C’est uniquement si vous vous promenez dans les friches autour de Sudbury au Canada, que vous aurez peut-être la chance de tomber sur un objet iconique issu d’un passé proche d’enfance, une installation fabriquée en carton et déposée là par l’artiste Nico Glaude. Car Nico pratique un art public par nature temporaire, c’est-à-dire qu’il laisse dans le domaine public et urbain à votre intention des signes nostalgiques qui vont se désagréger lentement. Ils sont destinés à vous faire réfléchir à votre passé, et forcément vous rappeler quelque chose. Et c’est très touchant.

On est toujours impressionné par des artistes capables de produire de l’éphémère, des œuvres qui vont se détruire lentement, dont il restera qu’une photo. Nico produit des signes graphiques incongrus dans leur décor de friche industrielle, du graffiti en volume. Des signes en carton tout simples qui se remarquent tout de suite, tant ils sont différents des tags environnants devenus habituels. Les bouts de cartons de Nico sont comme du land art urbain, ils vont disparaitre bouffés par la pluie, le vent et les gosses. 

Nico recrée en carton des versions plus grandes d'objets graphiques du passé proche et les photographie dans des endroits spécifiques qui avaient une signification pour lui lorsqu'il était enfant. Des bouts d’interface informatique, des logos, des signes iconiques se retrouvent en déshérence comme abandonnés ou mis à la poubelle. Et pourtant, on voit qu’eux dans ce décor, ils sont destinés à faire resurgir un passé d'enfant dans la tête de tout promeneur. 

Nico a accepté gentiment de répondre à quelques questions et de nous éclairer sur sa démarche.
Nico : "J'espère provoquer de la curiosité plus que tout. C'est l'objectif principal de l'art public en général. Mais pour moi, mon art traite de la nostalgie, ou mon sens de la nostalgie. J'espère que les gens pourront regarder mes installations et, espérons-le, prendre le temps de réfléchir à leur propre passé".

Nico : "Tout le monde a un investissement émotionnel dans la ville de Sudbury. Le mien reconnaît la valeur de cet attachement en créant et en promouvant du travail artistique aussi graisseux, moite, bas de gamme, amusant et affreux que toutes les expériences offertes par cette ville". 

Nico : "Mon frère et moi nous sommes lancés dans le graffiti quand nous étions adolescents, c’était mon introduction dans le monde de l’art public et l’art mural. Je suis devenu obsédé par la création artistique dans le public et pour le public. L’idée des installations est venue naturellement de cette notion".

Nico : "Honnêtement, c’est juste quelque chose à laquelle je pense tout le temps, ce n’est pas vraiment une question d’inspiration, mais juste une question de quoi faire prochainement. Si jamais je suis coincé sur une idée, je vais juste me promener, ou je feuillette des livres d’art. C’est une méthode simple, mais ça fonctionne chaque fois. Laisser le monde m’inspirer au lieu de chercher l’inspiration, c’est comme ça que je travaille".

Nico : "La plupart des installations sont faites de carton, de ruban adhésif et de peinture acrylique, c’est vraiment comme ça. En termes d’étapes, il s’agit de réfléchir à l’idée, de peindre les installations, de trouver un endroit pour l’installer, de construire l’installation sur place, de la photographier, puis de la laisser là pour que les gens puissent la trouver".

Nico : "Pour moi, ce n’est pas pour en vivre que je fais de l’art. J’ai un job à temps plein qui n’a rien à voir avec l’art, mais faire de l’art me rend excité, ça me donne quelque chose à espérer à la fin de la semaine de travail. Je pense à l’art tout le temps et cela m’aide à échapper de la réalité, Si je faisais l’art et que c’était mon travail à temps plein, ce sentiment ne serait plus le même".

On a demandé à Nico de partager avec vous un lien que voici : 
Nico : "Je vous conseille @post_vandalism. Il s’agit d’un compte Instagram dédié à montrer de l’art contemporain inspiré par le graffiti. Toujours cool de voir ces deux styles d’art mélangés".

 Nico ne s’arrêtera jamais dans cette voie qu’il s’est ouverte lui-même. Il a trouvé sa place dans le monde comme artiste, et on est sûrs que rien ne pourra empêcher ses installations de sortir de son passé et de sa tête et d’apparaitre dans le décor de Sudbury.
Nico : " Ça fait presque 5 ans maintenant que je fais les installations, elles font partie de ma routine quotidienne. Pour le futur, pas vraiment des projets précis, mais plus encore, continuer à être persistant dans la création d’installations. Je les fais par besoin, parce qu’être un artiste est la chose la plus intéressante au monde pour moi".
Voilà, difficile de trouver une motivation plus forte car elle est vitale.
Et nous aussi, on a bien l’intention à être persistants à suivre ce qu’il fait, Nico Glaude.