Le point commun des automobiles dans cette série de photographies est qu’elles ont un peu de bouteille, elles sont d'une autre époque, et donc, elles sont toutes comme des doudous rassurants qu’on a pu connaitre enfant. Et du coup, on ne sait pas très bien quand ces images ont été prises. Quand on s’aperçoit que ces photos sont récentes, on se demande pourquoi leur auteur a fait ces doux portraits de grand-mères endormies dans une belle nuit. On sent de l’amour, c’est certain, et comme il y a toujours eu un double sentiment d’attirance/répulsion envers les voitures chez beaucoup d’entre nous, on a demandé à Ray Knox, le photographe, qu’il nous donne sa version à lui.

Ray : "J'ai commencé à faire des promenades nocturnes pendant le confinement et j'ai repéré un grand nombre de ces voitures classiques et de ces camping-cars garés sous l'éclat sinistre des lampadaires".

Ray : "Avec l'extension de la zone à très faibles émissions (ULEZ) (à Londres) qui doit commencer le 25 octobre 2021, je savais que beaucoup de ces véhicules seraient sans doute forcés de quitter la route. La décision de les photographier a été prise lorsque j'ai été contraint de vendre ma chère Fiat Punto, âgée de 20 ans, car elle ne répondait pas aux exigences en matière d'émissions".

Ray : "J'ai également estimé qu'il était important de les photographier avant qu'ils ne disparaissent définitivement des rues de la capitale et qu'une partie de notre patrimoine automobile ne soit perdue".
"Mon véhicule préféré est le camping-car VW. Je savais que la scène avait du potentiel, mais j'ai dû retourner sur place trois ou quatre fois pour avoir les conditions idéales pour réaliser la photo".

Ray : "Je trouve ces vieux véhicules captivants ; ils ont un charme et une personnalité que très peu de voitures modernes ont. Il y a définitivement un élément de nostalgie derrière mon projet et je ne peux m'empêcher de penser au début des années 80 et à la première voiture que j'ai possédée, une Mini Cooper".

Ray : "Pour photographier la nuit, je préfère utiliser un trépied et travailler avec la lumière ambiante des réverbères ou les lumières des voitures qui passent. La lumière artificielle des lampadaires transforme l'espace banal en induisant une qualité étrange et onirique aux images et en créant un air de mystère". 
"Dans la mesure du possible, j'ai essayé de capturer des véhicules solitaires et isolés dans des rues désertes, sans personne. Je voulais ainsi transmettre un sentiment de solitude tranquille". 

Ray : "Je pense que c'est une bonne chose d'assainir l'air de Londres et de réduire la pollution, mais malheureusement cela signifie aussi que c'est la fin de la route pour de nombreux véhicules classiques. Londres a toujours été un endroit fantastique pour repérer les vieux véhicules classiques et il est triste de les voir disparaître".

Ray : "Le projet sur lequel je travaille actuellement s'intitule "Open Till Late" ("ouvert jusqu’à tard") et est mon hommage aux petites épiceries de Londres, qui sont restées ouvertes pendant le lockdown au Royaume-Uni. Je suis maintenant complètement accro à la photographie de nuit et cette série est également photographiée de nuit".

Tout comme Ray, nous les humains, nous savons bien qu’il va falloir choisir entre les voitures ou nous. Mais malgré le mal qu’elles peuvent nous faire, on y est terriblement attachés. Alors, la solution de Ray est peut-être la bonne, il vaut mieux les avoir en beaux portraits sur la cheminée comme faisant partie de la famille en satisfaisant doucement notre nostalgie et les retirer des rues. 
Merci Ray !