Le projet s’appelle "I Felt Kitsch" et effectivement, c’est kitsch, mais pas que… La british puise son inspiration dans le monde de l’enfance en prélevant des têtes de poupées et dans celui de l’horreur ou de la science-fiction en faisant directement référence aux dinosaures de Jurassic Park ou de Toy Story, ou au clown ricanant de Stephen King.

Amy Coleslaw : " J’ai fait un voyage à Vancouver (Canada) en 2017 et je me suis rendue au marché de l’île de Granville. J’ai découvert le stand de Shima Itabashi qui présentait de mignonnes petites figurines en feutrine… J’en suis immédiatement tombée folle amoureuse. Je n’avais jamais entendu parler de cette technique auparavant, mais dès que je suis rentrée en Angleterre, j’ai fait des recherches à ce sujet et je m’y suis mise. J’ai commencé avec des portraits de petits animaux pour des amis et la famille, mais c’est pendant le confinement que j’ai vraiment utilisé tout ce temps libre pour trouver mon propre style. "

Amy Coleslaw a le don de tout rendre absolument flippant et son travail souligne combien les jouets pour enfants peuvent très rapidement basculer de l’autre côté de la barrière pour venir hanter nos cauchemars. Sa technique est hybride : maestria de la feutrine à l’aiguille pour créer de bon gros personnages bien douillets à croquer tout plein, décapitation de poupées choupinettes et maquillage de clown à la truelle pour finir le monstre mignon.

Amy Coleslaw : " J’ai toujours collectionné les bibelots vintage chinés en brocante. Tous les weekends, on peut facilement me retrouver dans les vide-greniers de mon secteur ou dans les ventes de charité. Mon grand-père m’a initiée quand j’étais gosse, en allant fouiller dans les décharges. Je ne le remercierai jamais assez de m’avoir appris à trouver mon bonheur dans les poubelles des autres ! Je suis particulièrement fan des vieilles poupées (plus elles sont flippantes, plus je les aime) et des jouets vintage de marque Rushton. J’adore l’idée de donner une seconde vie à un vieux jouet abîmé. "

Quand elle travaille, Amy aime écouter des documentaires ou des podcasts sur les histoires criminelles. Amy Coleslaw : " Le travail à la feutrine est extrêmement chronophage. Une poupée peut me prendre deux à trois jours de travail. Alors il me faut quelque chose de très intéressant à écouter pendant que je travaille. "

Amy confesse des influences diverses : Mr Blobby (un terrifiant personnage pour enfants de la BBC), les clowns, la nature, les petits chiens-chiens, l’univers des femmes âgées, les couleurs pastel, les villes côtières, les animaux à deux têtes, Toy Story… Les Teletubbies, Barbies, Action Man et Mickey passent un sale quart d’heure : une fois qu’elle leur a arraché la tête, elle la plante sur une pique, puis elle emballe le tout à la feutrine colorée. Thème récurrent : le monstre bicéphale, une particularité physique qui rappelle les vitrines du Muséum d’histoire naturelle ou les créatures de l’Antiquité grecque.

Amy Coleslaw : " Je fais d'abord un tour de ma collection de têtes, puis j’en choisis une et je me fais une petite idée de ce qu’elle va devenir. Je fabrique une armature en métal et je commence à tisser la feutrine autour, une couche à la fois. Enfin, j’ajoute les couleurs et les petits détails, comme des griffes ou des petits chapeaux de fête. "

Le résultat est trognon et effrayant, mais Amy ne s’arrête pas là : elle filme les petits figurines pour qu’on puisse les mirer sous toutes les coutures avec une musique d’ambiance, comme une vraie petite bande-annonce avant de les mettre en ligne sur sa boutique Etsy, pour que chacune et chacun puisse acquérir une de ses mignonnes atrocités. Attention, les prix peuvent faire un peu bobo au porte-monnaie, mais l’art a un prix ... Ici cela va de 75 à 350 euros pour la petite bête. Quand elle a commencé en 2020, les prix étaient plus modérés, mais c’est la loi de l’offre et de la demande !  (Vente dans son shop ou ici sur Etsy)

Mais Amy fait également de seyants tote-bags imprimés dans l’esprit de ses personnages pour la modique somme de 18 euros (épuisés pour le moment) ou encore des petites boucles d’oreille en feutrine pour quelques euros de plus. Elle travaille aussi sur commande, si vous êtes à court d’idées pour votre petite cousine à Noël. Au moment où nous lui parlons, elle confectionne un asticot multicolore

Amy : " Je commence une collaboration avec les artistes américains de The Black Moth Society qui achètent des figurines dans des boutiques vintage, les transforment puis les remettent en place dans la boutique. Ils viennent de m’envoyer une tête pour laquelle je vais réaliser un corps avant de la déposer discrètement dans une boutique de charité ici en Angleterre ! "

Amy a également fait d'autres collaborations, sa préférée était celle avec l’artiste du sud de Londres Sarah aka WTFPots qui fabrique des pots de fleurs grand guignol à base de zobs et de trous du cul, proprement dégueulasses et hilarants. La devise de Sarah est : " en mettant de l'anal dans l'artisanal, je crée d'étranges pots aux couleurs esthétiques. "
Quand on lui demande quel-le-s artistes elle admire, Amy cite : 
(Les liens sont dans les images)

 Mark Ryden
Bruno Pontiroli
 Mab Graves
Fiona Hewitt 
Yves Decamps

Yves Decamps dont nous sommes très friands également et dont nous allons vous parler la semaine prochaine car il a eu la gentillesse de répondre à quelques unes de nos questions. À très vite, donc !