Pendant un confinement sanitaire, par pur goût de l’humour potache et pour troller un groupe d’artistes sur Facebook, la londonienne Sarah Sharp s’est lancée dans la poterie hardcore. Mais elle ne s’attendait pas du tout à recevoir de vraies commandes !
Un monsieur poilu porte un masque de Winnie l’ourson qui dissimule mal ses petits yeux porcins, un trou du cul de vache déroule des bobines de fil à coudre, un vilain pénis fripé semble nous regarder droit dans l'œil… Tout cela sur des pots de fleurs : “WTFPots” ? What the fuck pots! Tout le postulat artistique de Sarah Sharp tient dans le nom de son projet.
De son propre aveu, Sarah n’avait pas touché à la sculpture ni à l’argile avant ses 19 ans, malgré un passage dans une école d’art à Londres. Mais à la faveur d’un confinement sanitaire en 2020, placée en chômage technique, elle s’est lancée dans la confection de pots de fleurs à l’humour potache et gore.
Sarah : " J’ai acheté un pain d’argile pour m’occuper au cours du premier confinement. J’ai commencé par un prolapsus anal (une descente d’organe) et je l’ai posté dans un groupe d’artiste Facebook pour me marrer, pour choquer les gens et m’amuser de leurs réactions. Mais j’ai été extrêmement surprise de constater combien ils aimaient ça, on me demandait même combien ça coûtait ! "
Pas du genre à se démonter, Sarah crée alors WTFPots sur Instagram avec une galerie Etsy pour vendre ses produits cauchemardesques.
Sarah : " Quand j’ai commencé à faire ça, je ne pensais pas du tout vendre mes pots ! Je voulais juste susciter une réaction chez mes colocataires et les gens sur Internet, juste pour me distraire. Mais comme les gens semblaient vraiment aimer mes trucs, j’ai commencé à explorer leurs réactions. J’essayais de creuser ce qui provoquait leur dégoût, par exemple les pieds, les orifices ou encore les choses étranges qui débordent des orifices. "
Mais pourquoi un tel goût pour l’organique "Cronenbergien", Sarah, pourquoiii ? La fausse ingénue se sait très coupable et elle adore ça, mais elle se trouve tout de même des circonstances atténuantes.
Sarah : " J’ai le cuir épais, une vraie peau de rhinocéros et ma passion c’est d’observer les réactions des autres, bonnes ou mauvaises. Alors ça m’amuse encore plus quand on me trouve dégueulasse, bizarroïde ou carrément super perverse (je dois bien admettre, ce n’est pas tout faux). Je n’ai aucun filtre et aucune vision ne va me choquer. J’ai toujours été fascinée par les trucs qui dégoûtent les autres. Je plaide coupable, mais j’ai eu des influences : les films d’horreur et les sites internet comme Ogrish et Rotten m’ont totalement désensibilisée quand j’étais gosse. "
L’inspiration de Sarah ne lui vient pas que de ces visionnages extrêmes, elle confesse aussi un goût prononcé pour les petits musées des horreurs et les cabinets de curiosité comme le musée de zoologie Grant ou la fameuse exposition itinérante Body Worlds qui présente des cadavres humains conservés et ouverts.
Pour ce qui est de la confection de ses petits objets salaces, la recette est simple. Sarah commence par découper un cercle pour le fond du cache-pot, puis un rectangle pour le côté. Elle assemble à la colle puis laisse reposer 30 minutes. Elle obtient ainsi une structure sur laquelle elle va pouvoir travailler. Selon un principe d’accumulation, elle vient ensuite ajouter l’argile sur la structure avant de laisser sécher pendant trois jours. Elle corrige ensuite au papier de verre avant de passer à la phase peinture. Pour finir, elle asperge son petit cauchemar d’un spray protecteur et enduit l’intérieur du cache-pot avec un produit hydrofuge. En avant les horreurs !
Sarah : " J’ai eu le plaisir de collaborer avec Amy de I Felt Kitsch (dont nous avons présenté le travail ici) pour qui j’ai réalisé de sales petites tronches qu’elle a utilisées pour ses créations formidables. J’aimerais beaucoup réitérer l’expérience avec d’autres artistes. "
En ce moment, l’artiste du pot pourri travaille sur des décorations de Noël pour embellir les fêtes familiales qu’elle veut " aussi bizarres qu’uniques. " Dans la famille des gros dégueulasses de l’argile, elle nous recommande les artistes Crooked Smile Claywork, That’s Vile, et son amie Amy de I Felt Kitsch. Sarah : " Ce sont des artistes bizarres, mais également des personnes adorables. "
Sacrée Sarah, elle est charmante et marrante, non ?
Et, puisque vous êtes restés jusqu'ici, en voici une dernière assez radicale :