Le vidéaste Kent Hugo a réalisé My Cat is so Fat en 2021 pour le groupe britannique Hotdoggrrrl and the Sesame Buns avec qui il partage un squat des quartiers Est de Londres ainsi qu’avec d’autres artistes londoniens, des auteurs, des architectes et "une souris". 
Formé dans une école d’art canadienne, il a atterri dans l’animation cinématographique au hasard des collaborations. Dans ce clip, en 2D et en 3D, nous suivons les aventures d’un monstrueux félin en surpoids qui traverse des espaces désaffectés tout en mutant au gré de sa fringale. L’effet optique sphérique à rendre fou un astigmate vient s’ajouter à la sensation confuse qui saisit le spectateur à la vision de ce chat transformé en filet mignon dégénéré.

Cette bande de dangereux anarchistes a-t-elle voulu vomir une métaphore de la société de consommation ? "Mais même pas !", nous explique le réalisateur Kent Hugo : "Je voulais juste du viscéral, donc j’ai fait un cadavre exquis sur ce thème du chat obèse."

Complètement perdus après une douzaine de visionnages et jetant déjà les bases d’une nouvelle religion futuriste fondée sur les miracles réalisés par ce chat mutant, nous avons finalement demandé à Kent de nous décrire précisément ce qu’il arrivait à cette pauvre bête tout au long de ce clip qui fait perdre la boule : "J’ai choisi un script drastiquement simple, marrant et organique : le chat existe, le chat grossit jusqu’à devenir le plus gros chat du monde, puis inflige un maximum de carnage. Le chat se met à cracher du feu en jouant de la musique et devient un chat androïde. En fait, j’ai entassé plusieurs couches d’hyperboles les unes sur les autres." 
Et vlan : notre nouvelle religion tuée dans l'œuf !

Kent Hugo : "Le premier lieu du clip est librement inspiré de l’endroit où répète la  chanteuse du groupe Hotdoggrrrl and the Sesame Buns dans l’Est de Londres. Pour respecter leur vie privée, je ne peux pas en dire trop, mais il s’agit d’un entrepôt désaffecté qui est riche d’une fascinante diversité culturelle, avec une communauté très forte."

On traverse ensuite une cuisine où se trouve, selon Kent Hugo, "une fausse porte de frigo", avant de débarquer dans un studio d’enregistrement. "J’adore représenter ce genre de pièce avec un effet loupe très accentué." 

Puis direction le futur lointain, dans des ruines "avec un brouillard orangé typique des villes polluées, comme en Chine, mais peut-être aussi en Europe de l’Ouest dans pas si longtemps."

Kent Hugo poursuit sa visite guidée cauchemardesque à l’intérieur d’un "container flashy pour finir dans un autre espace-temps typique de la science-fiction de catastrophe."

À ses heures perdues, le vidéaste aime promener sa moto dans les zones désaffectées de l'ancien Londres industriel qui n’ont pas encore trouvé le second souffle de la gentrification : "Il y a comme un charme fantomatique dans ces lieux", poétise-t-il, avant d’ajouter : "Quand on y passe du temps, ces lieux vous racontent une histoire. C’est ma principale source d’inspiration pour ce clip." Pour suivre ses traces de moto dans le Londres abandonné, il suggère les sites suivants : Woolwich, Edmonton, Erith, Acton.

Il confesse également un goût marqué pour les scènes oniriques inventées par les époux Shana et Robert ParkeHarrison et les décors du cinéaste Gaspar Noé dans Enter the void.

Shana et Robert ParkeHarrison / Cascade / 2022 / photolithography