Que recouvre le terme de "eyebombing", mot qui sonne plutôt comme une pratique ultra violente (à cause de l’Unabomber ?), mais qui est au contraire ultra pacifique puisqu’il s’agit de "bombarder des yeux" ou plutôt à coller des yeux dans le paysage urbain à but purement récréatif.
Il s'agit de profiter du mobilier et de détériorations pour figurer des têtes grâce au simple ajout de petits yeux malicieux dans l’environnement. Et rien que l'ajout judicieusement placé de ces petits yeux tout bêtes suffit pour faire des têtes absurdes, drôles, poétiques, belles.
Ce sont deux Danois, Peter Dam et Kim Nielsen qui ont démarré cette facétieuse pratique, les deux hommes cherchant à humaniser les espaces publics. Puis c'est l'artiste bulgare, présenté ici, Vanyu Krastev qui a pris la relève avec brio, et qui est maintenant à la tête de l'eyebombing. Et il est très fort. Parfois, l'architecture a juste besoin d'un regard neuf et Vanyu Krastev décontextualise les détails architecturaux par l'eyebombing.
La technique joue sur notre tendance innée à tout anthropomorphiser, et les résultats sont hilarants. Au cours des deux dernières années, Krastev a ajouté des yeux sur tout, bornes cassées, couvercles d'égouts, tuyaux disjoints, en documentant toutes ses actions urbaines sur son blog, Eyebombing Bulgaria.
Il espère que la pratique se répandra avec ceux qui voudraient ajouter de l'intérêt aux paysages de rue en plaçant des yeux écarquillés au bon endroit. C’est tellement simple et tellement efficace. Ainsi, grâce à son savoir-faire très particulier, il transforme en bonheur (temporaire) la journée des passants qui ont la chance de rencontrer sur leur trajet ses petits yeux fripons.
Mais si, comme nous, vous n'êtes pas dans une zone géographique où Vanyu agit, vous pourrez au moins les croiser du regard sur son Instagram.