faire des peintures rupestres. À un peu plus de 150 kilomètres, on trouve l'emblématique Cueva de las Manos, où ces mêmes tribus ont inscrit des milliers de tampons négatifs de leurs mains, en soufflant un mélange de sang et de minéraux sur leurs mains. Aujourd'hui, nous continuons à discuter de la façon dont ces peintures rupestres étaient si exactes et si précises, en plus de ce qu'elles signifiaient pour eux.&nbsp; Des spirales très complexes, des têtes de baleine et des hommes tombant du ciel illustrent le lien de ce peuple avec le mystique, l'interprétation des rêves et des théories qui, aujourd'hui, se heurtent à notre compréhension de la réalité.&nbsp;<figure class="image"><img src="/uploads/Tapisseries_De_Combat2b_f4a10683c8.jpg"></figure>L'exposition "Et si tout était" présente ces deux sites, Cerro del Indio et Cueva de las manos, en reconstruisant leur vision et leur imagerie en 2018, plus de 10 000 ans après la date à laquelle ces peintures rupestres ont été réalisées. Il propose au visiteur de s'immerger dans la grotte et offre une autre façon de mourir, de concevoir la façon dont nous vivons.<figure class="image"><img src="/uploads/Tapisseries_De_Combat2_d166a82010.jpg"></figure>Le projet Santa Cruz River, documente le site proposé pour la construction de deux grands barrages hydroélectriques sur le fleuve Santa Cruz en Argentine - le dernier fleuve sauvage libre du pays.&nbsp;<figure class="image"><img src="/uploads/Tapisseries_De_Combat1_2c25cedc32.jpg"></figure>Ces barrages, qui font partie d'une négociation internationale en matière de financement et d'infrastructure entre les gouvernements argentin et chinois, mettent en évidence les tensions au sein de la mondialisation ; la demande accélérée de l'Argentine en matière d'investissement international et d'infrastructure est opposée à des conséquences politiquement controversées et potentiellement irrévocables pour l'écosystème naturel.&nbsp;<figure class="image"><img src="/uploads/Tapisseries_De_Combat13_4255dd1f34.jpg"></figure>Le développement du tapis a été mené parallèlement à un suivi étroit de la planification des barrages : bien que la construction ait été suspendue par la Cour suprême d'Argentine, une étude d'impact environnemental commanditée par le gouvernement a défendu la durabilité des travaux d'infrastructure, rendant l'approbation plus probable.&nbsp;<figure class="image"><img src="/uploads/Tapisseries_De_Combat14_17d35172d7.jpg"></figure>Alexandra Kehayoglou : “Je n'aime pas beaucoup les étiquettes. Je suis un artiste qui fait des tapisseries, des tapis, je suis un artiste textile ou un peintre ou un sculpteur. Tout cela correspond à ma description. Je n'aime pas la routine, alors j'essaie de faire des choses différentes à chaque fois.<figure class="image"><img src="/uploads/Tapisseries_De_Combat9_b776395ecc.jpg"></figure>“Chaque œuvre que nous réalisons à l'atelier a nécessité des heures de dessin, de planification et de choix des couleurs. J'aime pousser ma pratique jusqu'à ses limites, j'aime travailler avec une équipe et explorer leurs limites également. Il n'y a pas de recettes. Je suis assez obsessionnelle, et j'aime vraiment travailler“.<figure class="image"><img src="/uploads/Tapisseries_De_Combat12_b21729552c.jpg"></figure>Alexandra Kehayoglou : “J'ai passé 10 ans à représenter des terres en déclin et des écocides, principalement de mon pays. J'ai créé des centaines d'œuvres qui représentaient les pampas et prairies, un écosystème qui disparaît au fur et à mesure que l'agriculture transgénique progresse.<figure class="image"><img src="/uploads/Tapisseries_De_Combat21_215aebec2b.jpg"></figure>Mon intention principale a toujours été d'attirer l'attention et de sensibiliser à la beauté et à l'importance de ces paysages, et je comprends maintenant que ce tollé doit être fait à partir d'un lieu d'amour et de compassion envers nous-mêmes pour avoir créé un tel cauchemar. C'est la principale raison pour laquelle je fais de l'art, pour partager un point de vue aimant sur la situation“.<figure class="image"><img src="/uploads/Tapisseries_De_Combat5_1d620e2df0.jpg"></figure>“Je pense que le mal que nous faisons à la terre est le reflet du mal que nous nous faisons à nous-mêmes. Il sera difficile de changer cela si nous continuons à nous faire du mal et à nous faire du mal. Je pense que tout se résume à l'amour, l'amour de soi, l'amour des autres, l'amour de la terre. La nature prévaudra, toujours. Mais nous sommes impliqués dans des cycles vicieux de consommation et de possession sans nous rendre compte que cela se résume à notre propre haine. Notre manque de respect de soi. Ce n'est pas tant la nature qui a besoin d'être sauvée, mais plutôt nous qui avons besoin d'être sauvés“.&nbsp;<figure class="image"><img src="/uploads/Tapisseries_De_Combat6_5a6232d281.jpg"></figure>“Nous ne savons vraiment pas ce qui peut se passer dans le futur. La planète Terre a connu des cycles, nous devons apprendre à vivre en harmonie avec nous-mêmes et avec les autres, et cela se reflétera dans la façon dont nous nous comportons avec la Terre“.<figure class="image"><img src="/uploads/Tapisseries_De_Combat20_be362d69b8.jpg"></figure>

