Dessinateur, graphiste, auteur, le britannique d’origine italienne Douggy Pledger pourrait être aisément classé comme un touche-à-tout. Son œuvre, étalée sur les deux dernières décennies, se promène sur les terres de l’horreur en prenant des chemins de traverse du côté du pastiche, et des détours dans le quartier de la nostalgie infantile, avant d’emprunter les souterrains de la science-fiction et de la pop culture.

En 2022, Douggy a investi les outils l’intelligence artificielle et livré de saisissants détournements d’affiches de cinéma et de couvertures de magazines qu’il a utilisés comme autant de miroirs déformants du modèle social et de la construction culturelle.

Douggy Pledger : " Mon ami Scott Wetterschneider était testeur pour le logiciel Midjourney et c’est lui qui m’a initié. J’ai commencé à m’amuser avec ce programme d’intelligence artificielle et un autre qui s’appelle Dalle au mois de février 2022… Je suis rapidement devenu addict. Je me suis mis à utiliser ces logiciels pour fabriquer des histoires, des fausses campagnes publicitaires, des blagues potaches, des pastiches etc. À chaque fois, j’ai le sentiment d’avoir fait le tour de la question… et boum, ils ressortent une nouvelle version actualisée et je me retrouve pris dans le truc à nouveau. "
 

Douggy Pledger : " Je suis en train de finaliser mon deuxième livre. C’est la suite logique du premier, sorti en novembre : To Hell with AI. Le premier volume est une collection des images produites en 2022 avec l’IA, le deuxième est plutôt organisé comme un livre de saynètes. Une fois ce bouquin terminé, je vais pouvoir me focaliser à nouveau sur mes vrais travaux : l’art, le dessin et l’écriture. L’IA m’a submergé d’une façon que je n’avais pas anticipé, mais c’est un outil très fun. "

L’impressionnante collection de thèmes qui ont pu l’inspirer semble sans fin : l'Argent amusant, les Dames des profondeurs, les Bizarres de l'époque victorienne, les Légendes d'Hollyweird, le Prospectus de l'école de Chunderbury, la Terreur japonaise, l’Aristocratie française du dix-huitième siècle et les portraits du dix-septième siècle, la Pizzzzza, le Plaisir des jours de pluie, les Jeux de société de l'enfer, sans oublier les Méchancetés de la VHS, entre autres mignardises. Scroller à travers sa production est un long voyage dans une réjouissante sub-culture déformée à loisir. 

L’amour manifeste de Douggy pour les cartes Crados, Star Wars et l’univers Disney, qu’il détourne à l’envi, ne manquera pas de faire vibrer la corde nostalgique des enfants des années 1970/1980.
Douggy Pledger : " Je suis né en 1980 donc j’ai beaucoup de nostalgie pour les émissions de télévision et les jouets de cette époque, particulièrement ceux que je voyais quand nous allions rendre visite à ma famille italienne à Bologne. En fait je reviens toujours à ça, je crois, parce que je suis un gros fan de cartoons, de films d’horreur et de comédies… mes racines sont profondément plantées dans cet univers aussi comique qu’étrange. J’imagine que mes inspirations sont aussi bien enracinées dans la terreur que dans la stupidité. Cela ne m’empêche pas de dessiner des trucs mignons et duveteux de temps en temps, comme j’ai pu le faire quand je faisais des livres pour enfants. "

Mais au-delà de la nostalgie pour les belles petites choses surannées, Douggy Pledger est un artisan, il charbonne selon un modèle hybride qui emprunte au monde d’avant sans se refuser les avancées de la technologie moderne.

Douggy Pledger : " En général, je travaille de façon traditionnelle quand je fais de l’illustration et de l’animation. Je dessine, je scanne mes esquisses et ensuite je reviens dessus avec Photoshop. Certains de mes travaux sont même entièrement dessinés ou peints à l’ancienne. Parfois, je sculpte de petits monstres puis je les filme avant de revenir ajouter des dessins et des images au moment du montage vidéo. Cette année, j’ai aussi essayé d’intégrer l’IA dans ce processus créatif. "

Un vrai italien de coeur, ce Douggy : quand on l'interroge sur ses références artistiques et les artistes qu’il préfère, il cite son père Maurice (qui a un chapitre dédié entièrement à son travail sur le site personnel de Douggy) et sa femmeCaroline. Il n’oublie pas non plus de citer ses collaborations avec un de ses meilleurs amis : Dominic Hailstone.

Maurice
Caroline
Dominic Hailstone