Le projet "Ordinary Sacramento" du photographe californien Enoch Ku a bénéficié d'une certaine viralité dû à sa simplicité et à sa qualité plastique mais aussi sans doute par sa proximité souvent poétique. Son imagerie dépeint des angles bizarres et des distorsions amusantes sur des objets ou des espaces quotidiens trouvés autour de chez lui.

Avant de se lancer dans "Ordinary Sacramento", Ku a travaillé comme acteur et photographe de mariage, il a toujours un site comme photographe de mariage, mais il a fait aussi une autre série de portraits de jeunes "asian-americans" interrogeant les relations fils/pères. Il semble que le rythme de ces emplois qui l'obligeaient à se précipiter d'un endroit à l'autre ont suscité son désir de ralentir sa vie par moments et de documenter le monde dans un but plus contemplatif et lent.

"Dans un monde Instagram de photos stylisées, de photographies hautement traitées, de publicités et de conditionnement émotionnel, je veux transmettre et élever la beauté de l'ordinaire et du banal... Rester silencieux, aller lentement et être présent, c'est aller à contre-courant, et je veux encourager les gens à choisir cela. Le monde est un endroit beau et drôle."

Ku a donc commencé à se ralentir délibérément et à s'imprégner de son environnement immédiat. Appareil photo en main, le photographe a commencé à parcourir les espaces habités mais vides de Sacramento, des espaces d'une banlieue quelconque que l'on occupe mais qui passent souvent inaperçus. Et il a réussi à transcender cet environnement en isolant des bouts de décors de façon quelque fois un peu cocasse ou anecdotique, mais le résultat est toujours sauvé par la grande qualité de son épure visuelle. 

Et si le point de départ était peut-être une thérapie personnelle, cela a généré une belle série (qui continue) pour notre plaisir.
"Il y a de la beauté dans les moments banals de la vie", poursuit-il, "de beaux moments ordinaires qui se produisent tout autour de nous, que nous les voyions ou non".