A la découverte de ces fascinants "Squishies" (de "squish " : écraser, écrabouiller) ou "costumes de chair", on est pris d’une contradictoire attraction/répulsion. En effet, une petite répulsion monte à la vision de ces corps écorchés dégoulinants d’une opulence de chair. Mais une grande attraction l’emporte tant ils sont beaux dans leurs camaïeux de jaunes et rosés. Et surtout ils semblent tellement doux, mous, confortables, accueillants, qu’on est pris d’une irrésistible envie de se vautrer dessus et dedans comme des enfants. Ils sont viscéraux et il y a un désir de toucher.
Ces "Squishies" sont l’œuvre de Daisy Collingridge qui est issue de St Martins à Londres avec une formation design/costume/mode. Et grâce à cette solide formation et à un moment où l'art contemporain s'oriente depuis quelque temps vers l'interdisciplinarité, elle navigue en liberté entre la sculpture, le théâtre et l'art de la performance. Le fait que ces sculptures puissent être portées, ouvre une toute nouvelle dimension à explorer. Elles peuvent prendre vie, de la même manière que des marionnettes. Cela signifie également que la sculpture finie n'est pas le seul produit ultime de sa pratique ; il y a tout un royaume 4D à explorer. Et ce travail s'est transformé en un véritable art pluridisciplinaire et lorsque de multiples pratiques artistiques entrent en collision, cela produit les œuvres les plus engageantes.
Daisy : " Chaque pièce a son propre caractère. Elles deviennent réelles et prennent leur propre identité. Il semble naturel de documenter ces êtres vivants et en mouvement dans leur propre monde imaginaire. Pourtant, leur monde reflète le nôtre, avec son mélange capiteux de mélancolie et de joie. Au cœur de l'œuvre se trouve la célébration de la forme humaine. Ce corps complexe dans lequel nous existons tous pendant un certain temps. Elle demande au spectateur de considérer le corps sous toutes ses formes et d'observer son potentiel".
Pour ses sculptures, elle fabrique de petites versions en pâte à modeler ainsi que quelques objets mous préparatoires, puis elle se lance bille en tête dans la fabrication grâce à ce solide bagage de styliste acquis à St Martins. Du coup, elle décrit surtout son processus créatif comme essentiellement impulsif.
Elle veut maintenant approfondir le côté performance de son travail, combiner le mouvement et la vidéo. On est assez impatients de voir arriver ses nouvelles créations de vidéo-danse ou (pourquoi pas) de fiction avec nos nouveaux amis les Squishies comme personnages principaux.