Les plus convaincus peuvent même aller jusqu’à lui donner 100 dollars pour un abonnement à vie, mais de son propre aveu, il n’a vendu qu’un seul abonnement de ce type et n’a jamais revu le client qui voulait probablement juste soutenir un artiste de rue.
Innocent et rigolard, Ricky a développé un style sans méchanceté qui rappelle les caricaturistes de rue. La petite différence, c’est que dans son cas, l’objet du sourire ne réside pas dans la maestria du dessinateur, mais dans la piètre qualité du résultat. Mais à bien y regarder, il faut quand même lui reconnaître un talent certain pour saisir la personne. 

En fin de compte, l’Instagram de Ricky est un vrai plaisir pour les yeux : d’une part on ne peut pas s’empêcher de ricaner en faisant défiler les portraits, d’autre part, la foi en l’humanité est partiellement restaurée quand on pense que ces passants ont payé 5 dollars pour se faire massacrer au feutre avant de poser fièrement avec le résultat moche, la naïveté gentillette des gens de New York suscite sa part d’émotion.
Chaque portrait lui prend 60 secondes sur du A4 de base, les bons jours en été, il dit pouvoir se faire jusqu’à 1000 dollars quand même. 

Ricky Brown : " On me demande souvent si je sais dessiner, mais je ne sais jamais quoi répondre. "Really bad", c’est tout un style et je suis le plus mauvais qui s’y soit jamais employé. C’est un honneur pour moi, j’ai travaillé très dur pour y parvenir. Je sais dessiner, mais très mal. J’ai cette capacité de réaliser des portraits immondes ".

Ricky Brown : " Il y a une scène du film Fight Club dans laquelle Tyler Durden demande : "Qu’est-ce que vous voulez faire avant de mourir ?" Et un type répond : "Réaliser un autoportrait." Je crois que c’est ça qui m’a poussé dans cette obsession de faire mon autoportrait jusqu’à parvenir à en réaliser un qui soit super réaliste. Mais j’échouais constamment, encore et encore et encore… Un jour, j’étais tellement frustré de cette situation que j’ai pris un feutre et j’en ai fait un méga moche, vite fait mal fait. J’ai regardé le truc et je me suis dit qu’en fait, ce serait rigolo de proposer aux gens de leur tirer de mauvais portraits contre de l’argent ".

Ricky Brown : " J’aime prendre une photo après, parce que je trouve tous ces New-Yorkais si beaux et élégants. J’aime bien l’idée de garder le dessin avec moi, d’une certaine manière ".

Ricky Brown : " Franchement, personne ne le prend mal. Ils savent tous pourquoi ils paient et l’expérience en elle-même fait partie de la prestation. Il arrive souvent que quelques personnes s’arrêtent pour regarder pendant que je dessine et je me positionne de façon que tout le monde voie la personne et le portrait. Et tout cela se transforme en une sorte de performance de rue qui implique les 
spectateurs ".

Ricky Brown : " J’entends souvent dire "only in New York". Pour moi, cette ville est une machine qui peut produire une quantité immense de créativité et il y a énormément d’artistes ici qui font des choses vraiment géniales. J’aime vraiment New York. Malgré tout, j’ai décidé d’emmener l’expérience Really Bad Portraits en voyage et j’espère même avoir l’opportunité de traverser l’Atlantique et de faire un vrai tour du monde ".

Ricky Brown : " On peut me trouver la plupart des samedis au @queensnightmarket, tous les dimanches au Grand Bazaar NYC, ou bien au hasard à Washington Square. "
Article écrit par un pratiquant assidu du dessin approximatif au feutre.
Le panneau publicitaire des débuts ci-dessous quand le portrait moche n'était qu'à 3 dollars.