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tapisserie de combat

Matija Bobičić 

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Ce qui fait l’attrait des peintures du slovène de Maribor Matija Bobičić, c’est cette puissante&nbsp;efficacité venant tout droit de l’enfance. On a une impression de dessins qui obtiendraient une bonne note en primaire mais dont on sent qu’ils sont conçus par un adulte, avec des références d’adulte. &nbsp;Les productions éclatantes d’une grande personne qui a su rester enfant.&nbsp;<figure class="image"><img src="/uploads/Enfant_Adulte4_14233f89b8.jpg"></figure>Prématuré en art, Matija Bobičić &nbsp;de Maribor raconte que, comme tout enfant respectable, il aimait jouer avec des petites voitures et des dinosaures, mais très rapidement il s’est mis à les dessiner, et à s’entrainer à reproduire tout ce qui le passionnait. Tous les personnages de dessins animés et de films qui le fascinaient y sont passés. De plus, au lieu d’aller acheter un jouet à l’effigie d’un personnage de dessin animé, il les dessinait lui-même sur du carton, les découpait et le tour était joué. Une sérieuse formation accélérée.&nbsp;<figure class="image"><img src="/uploads/Enfant_Adulte1_853f0d1fca.jpg"></figure>Bien que ses professeurs d'art à l'école n'approuvaient ses talents lorsqu'il s'agit de dessiner les dinosaures de Jurassic Park ou He-man, et lui conseillaient de s'en tenir à Martin Krpan ou Pinochio, des personnages du folklore, têtu il ne s’est jamais découragé. Puis il a pris des cours de peinture, a même raflé quelques prix, et peignait déjà sur toile avant l'école secondaire. Un sacré précoce.<figure class="image"><img src="/uploads/Enfant_Adulte5_aee2f9ddae.jpg"></figure>Puis plus tard Matija Bobičić a obtenu un diplôme d'enseignement artistique&nbsp;à Maribor et a commencé à travailler sérieusement. Matija Bobičić&nbsp;: "En tant que professeur d'éducation artistique, j'étais fasciné par les œuvres que les élèves réalisaient à l'école primaire, par leur façon de s'exprimer et par la liberté qu'ils avaient lorsqu'ils faisaient de l'art ; je voulais vraiment faire quelque chose comme ça moi-même."&nbsp; Sous influence d’enfants il a développé une esthétique issue de "célébrations morbidement joyeuses des jours d'enfance à jamais disparus".&nbsp; Des peintures qui sont à la fois stupides mais intéressantes, maladroites mais imaginatives et pleines de conflits intérieurs d’adulte.<figure class="image"><img src="/uploads/Enfant_Adulte13_71c14b66b9.jpg"></figure>Avec la merveilleuse peinture acrylique comme choix de base (parce qu'elle sèche rapidement), Matija peint rapidement et avec une forte intention de départ. Il lui arrive souvent de démarrer le travail avec une idée en tête, pour ensuite changer complètement de sujet. Une méthodologie spontanée, volontaire et totalement libre, avec une large place pour l’instinct sans jamais d’esquisse prédéterminée. "Je sais en quelque sorte quand arrêter de travailler et donner un titre à l'œuvre en fonction de ce que je vois à la fin".