Sur OpenSea (la plus grande place de marché NFT au monde) un olibrius a mis en vente pas moins de 1000 petits films dont le son est un de ses pet et l’image un sorte de petite animation de type explosion cosmique calée sur la flatulence. Nous devons cette mise sur le marché artistico-gazeuse à un certain Lucas Rizzotto. Il s'explique : " L'homme moyen pète entre 5 et 15 fois par jour, et presque à chaque fois, il s'agit d'un de ces pets ordinaires qui font tourner le monde, nous reliant par le son et le gaz, sans distinction de race, d'ethnie ou de sexe. Les pets ordinaires sont le grand égalisateur - et leur omniprésence est précisément ce qui les rend spéciaux.
Ce Meta F-Art est une œuvre d'art réalisée en collaboration entre l'homme et la machine. Le son que vous entendez est un pet réel et unique enregistré en studio, tandis que les images sont des œuvres d'art génératives. " 

Lucas Rizzotto a pour projet de vie avoué de produire du divertissement parlant du futur et de devenir connu. " Je crée des projets technologiques passionnants, ridicules et étonnamment perspicaces, qui nous montrent un aperçu de l'avenir, et je réalise ensuite des vidéos hilarantes à leur sujet pour que des millions de personnes les voient. " 
Il a peut-être trouvé une place à prendre, qui sait ?
Sa devise est « building the future, one weird idea at a time. " soit « construire l'avenir une idée bizarre à la fois. » Avec des idées de vidéos comme celle ci-dessus : " J'ai transformé 1000 de mes pets en art (pour sauver le monde) " mais aussi : " J'ai donné une âme à mon micro-ondes avec l'IA et il a essayé de me tuer " ou encore : " J'ai transformé ma petite amie en instrument de musique ! " sans oublier : " J’ai fait une version de Tinder contrôlée par le cerveau. "

Pour la proposition particulièrement potache qui nous concerne aujourd’hui, il n’a pas ménagé ses efforts au vu de la quantité de méthane produite, du nombre d’animations et de la longueur de la vidéo (ci-dessus) qui explique l’entreprise dans tous les détails. Très impliqué, nous a-t-il semblé pour un projet pourtant si gazeux (et possiblement fatiguant), sa grande motivation vient d’une profonde déception comme il nous l’explique. 

Lucas Rizzotto : " Ce projet a une origine intéressante. Comme vous le savez, je fais beaucoup d'efforts pour rendre mes projets intelligents. Bien sûr, j'aime faire des choses qui sont divertissantes et amusantes à regarder, mais en fin de compte, je veux qu'elles soient une exploration plus profonde des thèmes et de notre relation à la technologie. Et bien sûr cette vidéo ne fait rien de tout cela. C'est parce que, lorsque j'ai commencé à travailler dessus, j'étais dans une mauvaise passe. "

Lucas Rizzotto : " Je sais que cette vidéo contient des messages sous-jacents, sa critique des NFT est assez évidente, même si elle est à bien des égards totalement hypocrite. Mais la vraie raison pour laquelle j'ai décidé de consacrer des mois de ma vie à transformer des pets en "art", c'est que mon dernier projet a été un échec total. "

Lucas Rizzotto : " La vidéo en question était une chose à laquelle je pensais depuis des années, sur laquelle j'ai passé 8 mois, et lorsque je l'ai lancée sur Youtube, elle a eu le nombre de vues le plus bas que je n’ai jamais eu. En conséquence, je suis devenu non seulement déprimé, mais aussi profondément cynique. "
Il s’agit d’une vidéo dans laquelle il montrait comment son four à micro-ondes semblait avoir été envahi par des intentions meurtrières après y avoir intégré un logiciel d'intelligence artificielle. Il avait décidé de recréer un ami imaginaire de son enfance, un micro-ondes qu'il appelait Magnetron. Pour ce faire, il a acheté un micro-ondes dans lequel il a implanté GPT-3, un système d'intelligence artificielle textuelle sophistiqué mis au point par OpenAI, la société de recherche en IA fondée par Elon Musk. 

Lucas Rizzotto : " J'ai commencé à me demander : pourquoi faire tous ces efforts pour créer des choses significatives si le monde ne s'en soucie pas ? Pourquoi devrais-je même essayer de faire de l'art si le monde ne l'apprécie pas ? Bon sang, je pourrais aussi bien faire de l'art avec mes pets. Et c'est ce que j'ai fait. "

Finalement, un mois après, la vidéo du micro-ondes a eu pas mal de succès sur Twitter, devenant sa deuxième création la plus populaire sur la chaîne. Il a (enfin) compris que le succès dans ce monde de médias sociaux est imprévisible. Il n’avait qu’à faire de son mieux et espérer. 
Lucas Rizzotto : " Mais au moment où ces bonnes choses sont arrivées, j'avais déjà presque terminé ce projet de pets - à l'image de ce que j'aimerais que soit ma chaîne Youtube : une capsule cynique et en colère, mais drôle. J'ai donc décidé de le terminer. "

Lucas Rizzotto : " J'espère que vous avez apprécié ce détour bizarre dans le monde des Cryptos et NFTs. Je sais que ce n'est pas ce pour quoi vous me suivez, mais je me devais d’essayer de faire quelque chose dans ce domaine - prouver que l'on peut utiliser cette technologie pour quelque chose de bien. Prouver qu'elle peut avoir un sens si les gens commencent à faire de vrais efforts et à s'intéresser à la vision d'un Internet décentralisé. "

Il semblerait que ce bon Lucas a réussi à vendre une trentaine de ses pets visualisés, pour un prix moyen équivalent à 80 dollars. En tous cas, il a dû surtout y gagner un peu de viralité, le sujet étant porteur.
En attendant encore plus de visibilité, Lucas Rizzotto arrive par son entreprise de divertissement futuristique à se dégager un petit revenu par son Patreon (1 811,68 € sur les 3 011,55 € demandés par mois).
Lucas Rizzotto : " Mes principales factures sont payées ! Une fois que le but sera atteint, je pourrai enfin quitter mon travail alimentaire et travailler à plein temps sur "Lucas Builds The Future" ! "
Il a l’air d’avoir une certaine volonté à persister dans sa démarche ce bon Lucas Rizzotto, il y a donc des chances qu’il fasse partie du divertissement au futur après tout.