Il était grand temps que l’on vous partage le travail de ce fou de Shintaro Kago. C’est une star dans son genre —le manga “Guro“ ou “Ero-guro“—  ce qui n’est certes pas une discipline grand public. Ero-guro pour pour « érotique-grotesque » ou horreur érotique. Shintaro Kago est plutôt un expérimental dans sa catégorie, tendance pur “Guro“, il traite de l’horreur de façon grotesque et drôle. 
Suivre ses petites animations sur son Instagam va vous procurer un petit moment délicieux et vous faire sourire plutôt que hurler, et vous le retrouverez à chaque fois avec ravissement. Garanti.

Ce "mangaka" est donc un dessinateur de manga "guro", un sous-genre qui a la particularité de mêler érotisme, macabre et/ou grotesque. Cet artiste a acquis sa notoriété en produisant des dessins satiriques, explorant pour sa part plutôt le grotesque —morbide, scatologie, bondage, snuff— que l’érotisme. Mais, heureusement pour vous, il dessine des choses très accessibles en étant sorti de cet univers "pour adultes". Shintaro Kago est souvent présenté comme le père du style "fashionable paranoïa" ou "paranoïa chic". Un style très reconnaissable et une narration qui ne recule devant aucune thématique la plus déviante
Comme avec le père Noël par exemple :

Le genre de l’"Ero guro" remonte à loin puisqu’il est un mouvement artistique et littéraire apparu dans les années 1930 dans la littérature japonaise. Les œuvres qui en font partie incorporent à l’érotisme des éléments grotesques et sinistres. La pornographie et la violence sanglante, éléments clés ne figurent pas automatiquement dans les œuvres. Après la seconde Guerre Mondiale, l’"Ero guro" se répand à d’autres milieux artistiques, dont la musique, le manga, le théâtre et le cinéma.

Ce que vous allez pouvoir découvrir sur le compte Instagram de Shintaro Kago est bien dans un style de mangaka, mais qui aurait gentiment dérapé dans le dépeçage et l’écorchage de jeunes filles avec un dessin qui reste malgré tout "propre". Si le sujet est souvent des éclatés anatomiques animés, la forme reste mignonne et vous déclenchera un petit rire. Ce qui est absolument certain, c’est que ses petites animations "kawaii" et trash vous sauteront aux yeux au milieu de votre fil Instagram, car Shintaro Kago a un style complètement à lui. Et même si on n’aime pas trop le gore, son humour permet de gouter ses déviances jamais trop malsaines. (Et puis il dessine si bien …)

Shintaro Kago : "Mes récits sont par nature très antisociaux et plein de cruauté. Ils ne se destinent pas au grand public. Mais, à mes yeux, tout cela ne dépasse jamais le gag".

C’est par des collaborations avec Vice Magazine et des expositions aux Pays Bas que 駕籠 真太郎 est devenu connu en Europe. En France, Shintaro Kago est principalement publié chez IMHO. Depuis 2010, IMHO a sorti deux "Carnets de massacre", les one-shots "Anamorphosis" et "Fraction", ainsi que "L’extase de la chair à canon", ou "La grande invasion mongole" et "Une collision accidentelle sur le chemin de l’école peut-elle donner lieu à un baiser" ? 
Tous réédités le 20 février 2020 après avoir été longtemps épuisés.

Sur son site personnel, vous allez pouvoir commander des originaux et des tirages bien sûr mais aussi des portraits sur commande ! Pour une somme relativement modique, si vous lui envoyez une photo de vous, il vous renvoie un portrait dans le style que vous aurez choisi (sur la grille). C’est-t-y pas génial, ça ?

En 2014, il réalise de nombreux visuels pour le cinquième album du musicien californien Flying Lotus. Intitulé "You're Dead", le disque offre une réflexion sur le thème de la mort.
Voici le magnifique clip "You’re dead" pour Fying Lotus en 2014 sur Warp.

Shintaro Kago a démarré en réalisant beaucoup de films courts en animation dont on trouve une compilation trouve quelque part sur les internets, bien entendu. Et que voici, que voilà.
Après tout ça, si Shintaro Kago ne devient pas votre copain, c’est que le "paranoïa chic" n’est pas votre tasse de thé vert japonais. 
Et ce qui n’est pas rédhibitoire en soi.