Ses peintures sont comme des images vernaculaires du cheap, des clichés de la culture populaire US complètement hors du temps dans le flux numérique impétueux de l'ère de l'information. John Rogers mélange l'impersonnel froid, le personnel usé et le biographique défoncé dans son panorama cérébral aux couleurs criardes. Il peut reproduire des pochettes de disques, des photos personnelles de gens, des bagnoles, des enseignes, tout cela donne l’impression de jaillir de lui compulsivement, sans filtre. Sa peinture a souvent cet aspect jeté, griffonné, empâté voire dégoulinant, comme produite dans l’élan d’une énergie jaillissante. Bien qu’il ait une formation à l’écriture, John Rogers n’aime pas tellement auto-analyser ce geyser permanent : " Je déteste les déclarations d'artiste. Je n'aime pas les écrire, et je regrette généralement de les lire. " Et c’est bien pour cette raison qu’il préfère nettement concrétiser en peinture ses déclarations d’intention. " Cependant, je trouve que ce que les autres disent de mon art est amusant et généralement exact. "
Brainto est ravi de partager ses propos picturaux dont nous sommes très friands, et bien que tout soit dit, nous lui avons quand même posé quelques questions. 
Et John a gentiment répondu à nos demandes. Elle n’est pas belle, la vie ?

La fois où je suis allé à la plage et que je n'ai jamais vu l'océan.

Sans pour autant justifier quoi que ce soit, heureusement pour vous, il se raconte un peu. Et en particulier, comment sa pratique, ancrée dans le speed, réussit à préserver le geste dans son résultat final. Rien n’est léché chez lui, tout déborde sur la toile.
John Rogers : " J'ai toujours peint pendant mon temps libre, généralement la nuit. Au fil des années d'expérience, j'ai constaté que mes meilleurs travaux étaient toujours réalisés très rapidement. J'entre généralement dans l'atelier en sachant ce que je vais peindre, mais le "comment" évolue pendant que je le réalise. Parfois, je décide de peindre quelque chose d'aussi réaliste que possible, parfois cela prend une tournure plus abstraite. Je passe rarement plus de deux heures sur un tableau. Certaines peintures sont réalisées en dix minutes. " 
 

Le romantisme d'une bonne cigarette.

John Rogers : " Ghoulorama ? Le surnom "Ghoul” m'a été donné par un ami lorsque nous avions 19 ou 20 ans. J'ai un sens aigu de l'humour noir, je ris à des moments inappropriés, en décalage, je peux être très espiègle et moqueur, je pense que c'est pour cela qu'il m'a donné ce nom.
Le suffixe -orama en anglais américain : (əˈræmə ; əˈrɑmə ) un nombre, un volume ou une variété plus grande que d'habitude d'une chose spécifiée. Utilisé pour former des noms commerciaux pour des événements et des expositions.
“Ghoulorama” est le nom de mon entreprise et cette entreprise est une sorte d’émission de variétés. "

Zombie à chemise à carreaux (Dawn of the Dead 1978)

John Rogers : " Quand j'étais enfant, je voulais être écrivain. Je lisais voracement, j'écrivais des poèmes et de la prose tous les jours. J'ai fait des études d'Anglais à l'université, mais j'ai abandonné. Aux alentours de mon vingt-et-unième anniversaire, je suis devenu très frustré par l'écriture. J'étais également très distrait par les drogues, l'alcool et les fêtes. J'avais suivi un cours d'histoire de l'art à l'université et je ressentais toujours le besoin d'un exutoire créatif. Presque immédiatement, j'ai commencé à faire des collages, des peintures et des assemblages. J'ai appris tout seul à peindre, et je continue à le faire. "

Rien ne va plus.

John Rogers, à propos de «Nothing feels good» (Rien ne va plus) : " Je pensais à une fois, juste après le lycée, où je venais d'ingérer des substances illicites sur le parking d'un Taco Bell et où ma copine m'a dit : "Je vais aller dormir. Ne te fais pas arrêter". Je me suis fait arrêter par un policier 5 minutes plus tard. J'étais pieds nus et je ne m'étais pas rasé ni douché depuis des jours. Mais j'ai été poli, lucide, j'ai discuté avec l'officier et il m'a laissé partir avec un avertissement et m'a dit qu'il était illégal de conduire pieds nus en Pennsylvanie. "

Le renard à quatre yeux.

John Rogers : " Je ne me considère pas comme un artiste pop. Ce mouvement artistique appartient aux artistes des années 60 et 70. Leur influence l'a rendu acceptable pour tous les artistes après eux. Je n'aime pas vraiment expliquer le travail que je fais. J'aime laisser le soin au spectateur de s'exprimer. Même si leurs interprétations sont souvent incorrectes, je suis toujours fasciné par la façon dont les gens comprennent mon travail. Cela a généralement plus à voir avec eux qu'avec l'œuvre elle-même. "

Comment ça se passe ?
Plymouth Trail duster.

John Rogers : " Les dégoulinures ne veulent rien dire en particulier. Certaines peintures ont des coulures, beaucoup n'en ont pas. Certaines sont empâtées, d'autres sont complètement plates. J'aime varier mes techniques de peinture. "

L'esprit de la fête.

John Rogers : " Mes outils sont principalement des pinceaux très bon marché. Certains sont modifiés en les collant sur des brosses ou des baguettes cassées. J'utilise aussi des bâtons, des couteaux et des cuillères pour peindre. "

L'ennui jusqu'au larmes.

John Rogers : " Je cherche constamment autour de moi et en moi-même de nouveaux sujets, mais il y en a beaucoup auxquels je reviens sans cesse. Pour démarrer une toile, mes photos de référence proviennent d'Internet ainsi que de mes propres photos personnelles. "

Pets de cerveau.

John Rogers : " Mais oui, je vis de ma peinture. Je réalise la majorité de mes ventes via ma boutique en ligne. Je poste quotidiennement sur Instagram et je répertorie le tableau sur ma boutique quelques minutes après la publication. J'expose et vends également des œuvres originales et des impressions via la Dont Walk Walk gallery dans le Kent, Angleterre (UK), et j'ai des œuvres à vendre à la Trash Lamb gallery de San Diego, Californie (USA). J'ai également exposé mes œuvres dans diverses galeries aux États-Unis et à la Drey au Canada. "
Ajoutons que la production de ce cher Ghoulorama est tout à fait abordable et trouvera probablement sa place sur l’un de vos murs au beau milieu de votre salon Conforama.

Une de plus.

John Rogers : " Pour finir, voici un artiste que j’aime : Tyler Armstrong. "