A l’occasion de leur passage très attendu ce vendredi 10 septembre 21 dans l’éclectique festival Idéal Trouble à la Station-gare des Mines, voici Duma. (Vidéo ci dessous). La consonance pourtant douce de "Duma" est trompeuse car cela veut dire "ténèbres" en kikuyu. L’idée n’est vraiment pas de présenter ici une énième bizarrerie exotique, celle-ci du Kenya, venant d’un continent dont le métal et la "musique des ténèbres" n’est certes pas la spécialité. Point de cette "curiosité" indulgente mal placée envers des enfants patauds s’essayant au hardcore, quand il y a un an environ, Duma, duo métal expérimental kenyan, a débarqué avec son disque sous le bras.

Un album ne ressemblant à personne, ils ont inventé une sorte de métal brutal et industriel du futur, en y ajoutant des voix parfois parlées et incantatoires côtoyant les growls, et une couche d’électronique ambient. Dans des sonorités inédites et maitrisées, ils sont capables du mélange complètement original du grindcore et breakcore avec la musique tribale, utilisant parfois comme produit liant un nappage atmosphérique surprenant. Ils ont su parfaitement profiter de leur origine géographique pour ouvrir une nouvelle route. 
Du très singulier de qualité donc, à voir en plein air !   

Martin Khanja (aka Lord Spike Heart) et Sam Karugu émergent de la scène métal underground florissante de Nairobi en tant qu'anciens membres des groupes Lust of a Dying Breed et Seeds of Datura. Ensemble, en 2019, ils ont formé Duma, Sam abandonnant la basse pour la production et les guitares et Lord Spike Heart apportant un chant extrême au projet.

Enregistré aux Nyege Nyege Studios à Kampala pendant trois mois au milieu de l'année 2019, leur premier album éponyme est très convaincant. L’album Duma se divise en deux parties assez distinctes : les chansons les plus frénétiques se trouvent au début, tandis que celles de la fin sont plus méditatives, mais tout aussi indéfectiblement sombres à l’image de leur nom. 
En pratique, cela peut donner l'impression de mettre un masque apaisant après un gommage. 
Depuis 2014, Nyege Nyege est le festival qui détecte et programme la musique underground d’Afrique de l’Est. A l’origine du festival, il y a Derek Debru et Arlen Dilsizian et leur volonté de promouvoir les artistes alternatifs ougandais. Mais très vite, le grand succès du festival dépasse largement Kampala, la capitale. Pour augmenter leurs capacités de promotion, Debru et Dilsizian fondent le labelNyege Nyege Tapes, pour la distribution, puis Hakuna Kulala, label digital plus centré sur les musiques expérimentales et club.

Dans le début du disque, le savant assemblage de batterie brutale, de trap industriel caustique, de guitares déchiquetées inspirées et de changements de vitesse abrupts crée une menace atmosphérique sombre et mortelle sur des morceaux comme l'ouverture "Angels and Abysses", "Omni" ou "Uganda with Sam".

Puis en deuxième phase, la lenteur exténuante de la techno et les chants monolithiques de "Pembe 666" (clip ci-dessus) ou "Sin Nature" ajoutent une pincée d'inévitabilité dramatique, apportant un nouveau sens de la théâtralité et du destin terrifiant qui attend la progression du disque.

En conclusion, voici ce que présage Duma en présentation de leur disque : "Une sinistre agression sonore d'une intensité féroce qui ne tient pas compte des styles, Duma promet d'avoir un impact sur la scène métal africaine en plein essor, en l'amenant vers des territoires expérimentaux totalement nouveaux et stimulants".
Tout cela est très stimulant, c’est certain.
Actualisation : Voici un aperçu de leur passage au festival Idéal Trouble en septembre 2021.