Si on décide tout d’un coup d’aller faire un tour dans la tête de Stéphane Blanquet, on peut tomber au détour d’une porte sur les multiples têtes de Jaky La Brune. Pour être plus clair et compréhensible, si on va faire une visite à l’exposition actuelle consacrée à l’artiste/peintre/Illustrateur Stéphane Blanquet "Dans les têtes de Stéphane Blanquet" à la Halle Saint-Pierre à Paris, on se doit de rencontrer les masques et personnages peints de la peintre Jaky la Brune

Cette peintre fait partie de "Tranchée Racine" qui est un manifeste artistique initié par Stéphane Blanquet. A l’origine édition d’images graphiques fédérant une internationale de dessinateurs, elle se transforme en exposition du 19 mai 2021 au 2 janvier 2022, pour accompagner la monographie de Stéphane Blanquet. La Tranchée Racine qui est donc aussi une publication, un tabloïd graphique géant (47,5 x 66 cm) de 12 pages, est vendu au doux prix de 5 euros. Il présente, au fil de ses 42 numéros, plus de 500 œuvres et rassemble des "Artistes viscéraux, généreux, hypnotiques, obsessionnels, ils viennent de tous les courants et contre-courants. Agitateurs rebelles, bruyants, cruels, généreux, non-conformistes". 
Ils sont du monde entier.
"Cet esprit rebelle et libertaire est le lien entre tous ces artistes, une racine démultipliée, qui interroge notre rapport à la sexualité, à la mort, à la nature, à l’animal, au végétal, à la politique, à l’image ….  Leurs créations sont autant de possibles, de devenirs qui tissent leur relation dans un imaginaire ouvert". 
Outre Jaky La Brune, il vous reste donc nombre d’artistes à découvrir.

Et donc, au milieu de cette exposition collective rassemblant quelques-uns des artistes de "Tranchée Racine", votre route risque de croiser celle de Jaky. En vérité, on ne peut pas l’éviter tant ses masques suspendus dans leur container/chambre s’adressent à vous avec agressivité et joie en même temps. Ils sont surmontés d’un totem haut en couleur qui vous attirera immanquablement. De plus, les murs extérieurs de leur maison/boite sont ornés de personnages peints qui assurent la garde avec la même violence et gaité. La troupe de ces créatures hybrides provient de la même tête, celle d’une plasticienne normande vivant et travaillant à Paris depuis 2012 répondant au nom parfait de Jaky La Brune. Sa grande force particulière est ce mélange de la souffrance sombre de ses personnages et de l’allégresse des couleurs très vives par laquelle ils émergent. C’est l’occasion idéale d’entrevoir le reste de son travail, et du coup, on a eu envie de lui demander ce qu’elle avait dans sa tête de brune.

Jaky : "J'ai découvert la peinture en réalisant des pochettes d'album et des clips de musique. Les logiciels sur les ordinateurs ont dû à un moment me faire mal au crâne alors j'ai trouvé refuge dans les pinceaux et la peinture. Être en contact direct avec la peinture a été révélateur pour moi et je suis restée bloquée dedans comme une junkie".

Jaky : "La création de masques est venue après, mais je retrouve la même puissance que dans la peinture : le mélange des matières, les couleurs et l'aspect primitif. C'est super de pouvoir décliner son univers pictural sur d'autres supports, ça enrichit beaucoup l'esprit ! Et puis, ma sœur me ramène des tissus de ses voyages, ma mère me donne les bijoux qu'elle ne veut plus et ma grand-mère m'envoie de la dentelle... il fallait bien que je fasse quelque chose de tout ce bazar ! Parfois la communication est difficile dans la famille alors ça me permet de me lier à mon sang quelque part. (Hahaha)".

Jaky : "Généralement, je travaille la nuit avec un verre de porto dans une main et un pinceau dans l'autre. Et avec des documentaires sur des tueurs en série en fond pour m'enfermer dans une atmosphère sombre".

Jaky : "L'identité et les émotions sont mes thèmes principaux. On peut aussi retrouver des sujets tels que le sexe, la violence et la passion amoureuse dans mes peintures". 

Jaky : "Une idée naît lorsque que ma sensibilité est touchée (en bien ou en mal) et que je n'arrive pas à expliquer avec des mots ce que je ressens. Parfois, j'ai l'impression d'exorciser ma tristesse ou ma colère. Créer et peindre me permettent de canaliser mes émotions et d'apprendre à vivre dans ce monde de brutes".

Jaky : "J'aime me retrouver seule pour peindre mais j'adore aussi l'idée de pouvoir travailler avec d'autres artistes. On m'a proposé récemment de coudre des masques pour un spectacle de théâtre, on verra vers quoi ça me mène ! Je n'ai pas vraiment de projet d'avenir, je ne regarde pas aussi loin devant moi".

On a demandé à Jaky de partager avec nous un/une artiste qu’elle aimait. Jaky : "Tschabalala Self est une artiste très inspirante. J'adore son travail sur les corps humains et sa façon de mixer les textiles sur toiles".

Et on n’a pas résisté à lui poser cette question ultime : D’où vient ce nom génial ? Jaky : "Je suis heureuse de savoir que mon nom trouve des admirateurs mais je ne sais pas d'où ça vient... Je demanderai à ma maman".

Alors, bien sûr, si vous pouvez passer dans le coin de la Halle Saint-Pierre, ne vous privez surtout pas du pur plaisir d’aller voir les masques et peintures de cette brune Jaky et d’entrer un peu dans sa tête.
Parce que, comme de bien entendu, c’est toujours mieux en vrai.