L’œuvre de l’américain Michael Adams se nomme Crooked Smile (sourire tordu) et force est de constater que les sourires grincent sournoisement sur sa page Instagram : un plug cyclope, des blobs bien gras, des escargots baveurs, des "Bob l’Éponge carré" en manque de vitamines, des Minions meurtriers, des peluches crackinettes ornées de dents de vieillard ou de grosses trompes phalliques, ad nauseam. Les yeux de ses personnages luisent avec une mignonnerie pleine de désespoir qui donne envie de rire, un rire de traviole, avec des sales chicots jaunes… Bien “crooked” donc ! À force de faire défiler les images de son Instagram, on se transformerait presque en un de ces Béhémoths aux dents du malheur.

Michael Adams : " Je puise mes inspirations au tréfonds des années 1990 et du début des années 2000, surtout dans les œuvres d’animation bizarroïdes qui étaient très populaires à cette époque, notamment sur MTV. Ces images inoubliables qui nous faisaient sursauter, rigoler, hurler… Tout ce qui nous mettait mal à l’aise face à l’écran, en fait : les jeux vidéos, les films gore et la pop culture trash, de Beavis and Butthead à South Park. "

Michael vit dans le Massachusetts, il dit avoir commencé cette occupation passionnelle après une rupture amoureuse et de longues heures passées à contempler les sculptures des autres sur le web. Comme beaucoup, le confinement sanitaire a aussi été un déclencheur, mais il a toujours au fond eu une âme d’artiste.

Michael Adams : " J’ai la fibre artistique depuis que je suis gosse. Que ce soit la peinture, le stylo, les crayons ou la poterie, j’ai toujours pratiqué. Puis, les confinements sanitaires sont arrivés et comme je m’ennuyais, j’ai voulu explorer un nouveau moyen d’expression. Le polymère s’est pratiquement imposé à moi et je me suis lancé. Je suivais des sculpteurs très talentueux sur Instagram à l’époque et j’ai eu envie de capter l’attention des gens comme ces artistes avaient su capter la mienne. "
 

Côté technique, Michael nous explique qu’il commence par monter une armature, avant de faire rouler sa pâte polymère - la fameuse Fimo - pour la mouler sur la structure. Il vient ensuite travailler la sculpture avec ses outils de modelage et même des brosses à dents. Quand il est satisfait, il ajoute les dents, les yeux, la bave et les autres appendices qu’il a conçus auparavant. Il cuit l’ensemble et le passe à la peinture avant de faire reluire le tout au vernis.

Michael Adams : " En ce moment, je suis en train de réaliser ma traditionnelle fournée de décorations de Noël à la sauce horrifique. Je les conçois pour que ça ressemble à des petits personnages en pain d’épice à dévorer en famille pendant les fêtes, mais ce sont évidemment des monstres en Fimo. Je les décore avec des yeux, du sang, des dents et des éléments gore. Une vidéo a été tournée au sujet de mes décorations de Noël il y a deux ans, depuis elles sont devenues assez populaires et moi, j’en fais de nouvelles tous les ans quand la saison arrive. "

Pour parfaire notre connaissance des atrocités en Fimo, Michael nous recommande d’aller pousser la visite en direction de That’s Vile, WTFPots, (dont on vous a déja parlé ici et ici) « mais il y a tant que je ne peux pas tous les nommer » précise-t-il… Ça doit être comme les bons coins à champignons hallucinogènes… 
Comme vous pourrez le constater, c'est toute une solide petite confrérie d'amateurs de petites choses infâââmes qui se recommandent les uns les autres.
Une conclusion, Michael ? « Tant qu’il y a des yeux, des dents et de la provocation, j’adore ça ! »

That’s Vile
WTFPots