Cela fait plusieurs mois que l’excellent dessinateur Tim Molloy inondait son Instagram d’images d’un tout nouveau genre… et pour cause, comme de nombreux artistes, il n’a pas pu ou voulu résister au doux chant des sirènes de l’intelligence artificielle et de Midjourney en particulier. Tel un Ulysse déterminé voguant sur son bateau, Molloy s’est solidement arrimé au mât et il n’a pas dévié de sa trajectoire. Il nous explique ainsi qu’un dialogue s’est installé avec la machine et c’est elle qui l’a amené à composer cette histoire invraisemblable : un western spaghetti de l’espace complètement déjanté dont il ne produit que des vignettes de bandes-annonces aux scénarios hyper alambiqués. Le titre de ce projet à rallonge, dont la mythologie sous acide ne cesse de croître à chaque livraison : Legends of the Golden Child”.

Legends of the Golden Child
Illustration en techniques traditionelles

Tim Molloy : " En réalité, je suis un artiste traditionnel, avant tout un dessinateur et un aquarelliste, même si je suis également versé dans le domaine numérique évidemment. Je fais des bandes dessinées depuis que je suis gosse. Je travaille non-stop, que ce soit l’écriture, le dessin ou juste la réflexion… Et maintenant, je génère des images bizarroïdes avec l’intelligence artificielle. En fait, si on y regarde bien, l’intelligence artificielle est un formidable outil pour produire du surréalisme. Je m’efforce d’entretenir une sorte de dialogue avec l’IA en mode random. Et je laisse ce hasard guider mon écriture. C’est très excitant ! Je conçois ce travail comme une nouvelle pièce dans un puzzle que j’ai commencé à mettre en place il y a plusieurs décennies. "

Legends of the Golden Child
Hasturon’s Dilemma

Au départ, il y a quelques mois, Tim Molloy a été attiré par le logiciel Midjourney, une manière pour lui de continuer un travail qu’il avait déjà entamé avec Hasturon’s Dilemma, une autre série télé imaginaire de son invention.
Tim : " C’était une sorte de soap opera super bizarre avec des éléments de science-fiction, comme des aliens biomécaniques tout gluants. Mais là, il y a la V4 du logiciel Midjourney qui est arrivée et le saut qualitatif est énorme. J’avais déjà l’idée de "Legends of the Golden Child en tête depuis des années et je me suis mis à travailler là-dessus directement. "

Legends of the Golden Child

Quand on lui demande d’où provient son imaginaire très riche, Tim Molloy assure que l’idée du Golden Child lui est venue d’un écrit apocryphe de la Bible : L’Évangile de l’Enfance par Saint-Thomas, qui narre les jeunes années de Jésus entre 5 et 12 ans, alors qu’il apprend à maîtriser ses pouvoirs surnaturels en commettant des erreurs de débutant… Ensuite, il a imaginé une série télé comme étant la préférée de son personnage de BD fétiche : M. Unpronounceable (soit Mr Imprononçable). Grace à l’IA, il a enfin donné corps à ce show télé imaginaire : Legends of the Golden Child, et il a parachuté des aliens gluants dans un décor de western aux couleurs martiennes.

Legends of the Golden Child
Legends of the Golden Child

Concernant le processus créatif, c’est assez simple : " Avec l’IA, j’élabore une pensée étrange qui me passe en tête, je la tape dans la machine et je la laisse me guider pour la commande suivante. C’est comme de jouer au tennis avec soi-même dans un état hypnagogique (entre le sommeil et la conscience). "

Côté collaborations, Molloy a réalisé un grand nombre de pochettes d’albums et de posters pour des groupes de musique et des couvertures de livres, il a également collaboré avec d’autres auteurs de BD.

Legends of the Golden Child
Legends of the Golden Child

Actuellement TIm Molloy produit plusieurs illustrations pour des albums et des livres. Il met la dernière touche (l’encrage) à un roman graphique pour les éditions ToddlerPillars. Il prépare une exposition solo et aura bientôt terminé une série de goodies : T-shirts, posters et rééditions de BD... Et bien sûr, heureusement, il travaille d’arrache-pied sur le prochain épisode de Golden Child !

Legends of the Golden Child

La grande influence que Tim Molloy aime citer, c’est Mervyn Peake, le peintre considéré comme le père de la science-fiction britannique, né en 1911 et mort dans la maladie mentale en 1968. On le compare souvent à Tolkien : " Je relis ses œuvres avec mon fils de neuf ans en ce moment et c’est formidablement rafraîchissant ! "