Au cours de nos brillants cursus scolaires respectifs, au CE1 voire même au CE2, on a tous badigeonné, gribouillé, dessiné sur une main ou deux, que ce soit les nôtres ou pas. Et c’est un délicieux exercice qu’on regrette tous d’avoir abandonné sans oser se l’avouer. Donc quand on tombe sur cette vidéo de Nicolas Carnol, ça fait juste plaisir de constater que certains persistent dans cette pratique en adultes et surtout poussent le "barbouillage" sur main à un niveau nettement supérieur. Car ce belge très doué en stop motion est passé à une version animée et créative pour un petit film au dispositif tout basique (une main + de la peinture). Et il trouve pour chaque plan une idée différente, au point qu’on voudrait voir durer encore et encore cette démonstration de simplicité

Mais comme l’ami Nicolas n’est pas égoïste, il consacre toute la suite de la vidéo à vous expliquer dans les moindres détails comment il a fabriqué chaque plan. Et c’est un super prof qu’on aimerait avoir eu au CE1 justement. Si vous ne le saviez pas déjà, son cours magistral va vous permettre de vous rendre compte, que la stop motion, c’est très très long à faire. Mais le résultat en vaut le coup.
Pour compléter son cours, on a demandé à Nicolas comment il travaille comme animateur en stop mo.

Nicolas Carnol : "J'étais en train de peindre un décor pour une animation et j'avais trop de peinture. Je décide sans trop de raison de peindre ma main avec le surplus à la place de la jeter directement.
Puis je regarde ma main et me dis : waaah, il y a moyen de faire une animation avec ça ! J'ai alors cherché plein d'idées pour animer la peinture de façon différente, pour l'exploiter au maximum".

Nicolas Carnol : "Souvent, je cherche mes idées jusqu'à avoir 80% du "scénario". Tout ça, dans ma tête. Quand il y a beaucoup de choses ou que ça doit être en rythme sur une musique, je mets tout ça par écrit. Je ne fais jamais de storyboard, même si c'est super utile, j'ai horreur de faire ça et je n'arrive pas bien à les faire.
En fonction de l'animation, je crée tout ce dont j'aurai besoin pour commencer l'animation. Ça peut être des impressions 3D, sculpture, peinture, armature ... Tout dépend du projet.
Ensuite, je prépare le studio : la scène, les éclairages, l'appareil photo, l'ordinateur"...

Nicolas Carnol : "Je commence à shooter en image par image pour 12 ou 25 ips (image par seconde). A force de pratiquer, je sais comment déplacer l'élément que j'anime, si je dois le bouger de beaucoup ou non. Généralement, avant de prendre la photo, j'alterne très rapidement entre la photo prise juste avant et le "liveview" (vue en direct) pour voir si ça a l'air bon. Sinon il y a également l'"onionskin" qui permet de voir en transparence qui est pas mal utile". 
(Ndlr : La "peau d'oignon", en animation, est une technique utilisée pour créer ou de modifier une image en fonction des images précédentes vues en transparence). 

Nicolas Carnol : "Je modifie souvent mon scénario en fonction de ce qui rend le mieux et des idées que j'ai sur le moment même. Au final, je garde 60% de la préparation et je dirai 40% d'impro.
Une fois l'animation terminée, je passe à la post production. Cette partie est assez répétitive, la plus grosse partie du travail est l'animation de masque sur After Effect ou des retouches de photos une à une sur Photoshop. Souvent pour effacer des supports ou corriger des petits défauts".

Nicolas Carnol : "J'aimais l'univers des jeux vidéo et du graphisme, après mes études en général (=BAC), j'ai décidé d'aller dans une école d'infographie.
Grâce à ma première année qui m'a permis de toucher un peu à tout, je me suis orienté dans la section illustration/animation. J'étais sûr de vouloir faire de l'illustration. Mais on nous a obligé à tester les 2. Par pur hasard, j'ai fait le travail en animation stop motion et j'ai pris beaucoup de plaisir à le faire et je l'ai même mieux réussi que le travail d'illustration. Voici ma toute première animation, lorsque je ne connaissais encore rien".

Nicolas Carnol : "Mon prochain projet qui arrive très bientôt est la réalisation d'un rappeur en figurine animable. Je n'ai jamais été 100% satisfait de mes personnages. Ici, je vais pousser la technique plus loin en créant des visages interchangeables (au nombre de 20 ou 30) modélisés et imprimés en 3D, des vêtements plus détaillés ainsi qu'une armature plus solide. Un projet à plus long terme est la réalisation d'une mini-série d'animation avec des épisodes de 2 min. Je travaillerai avec quelqu'un pour le scénario et je veux aussi la faire doubler par de vrais comédiens de doublage. J'ai déjà bien avancé sur le concept, mais ce n'est pas pour tout de suite".


Nicolas Carnol : "La vidéo qui m'a le plus inspiré et de loin est celle ci-dessous. Il y a tout ce que j'aime, c'est un clip, l'animation est en rythme, le concept est original et hyper bien foutu. J'aime tellement cette animation que j'aimerai trop en être le créateur".

Après tout ceci, vous voilà (très) dangereusement armé pour vous lancer bille en tête dans vos premiers plans en stop mo. Que vous les réussissiez ou pas, vous conviendrez aisément qu’il n’y pas meilleur prof que Nicolas. A vous maintenant.