L’écoféminsme est partout dans le travail de l’artiste américaine Jeanne K Simmons. Apparu aux États-Unis dans au début des années 70, puis France au travers des écrits de Françoise d’Eaubonne, ce mouvement dénonce un capitalisme patriarcal destructeur de l’environnement, associé à une vision rétrograde et oppressive de la condition féminine. Il vise à redonner des droits aux femmes et à la planète et prône qu’il y a un lien étroit entre féminisme et écologie.
Vivant à Port Townsend, dans l’état de Washington, et à proximité de plages, de forêts et de champs, Jeanne K Simmons utilise l’énergie qui émane de l’univers qui l’entoure pour exprimer dans ses œuvres ses questionnements concernant l’humanité et l’environnement.
Celui qui revient le plus souvent dans son travail, est le rapport poétique que peut avoir la femme à la nature. A sa manière, elle tisse le lien entre la Terre Mère et le corps des femmes.

Tout commence en 2018 avec le projet Grass Cocoon. Cela faisait déjà plusieurs années que Jeanne s’amusait à faire des tresses avec les hautes herbes des champs environnants, quand l’idée d’y tresser également les cheveux et le corps de son amie Nicole Larson lui est apparue. Ce fut un gros succès et la symbolique de cette œuvre fût à l’image de sa carrière artistique, une vraie naissance. Telle une nymphe sortant de sa chrysalide.

Sa sculpture sur herbe appelée "Grassy Yoni" a vu le jour pendant le mouvement Black Lives Matter. Elle est inspirée par une femme identifiée seulement comme Jen ou "Naked Athena", qui après une manifestation s'est assise sur le trottoir devant la police, totalement nue, les jambes écartées, et a pris plusieurs postures de yoga. Cet acte de protestation l’a tellement subjuguée, que Jeanne a voulu s’intéresser de près à la représentation du sexe féminin, et plus concrètement de la vulve dans l’art.

Parmi ses recherches les monuments yoni de l'Inde ont notamment attiré son attention. Le mot "yoni", qui signifie en sanskrit "demeure", "source", "utérus" ou "vagin", est le symbole de la déesse Shakti, qui traduit la fécondité, la maternité et la créativité, c’est également la compagne de Shiva. 
Il n'a pas fallu longtemps à Jeanne pour réaliser une installation inspirée du "yoni" dans le champ herbeux de Fort Worden. 

"Grassy Yoni est mon hommage à tout ce qui est féminin. C'est mon hommage aux femmes et à la terre elle-même, qui nous porte et qui est notre source à tous. C'est aussi mon antidote personnel à ce que je perçois comme le poids écrasant du patriarcat sans entraves".

À l'automne 2020, Jeanne a voulu réaliser un autre "yoni" plus fantaisiste et floral, "Hillside Yoni".
C’est sur une butte particulièrement douce orientée vers l'ouest, dans un champ des Chinese Gardens à Fort Worden qu’elle s'est mise au travail. En fin de journée, les rayons du soleil pénètrent doucement l’entrée de cette grotte mystérieusement fleurie.

"Extensions" est la fusion des cheveux du modèle avec la colline herbeuse, au moyen d'une tresse. 

" Ayant eu des cheveux très longs toute ma vie, j'ai tendance à considérer mes cheveux comme une extension de moi-même et de mon système nerveux. Avec cette œuvre, j'ai tenté d'exprimer mon sentiment d'être une extension du monde naturel, et que le monde naturel est une extension de moi. Je m'efforçais également d'illustrer le lien indéfectible qui nous unit. 
Nous ne pouvons pas échapper à notre relation avec le monde naturel. Il ne peut y avoir de "nous" sans "lui". Dans "Grass Cocoon" et "Extensions", mon modèle, Nicole, ne pouvait pas s'éloigner de sa situation. Elle était littéralement liée à la Terre. Elle était aussi profondément en paix avec sa condition. "