&nbsp;<figure class="image"><img src="/uploads/Enfant_Adulte6_148e703ac1.jpg"></figure>Comme un gamin, Matija a su garder ce processus plus ludique et improvisé que très réfléchi. Ce qui lui préserve sa force brute et qui n’est pas du tout aussi simple qu’il n’y parait.<figure class="image"><img src="/uploads/Enfant_Adulte10_f3547d3df5.jpg"></figure>De plus, ce que l’on ne perçoit pas sur les images numériques, Matija est aussi un fervent défenseur de la texture épaisse et de la force des couleurs, ce qui signifie qu'une pièce a souvent reçu un paquet de couches de peinture avant qu'il ne s’attaque au vrai&nbsp;dessin lui-même.&nbsp;<figure class="image"><img src="/uploads/Enfant_Adulte14_ce655b5717.jpg"></figure>Il a peint des créatures et des monstres avec des sacs pour les courses ces deux dernières années. Toujours largement inspiré par les films de science-fiction et autres dessins animés, sa série récente intitulée Corona Shoppers (titre provisoire), est un miroir de la crise mondiale actuelle, avec des sacs de courses Lidl et Décathlon typiquement urbains tenus par des personnages fantastiques et dystopiques.<figure class="image"><img src="/uploads/Enfant_Adulte8_21e1587946.jpg"></figure>"Au début de la pandémie, les gens se battaient pour des marchandises dans les centres commerciaux, un peu comme les personnages de science-fiction des années 80 qui se battaient toujours pour une ressource essentielle". Ces monstres de fiction sans empathie ni moralité, qu'il compare à ceux qui ont répondu à la pandémie dans un égoïsme total et qui ont complètement oublié la solidarité. (la panique du papier toilette par exemple).<figure class="image"><img src="/uploads/Enfant_Adulte11_7533e9c48f.jpg"></figure>Absorbant, comme le ferait un enfant, le monde actuel qui évolue rapidement, Matija le restitue comme une sorte d'apocalypse, et ses peintures en sont la vision. "Les gens ont commencé à se regrouper en tribus avec leurs propres points de vue sur le monde, et certains sont devenus très hostiles envers les autres - on se croirait dans un film“. Un sujet de prédilection puissant pour le grand môme Matija.<figure class="image"><img src="/uploads/Enfant_Adulte9_cd1bf8ca25.jpg"></figure>Ce grand enfant a parfaitement réussi car il expose un peu partout dans le monde tout en étant professeur d'éducation artistique. Il a fait rien qu'en 2021, sa deuxième exposition personnelle à New York au Marvin Gardens, intitulée "Sneakerheads", et des expositions solo ou collectives à Edinbourg, Miami, Taiwan, sans oublier Maribor sa ville natale.<figure class="image"><img src="/uploads/Enfant_Adulte7_ae157de81d.jpg"></figure><figure class="image"><img src="/uploads/Enfant_Adulte12_a1da456ad0.jpg"></figure>&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;

