Dans leur création “Glitch“, Demestri et Lefeuvre étendent à la chorégraphie la force créatrice du “glitch art“ou l’art de l’erreur. Cette esthétique de l'erreur inventée par des artistes numériques utilisant les accidents digitaux sur des sons ou des images, eux l’appliquent au mouvement pour faire surgir des anomalies créatives, des accidents esthétiques, et paradoxalement des fulgurances d’humanité, d’organicité. Leur prochain passage à Toulouse début février est l’occasion pour nous d’un coup d’éclairage stroboscopé.

Pour cette création, Florencia Demestri et Samuel Lefeuvre sont partis d’un constat simple : la technologie devient tellement présente dans notre vie que nous vivons dans une hyper-réalité. Le cinéma, les effet spéciaux, les jeux vidéo ont nourri notre imaginaire de références techno-futuristes, qui semblent se rapprocher de plus en plus et viennent pirater ou étendre notre perception de la réalité. S’inspirant des "glitch artists" qui fabriquent de nouvelles images en provoquant/utilisant des accidents dans les flux de traitements numériques, Florencia Demestri et Samuel Lefeuvre accumulent les déformations inspirées d’effets digitaux —pixellisation, fondu, bug—ouvrant de nouveaux imaginaires d’espace et de temps

Le glitch, anglicisme venu des arts numériques, désigne un son ou un visuel numérique déformé par un accident digital. En clair, cela donne souvent sur écran des pixels déstructurés, des couleurs anormales ou des aberrations chromatiques ou photographiques. De ces anomalies est né le glitch art, qui consiste à détruire une image pour en construire une nouvelle née donc d’une de ces anomalies.

Cette danse accidentée s’enlève sur fond d’une musique électro étrangement animale signée Raphaëlle Latini, syncopée par une lumière stroboscopique version technicolor. 

Ils détournent leur manière de créer du mouvement pour révéler de potentielles erreurs créatrices, et bouger au-delà d’une possible résolution, vers l’inhabituel, l’inattendu. Les actions les plus banales, les gestes les plus simples se mettent à défaillir, dans une répétition bégayante et rapide, un arrêt vibratile prolongé ou une déliquescence du mouvement qui se désagrège. Il ne s’agit donc pas pour eux de porter un regard seulement critique sur ces phénomènes, ou sur la "technologisation" à outrance de notre société, mais bel et bien de s’en inspirer pour faire surgir des anomalies créatives, des accidents esthétiques, et paradoxalement des fulgurances d’humanité, d’organicité.

Depuis 2012, les chorégraphes Florencia Demestri et Samuel Lefeuvre développent au sein de leur compagnie implantée à Bruxelles des spectacles hybrides où l‘étrangeté tient une place centrale. Ayant jalonné leur parcours de collaborations artistiques avec des chorégraphes tels que Boris Charmatz, Peeping Tom ou encore les Ballets C. de la B., ils invitent le spectateur à s’aventurer dans une lecture intuitive et sensorielle de leur danse, par une physicalité intense et décalée.

Prochaines Dates : 5 Février 2022 / Festival ICI&LA - CDCN La Place de la Danse - Toulouse (FR)