Voilà une artiste qui cherche tout simplement à prouver que la 3D est un art comme un autre. Il est simplement plus récent. Pour en faire une petite et néanmoins éclatante démonstration et parce qu’elle adore la peinture, Shir Pakman s’est mise à revisiter des classiques de l’histoire de l’art au moyen de la 3D et surtout à sa façon. Imparable.

Dans ces versions digitales de classiques très reconnaissables —Picasso, Fragonard, Gauguin, Ingres— ce qui est particulièrement réussi, c’est qu’on ne ressent pas juste une interprétation 3D, ce qu’on reconnait en premier lieu c’est Shir Pakman elle-même. Il semble évident qu’elle aime la peinture et le dessin cette israélienne, du coup, elle re-interprète avec son style, sa pâte à elle. 
Nous la soupçonnons même d’ébaucher sur du "papier véritable" (ou presque) pour commencer. Ses grosses silhouettes massives sont bien reconnaissables, elles ont souvent le même visage,  et on les retrouve —avec joie— de chef d’œuvre en chef d’œuvre. La 3d est juste un outil qu’elle utilise à une étape finale de son processus, c’est donc bien un moyen d’expression artistique comme un autre. 
Démonstration faite.
Shir Pakman : "Je travaille dans le monde de la 3D mais ma véritable passion est la peinture. Ces deux mondes sont tellement éloignés l'un de l'autre que j'essaie de trouver un moyen de les faire coexister".
Mission réussie.

Shir : "Je ne pense pas qu'il s'agisse d'une illumination. Dès que j'ai commencé à apprendre la 3D, j'ai été fascinée par les possibilités qu'offrait cette technique. J'aime l'art qui a été fait d'une certaine manière et qui donne l'impression d'avoir été fait d'une autre manière. C'est un peu un jeu d'esprit. Pour moi, beaucoup d'art 3D semble manquer d'émotion ou d'empreinte humaine. Quelque chose qui est fait avec un ordinateur est plus éloigné de l'expérience humaine. Pour moi, l'art est une question d'âme. J'ai essayé d'imiter les caractéristiques de la peinture à l'huile classique et de les appliquer au monde de la 3D. Je veux que le spectateur y réfléchisse à deux fois lorsqu'il regarde mon travail
Et qu’il se demande : Comment cela a-t-il été réalisé" ?

Shir : "J'ai toujours aimé la peinture. J'ai étudié l'animation à la Bezalel Art's and Design Academy à Jérusalem. Cela m'a vraiment ouvert l'esprit à tous les différents aspects de l'animation. Pas seulement le mouvement, mais aussi le monde qui est créé derrière. J'ai décidé de me spécialiser en 3D uniquement parce que c'était la plus intimidante des options. Ça n'a pas été une partie de plaisir pour moi. Au cours de ma troisième année, j'ai participé à un programme d'échange d'étudiants à Salzbourg, en Autriche, pendant six mois, et cela m'a vraiment poussé à mes limites sur le plan technique. J'adore utiliser la 3D comme outil d'expression et d'art, mais la peinture est ma véritable passion".

Comme on s’en doutait un peu, Shir commence par dessiner "classiquement" sur Procreate, l’application dédiée au dessin et à la peinture sur tablette.
Shir : "J'illustre principalement sur Procreate. J'aime rendre l'illustration aussi "sommaire" que possible. Car plus tard, j'essaie d'imiter les traits du papier à la 3D. Plus le croquis est éloigné de la 3D, plus il sera intéressant en 3D. Ensuite, je modélise, j'ajoute des textures de caméra et je fais un rendu".

Shir : "Lorsque j'ai commencé, la 3D était davantage présente dans l'industrie du jeu et du cinéma. Aujourd'hui, elle est partout. Je pense qu'elle est plus diversifiée que jamais et que les personnes qui créent en 3D sont plus diversifiées que jamais. J'adore le nombre de choses uniques que les gens créent et qui sortent de la "boîte 3D" habituelle. Mes objectifs sont de vivre de mon art et d'estomper encore plus les frontières entre la 3D et l'art traditionnel".
Shir Pakman sort clairement la tête de la "boite 3D" habituelle, et c’est bien pour cela qu’on l’a remarquée
Parions qu’elle ne va jamais y retourner dans la boiboite, et que cette série n’est pas finie. Merci Shir.