Quand il y a comme une profonde contradiction entre le médium utilisé et le sujet, cela produit une étrangeté qui pique le cerveau, et c’est ça qui nous accroche. Le propos de ce compte instagram "a doughs tale" ou "histoire de pâte à modeler" est de représenter des vues d’une grande banalité quotidienne avec de la joyeuse pâte Fimo (une pâte à modeler de pro …)
Cela donne un rendu enfantin aux dessins simplifiés par la matière épaisse. Un peu comme si on se trouvait devant le travail d’un enfant de banlieue en cours de travaux manuels inspiré par son quotidien pas très gai. Il y a sans doute des enfants qui font ce genre de dessins, n’ayant pas connu autre chose, mais il fallait un adulte pour en faire une série. Et l’association toute simple —encore fallait-il y penser— entre cette réalité banale et ces couleurs criardes avec léger relief produit un effet imparable : une drôlerie naïve et grinçante qui n’habille pas souvent cet environnement de banlieues de grandes villes.
C’est réparé grâce à James et les couleurs gaies de la pâte Fimo.
Derrière ce travail, il y a un artiste visuel et musicien touche à tout d’origine française, installé à Berlin, James Verhille. Il compartimente ses activités sous différents pseudos, dont, par exemple, cet "artist run space" ou "espace géré par des artistes", gr_und à Berlin dont il est le co-fondateur.
On lui a posé quelques questions sur ce projet avec pâte Fimo.
Et il a gentiment répondu.
James Verhille : "J’ai commencé à dessiner enfant, puis adolescent j’ai commencé à peindre des murs et des édifices de la SNCF dans le Val d'Oise avec mes potes, simultanément j’ai été admis dans une école d'art graphique à Paris".
James Verhille : "Pendant le confinement et les longues soirées d'hiver, j’avais envie de peindre et de faire un nouveau projet, n'ayant pas d'atelier, j’ai dû adapter l'échelle de mon travail à la place que j’avais à disposition. J’ai testé de peindre avec de la pâte Fimo, et cela m'a beaucoup amusé et j'ai trouvé le résultat satisfaisant".
Il y a quelque fois du bon dans les contraintes …
James Verhille : "En général, je m’inspire de mon quotidien, des décors et des gens qui m’entourent, j’aime bien dessiner ou peindre des scènes banales du quotidien, un lieu que j’ai visité, la maison d'un vieux, la vue de ma fenêtre, etc ... Et ainsi mettre en avant cette banalité en essayant d'en faire ressortir un côté esthétique ou un sentiment agréable ou gênant".
"Ce projet est plus un "side project" que je fais à côté de pas mal d’autres activités artistiques".
James Verhille : "Pour ce faire, je travaille avec du papier cuisson et différents petits ustensiles de sculpture, scalpel, une lampe. Parfois je reproduis une image que j’ai photographiée ou alors j'invente tout un univers. J’ai pas mal testé aussi de devenir plus précis, aller plus loin dans les détails dans la miniaturisation, c'est très agréable, et cela demande beaucoup de concentration, on est comme en transe à gérer des demi millimètres de pâte Fimo".
James Verhille : "Non, je ne vis pas particulièrement de ce projet, cela est une petite partie de mes activités artistiques dont par ailleurs, je vis. En tant qu’artiste, je travaille aussi sur d’autres médias comme la peinture, la photographie, le graphisme, et nous gérons avec un groupe d'artistes un espace d'art à Berlin".
James Verhille : "Je suis obligé d’en profiter pour vous partager le taf de mon pote d'Achères (Ville dans les Yvelines – 78). Et aussi le compte Instagram de Mimi en prison". Ces deux comptes nous ont positivement intrigués, comme vous aussi sans doute, ne vous inquiétez surtout pas, vous risquez fort d’en entendre parler sous peu.
Merci James, et vive la Fimo !