L’univers iconoclaste et saturé de Nils Bertho s'inscrit dans la grande tradition de la scène "outsider" française (c’est-à-dire en marge du marché de l’art). 
Nils Bertho : "Il existe une dimension où on est encore tous ensemble" c'est mon tout nouveau grand livre de dessin tout détaillé, y’a toute la place pour l'image. Ce graphzine a failli s'appeler "Les Croisades Sanguinolentes" mais le continuum espace temps s'en est encore mêlé. C'est entièrement édité et sérigraphié par Le Dernier Cri : le temple de l’impur marseillais aux 1000 artistes dégénérés et également maison d'édition du gourou du 9eme cercle de l'enfer, Pakito Bolino. On peut le commander sur mon site ou celui du Dernier Cri pour 66,66€. Il est limité à 100 exemplaires donc méga collector pour les fans hardcore jusqu'à la mort.  👁️👹👁️"
Pour résumer, c’est donc une monographie d’artiste, tout en sérigraphie, au tirage limité, et en plus le prix est 66,6 soit le chiffre du diable. Maléfique tentation pour un bien bel objet.

Nils Bertho est une éponge à références graphiques, il aspire, mâchonne et recrache sur toile ou sur papier. Sa nourriture visuelle provient des légendes et fresques médiévales, des estampes japonaises, de l’univers manga "dark-fantasy", des dessins animés de son enfance, du dessin alternatif, de la bande dessinée, de l’iconographie des comics américains, de la culture internet, des jeux vidéos, de l’histoire de l’art ou encore des rites vaudou, de la symbolique ésotérique, et bien sûr, forcément de son imaginaire et de son bestiaire personnel en perpétuelle mutation
Devant une telle profusion de mélange des genres, on a préféré demander à l’intéressé. Et comme Nils Bertho a très gentiment répondu à quelques questions, on en est ravis.
Nils Bertho : "Je viens de lire mon horoscope - chose que je ne fais jamais - et ça dit que les cancers se réfugient constamment dans leur enfance, donc voilà j'me suis amusé à orienter les réponses à travers ce prisme". 

Nils Bertho : "Dans mon travail, je veux raconter des histoires, chaque dessin ou tableau raconte son histoire. Mêler les espaces temps dans d’épiques batailles pour confronter des choses qui n'ont pas l'habitude de se rencontrer c'est super excitant. Et à partir de cette idée, tout ce qu'on imagine peut prendre vie par le dessin. Avec mon ami d'enfance, quand on devait avoir 10 ans, on aimait bien élaborer des installations de jouets, on fouillait dans les caisses, et on improvisait pour se créer ce qui allait servir de base de décor, dans laquelle nos figurines et personnages allaient évoluer. Ça prenait plusieurs heures et c'était le meilleur moment en fait. Maintenant j'ai plus de jouets mais je peins avec mon regard d'adulte des batailles de jouets, et la saturation est mon maître mot". 👁️🧠👁️

Nils Bertho : "Dès le plus jeune âge on nous file une feuille et des feutres pour dessiner. Ben, moi, j'ai commencé comme ça, comme tout le monde, sauf que pour moi, ça ne s’est jamais arrêté. Donc je montre, je publie et j'expose ce que je fais depuis 2008". 👁️🦷👁️

Sa dernière série "Invocations Suprêmes" est une stupéfiante production de grands formats sur toile.
Nils Bertho : "Dans cette série, je raconte sur de grandes toiles les légendes chargées de tension d'un monde peuplé de créatures hybrides qui s'affrontent et se livrent à d'étranges rituels, aussi improbables qu'ésotériques". 

Nils Bertho : "Toutes mes références proviennent d’une collection d'images issues d’internet dans laquelle je puise constamment pour créer mon propre univers ; mes mains se chargeant ensuite du reste dans un processus de contamination plus ou moins inconscient de l’espace-toile. Je mélange les choses à la Frankenstein et je ne réalise aucun tracé ou ligne de construction au préalable. Préférant laisser une grande place à l'improvisation, j'aime équilibrer la composition au fur et à mesure qu'elle se construit et j'aime inscrire mes notes et idées sur les bords du cadre". 👁️🦖👁️

Nils Bertho : "Les techniques sont mixtes sur les toiles en couleurs, il y a beaucoup d'encre et mon outil préféré reste le Rotring. Sur mes grands tableaux, il y a parfois 400 heures de travail. Je les considère comme terminés lorsqu'ils sont entièrement saturés de détails, et je souhaite que l'on puisse s'y plonger, s'y perdre complètement pour redécouvrir sans cesse de nouvelles choses, jouant ainsi avec les limites de la mémoire photographique". 👁️🕷️👁️

Si vous faites un tour sur son site, vous verrez qu’en plus d’être Montpelliérain, Nils Bertho est un sacré artiste multi-tâches : en plus d’être un dessinateur compulsif, il est chanteur à mi-temps dans le boys-band Adolf Hibou, tatoueur (cf les flash tatoos ci-dessus) ou éditeur. Il s'épanouit dans une forme de profusion chaotique pour mieux revendiquer une production ultra instinctive.
Nils Bertho : "Je bosse sur plusieurs expositions jusqu'en décembre, sur un calendrier "chevals 2023", sur un vidéo-concert avec mon groupe Adolf Hibou et sur ma 1ère bande dessinée". 👁️🔥👁️

Régulièrement publié par la revue Hey !, et exposé en mars dernier par la galerie Arts Factory, Nils Bertho a ce qu’on appelle un agenda bien rempli, et c’est tant mieux. Il ne faut surtout pas se priver d’aller voir les (grandes) toiles de Nils Bertho dans la vraie vie, l’effet en est totalement démultiplié.
Une exposition est dans un horizon proche à la halle Saint-pierre à Paris, du 5/05 au 3/07, "Hey ! presente Nils Bertho & Troy Brooks". Et également  du 1/05 au  19/11 : dans la Galerie Vidourle Prix à Sauve dans le Gard en compagnie de Robert Crumb. Du 5/06 au 25/09 : avec Arts Factory au Centre d'Art Contemporain de l'abbaye d'Auberive en Haute-Marne.

Pour la route, on a demandé à Nils Bertho une petite référence qu’il aime particulièrement.
Nils Bertho : "si tu t'emmerdes : lis Berserk ! Evidemment. 👁️🖤👁️"
Berserk est un manga de dark fantasy de Kentarō Miura. Il est prépublié depuis 1989 dans le magazine Young Animal de l'éditeur Hakusensha, et 41 volumes sont sortis en décembre 2021. La version française est éditée par Glénat et 40 tomes sont sortis au 17 avril 2019.