En cette rentrée de septembre, ce petit film musical sur un son de Mr Oizo (avec Roméo Elvis), ne dit qu’une seule chose : Danse ! Et frénétiquement comme le précise son titre. Comme un puissant mantra incitatif. Les deux frères Swann & Yoann à qui l’on doit cette exhortation au body language de préciser : "Choisir ce sujet lors de la réouverture des clubs et festivals en France est notre façon de donner de l'espoir aux personnes qui ont dû arrêter de danser pendant un an".
Et c’est le moment d’y aller ! Septembre est une période de rassemblements, et cette année particulièrement, car les reports de manifestations dus à la crise sanitaire se cumulent en cette rentrée. Trois des importants festivals proposés ce septembre – Art Rock, à Saint-Brieuc, le VYV Festival, à Dijon, et Peacock Society, organisé dans le parc de Choisy, à Paris – auraient dû avoir lieu respectivement en mai, juin et juillet. Et ils sont inquiet quant à leur taux de fréquentation. Vous savez maintenant ce qu’il vous reste à faire
Danse !

Si la fréquentation semble bien fragile encore concernant la plupart des festivals, l’exception vient du public électro qui n’a pas failli à son envie de danser, toujours prêts à faire la fête. C’est en effet un public plus jeune qui, s’il a été vacciné tardivement, a très bien intégré le passe sanitaire. Cet engouement semble valable pour les festivals électro de septembre, comme Panoramas, à Morlaix (Finistère), Utopia Festival, à Marseille, ou Dream Nation au Bourget (Seine-Saint-denis). Mais oui, danse !
A la vision de ce petit film réussi, on a eu envie de questionner les deux frères sur leur processus de fabrication assez particulier pour "Frenzy".

Swann & Yoann : "Nous développons d'abord l'univers de notre film, en récoltant énormément d'images qui nous inspirent. Pour Frenzy, on s'est imposé de n'utiliser que des photos libres de droits venant d'Unsplash.com". Unsplash est une source Internet d'images librement utilisables. Alimentée par des créateurs du monde entier. 2 millions de contributions de 200 000 contributeurs mondiaux. C’est l'ensemble d'images de haute qualité le plus complet jamais créé, que chacun peut utiliser gratuitement pour faire avancer la recherche sur l'apprentissage automatique, la qualité des images, les moteurs de recherche, etc. 
Et donc aussi faire des films.

Swann & Yoann : "On a créé une collection d'images qui nous ont inspirées et qu'on a utilisées pour réaliser les images du film, qu'il est possible de retrouver ici".

Swann & Yoann : "Ces images nous permettent de développer l'univers visuel du film, très important pour nous, car on a envie de faire passer l'émotion par l'image, et non par les paroles, afin de laisser au spectateur la liberté d'interpréter le film selon sa sensibilité.
Grâce à ce travail de recherche, cela nous permet de réaliser le storyboard et la maquette du film en choisissant directement les photos qu'on va utiliser. Ensuite les images sont retouchées et assemblées afin de leur donner plus de profondeur, et de créer une direction artistique globale tout au long du film".
Bien sûr, les deux frères ont retravaillé avec "frénésie" leurs images. 
Car comme vous l’avez compris, il ne s’agit que d’images fixes à la base.

Swann & Yoann : "Mais on ne s'impose pas cet exercice pour tous nos projets. Par exemple,  pour notre premier court-métrage, "Falling Down", on a utilisé essentiellement nos photos qu'on avait prises lors de nos voyages à New York".

Swann : "Nous avons chacun fait des études dans des milieux différents de l'image (Yoann plutôt communication visuelle/graphic design, et moi (Swann) plutôt dans le cinéma et les effets spéciaux). Nos savoir-faire étant complémentaires et ayant depuis notre enfance été habitués à créer ensemble, l'idée de travailler ensemble nous est venue naturellement. Après avoir fait nos armes dans des agences de design et des studios de post production/vfx, j'ai rejoint Yoann il y a 2 ans, qui était déjà freelance depuis plusieurs années. On a commencé à proposer à nos clients de réaliser toute leur communication visuelle, de la création du logo à la réalisation de vidéos/contenus motion design. 
L'envie de travailler dans le milieu de la musique et de proposer des projets plus créatifs nous a poussé en 2020 à mettre de côté certains clients pour réaliser des courts-métrages qui nous ressemblent, portés par l'image et l'expérimentation visuelle".

Selon Swann & Yoann, voici la phrase qui résume le film : "Une mystérieuse comète atterrit sur terre et déclenche la frénésie de toute la ville et de ses habitants". ". Soit en l’occurrence un déchainement électro de bon aloi, tout à fait attrayant. Les frères précisent : "Nous avons été inspirés par la "peste dansante de 1518" à Strasbourg, en France, où un mystérieux phénomène neurologique a fait danser des villages entiers sans interruption".  

Mais oui, vous ne vous en souvenez pas, mais la "peste dansante" frappa la ville de Strasbourg en juillet 1518, pas moins de quatre cents personnes se mirent à danser pendant des jours comme dans une rave. Tout a démarré par une jeune femme célibataire nommée Frau Troffea, qui se mit à danser avec enthousiasme dans les rues de Strasbourg. Et puis, comme attirés par l’adresse d’un bon plan, de plus en plus de personnes se joignirent à elle.
Swann & Yoann : "L'idée de départ est de secouer le spectateur, le film étant comme une invitation à danser. Je pense que notre envie de faire ce film vient du fait que la vie nocturne nous manquait depuis la mise en place du couvre-feu et la fermeture des clubs et des bars. La première partie, qui reprend des codes SF, est là pour accentuer la surprise du spectateur, lui donner une fausse piste et rappeler que ce qu'on est en train de vivre est mondial et historique. On a voulu créer notre propre épidémie dansante, pour faire écho à la situation épidémique actuelle, qui elle, nous force à rester chez nous".

Une première explication de l’épidémie de danse de 1518 présente celle-ci comme le résultat de facteurs psychologiques, émotionnels et comportementaux reflétant une hystérie de masse. L’émergence de la danse compulsive représentait une échappatoire psychologique à une situation angoissante à l’extrême. Dites donc, c’est tout à fait comme la période que nous avons traversé, non ? 
Mais oui, la voilà l’échappatoire ! Allez, en avant pour la danse compulsive ! 
Plus d’excuses, les festivals vous attendent.