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enfant adulte

Mimi choi

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Quand au détour d’un lien surprise, on tombe sans savoir ce qu’on va voir sur le travail de Mimi Choi, on pense regarder un compte Instagram d’une artiste digitale douée fortement portée sur le surréalisme. Puis on repère dans la description le “#makeupartist“ (soit artiste du maquillage), et on comprend qu’on a affaire à une maquilleuse complètement hors normes.&nbsp;<figure class="image"><img src="/uploads/Maquillagemimi9_9a621515b7.jpg"></figure>Tout d’abord Mimi Choi atteint un degré de réalisme assez peu courant, ce qui montre un savoir-faire technique plutôt exceptionnel. Mais heureusement, il ne s’agit pas que d’une démonstration, elle met ses capacités au service d’un surréalisme débridé. Et elle semble prendre un malin plaisir à développer une illusion visuelle troublante à laquelle on se laisse toujours prendre jusqu’à un sentiment de malaise&nbsp;parfois. Ce qui achève de nous convaincre.&nbsp;<figure class="image"><img src="/uploads/Maquillagemimi7_c5e0e79002.jpg"></figure><figure class="image"><img src="/uploads/Maquillagemimi12_55890fea59.jpg"></figure>Il est particulièrement étrange de circuler sur son compte Instagram (avec une grande communauté de plus de 1,5 million de followers) et d’alterner images fixes puis movies dans lesquels ces images fixes s’animent, toujours de façon très surprenante. Les yeux se dédoublent, les visages se déforment, et l’on se retrouve en face de portraits mélangeant plusieurs faces de la même personne. On ne sait pas toujours quelle partie du visage on regarde, la vraie ou la fausse. Il en surgit une beauté fulgurante ou cauchemardesque selon les cas. Ce qui est troublant de surcroit, c’est que cette “même personne“ à multiples visages est bien souvent Mimi Choi elle-même. C’est à dire qu’elle s’auto-maquille en ces créatures hybrides fascinantes.<figure class="image"><img src="/uploads/Maquillagemimi5_01b2bfe352.jpg"></figure><figure class="image"><img src="/uploads/Maquillagemimi8_f55350f150.jpg"></figure>Mimi Choi dit que ces sources d'inspiration ont des origines innombrables, comme c’est le cas pour beaucoup d’artistes. Des motifs et des textures qu'elle trouve dans sa vie quotidienne, de l'art numérique ou des peintures d'artistes surréalistes comme Salvador Dali ou M. C. Escher. Mais elle a la particularité de souffrir d’un trouble singulier, elle traverse des épisodes de paralysie du sommeil. Des expériences de catalepsie qui la laissent souvent paralysée au réveil, bien que consciente. Dans ces moments, Mimi a des hallucinations vives et souvent effrayantes, elle visualise les visages plus morbides, déformés, distordus qu'elle transfère ensuite à son corps. Le cauchemar et sa fascination sont donc bien tout proches. Pour le plaisir de nos yeux.<figure class="image"><img src="/uploads/Maquillagemimi2_4c2a2f2dfc.jpg"></figure><figure class="image"><img src="/uploads/Maquillagemimi10_b566591a43.jpg"></figure><figure class="image"><img src="/uploads/Maquillagemimibis_3c3dd6e3d5.jpg"></figure><figure class="image"><img src="/uploads/Maquillagemimi11_a3670afddb.jpg"></figure><figure class="image"><img src="/uploads/Maquillagemimi4_9a7d60b724.jpg"></figure>&nbsp;<div class="raw-html-embed"><iframe src="https://www.youtube.com/embed/TS0PGAshjn0" title="YouTube video player" allow="accelerometer; autoplay; clipboard-write; encrypted-media; gyroscope; picture-in-picture" allowfullscreen="" width="560" height="315" frameborder="0"></iframe></div><div class="raw-html-embed"><div style="position:relative; max-width:400px; min-width:100px;overflow-y: scroll;"><iframe src="https://www.instagram.com/p/CQgc3MlhEXu/embed/" allowtransparency="true" allowfullscreen="true" data-instgrm-payload-id="instagram-media-payload-0" scrolling="no" style="background: white; max-width: 540px; width: calc(100% - 2px); border-radius: 3px; border: 1px solid rgb(219, 219, 219); box-shadow: none; display: block; margin: 0px 0px 12px; min-width: 326px; padding: 0px;" height="681" frameborder="0"></iframe></div></div>

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