Nous attendions l'opportunité de vous parler de cet animateur génial que nous suivons - et chérissons - depuis longtemps maintenant. En voici une ! À cette occasion, vous pourrez en profiter pour (re)voir toute sa filmographie, et si vous êtes ou devenez fans absolus (comme nous le sommes) vous aurez même la possibilité d’accéder à la propriété d’un véritable morceau de Jake Fried (mis en vente ici). Et avoir l’immense satisfaction d’avoir un Jake Fried accroché au mur. 

Night Vision - 2015

Commençons donc par raconter cet étrange objet qu’est Night Visions ci-dessus, un " autoportrait " réalisé il y a 7 ans et en dix mois. Night Vision est le résultat d'une " méditation de centaines d'heures de nez sur le papier ". Le processus de Jake Fried est simple : utilisant de l'encre noire ou couleur - parfois de la gouache, du collage ou du café - il dessine une première image, et la scanne. Puis à l’aide éventuellement de blanc couvrant genre Typex, il crée une nouvelle image par-dessus la précédente, scanneant ainsi ses étapes au fur et à mesure dans Photoshop. Répéter, répéter et répéter, à raison de peu d’images par jours sur dix mois. Finalement, les scans sont séquencés à 24 images par seconde, et il compose lui-même la piste audio. Il chemine ainsi pas à pas vers la conclusion de ce tunnel hallucinatoire

The Blank Page - 2020.

Ce Night Visions c'est donc la succession de 1440 scans, mis en vente depuis peu individuellement comme NFT (ici). 315 sont déjà achetées, mais cela vous laisse encore un large choix…

The Deep End - 2013.

Le travail si particulier de Jake Fried a attiré notre attention pour la première fois vers 2013, avec son deuxième film «The deep end». Ses premières animations étaient alors plus brutes et désordonnées, mais dégageaient déjà une vision tellement puissante que nous avons suivi fidèlement son parcours depuis lors. Devant un film de Jake Fried, on a l'impression d’assister à un dessin en pleine création et c’est bien cela dont il s’agit. Jake Fried a depuis toujours retravaillé sans relâche ses dessins et peintures, il construisait ainsi ses " tableaux " inlassablement, comme à la recherche de son processus. Qu’il a trouvé lorsqu'il a commencé simplement à enregistrer sa façon de procéder. Et là, en rendant visible le temps, il a pu véritablement observer ce qu'il faisait. Et c'est ainsi que Jake Fried est devenu animateur

Paper Trail - 2017.

L'effet produit par ses films est complètement hypnotique et réclame souvent plusieurs visions, tant ils fourmillent de détails minutieux dans une surcharge cohérente. Avec cette sensation unique de voir des dessins habités prendre vie sous vos yeux à mesure que les idées, les formes, les motifs se transforment.
Jake Fried : " Chaque image dessinée n'est qu'une petite partie d'un tableau beaucoup plus grand. Par un travail lent et régulier, je peux créer quelque chose de plus profond et plus complexe qu'une seule image ne pourrait jamais atteindre."

The Blank Page - 2020.

Cas assez rare, Jake Fried travaille sans aucun scénario, sans story-boards. Fried laisse ses films " devenir eux-mêmes à travers le processus de fabrication ". Ainsi pour Night visions, à l’occasion de cette vente, il raconte : " C'est la première fois que je faisais un de mes films en noir et blanc pur. Et je voulais essayer de réduire l'imagerie figurative autant que possible. Encore une fois, quand je fais mes films, je n'ai pas de plan préalable. Je ne les scénarise pas. Il s'agit d'y aller image par image. Ainsi, lorsque j'ai démarré Night Vision, je ne savais pas qu'il s’appellerait ainsi. Je trouvé cette « vision nocturne » en faisant le film une image après l’autre. II commence avec une feuille de papier blanc, c'est la toute première image. Et dès les images suivantes apparaissent des ferrures bleues. Et c'est à ce moment-là que cela est devenu la " vision nocturne ", littéralement. Tout en me demandant où tout cela irait. "
Il est en quelque sorte guidé de bout en bout par le dessin, reflet de son inconscient.

Brain Lapse - 2014.

Jake Fried s’est aperçu au fil du temps que les expositions en galerie ne lui convenaient pas vraiment. Comme tout ce style de vie d'artiste qui consiste à produire un ensemble d'œuvres, les accrocher dans une galerie, et essayer de vendre quelques pièces. Puis ça s'arrête au bout d'un mois ou deux, et ensuite on fait la prochaine exposition. Pour lui, c'est comme s'il manquait quelque chose, car même si ses films peuvent être projetés, ils sont surtout vus en ligne. Sa galerie est en effet plutôt Vimeo, il collectionne les Staff picks ”. Si Jake Fried fabrique très analogiquement, en recouvrant l’image précédente il ne lui reste plus que des traces numériques de son process. Donc naturellement, tout converge logiquement vers le NFT.
Jake Fried : " Mon but, c'est que dans 100 ans, mon travail, puisse émouvoir quelqu'un de la même manière qu'il le fait maintenant. C'est pourquoi je veux être sur la blockchain." 

The Deep End - 2013.
Brain-Wave - 2019.

Jake Fried : " Il s'agit là de transformations de la conscience, c'est ce qu'est l'expression pour moi. C'est comme le nec plus ultra de la narration. Et c'est exactement ce que je veux que l'art produise pour le spectateur et ce que je veux faire aussi pour moi. Comme si parler en anglais ne traduisait pas mes propos, et que mon travail artistique était vraiment ma véritable expression. "
Oui, c’est bien la sensation que l’on en retire, un dessin qui s’anime en branchement direct avec les tréfonds du cerveau d’un certain Jake Fried. Précisons que ce temps de cerveau disponible, il le prend en dehors de son activité " normale " de professeur d'animation à plein temps au Massachusetts College of Art & Design. Il consacre entre 40 et 60 heures par semaine à ses films, soit environ 2,5 secondes de nouvelle animation seulement. 
Ce sont donc de longues tranches de sa propre vie qu’il donne à voir à nos yeux émerveillés.
Merci Jake ! 

Brain-Wave - 2019.
Paper Trail - 2017.