En 720 images, au marker sur papier, —avec un peu de numérique quand même— voici un petit voyage minimaliste surréaliste de l’animateur italien que l’on aime tellement suivre. Cela ressemble à une circulation dans un bout de rêve au sens insaisissable et multiple sur lequel vous projetterez vos propres fantasmes. Profitons-en pour faire également un petit voyage dans l’animation foisonnante d’Emanuele Kabu avec deux autres films.

Dans cette circulation architecturale au coeur  d'un espace mental, on parcourt des pièces, on traverse des murs, on cherche des sorties, des portes, néanmoins il semblerait qu’il y ait un "échec du plan d’évasion" à la fin. Mais ce n’est pas grave, on s’y sent bien dans ce dessin tout en vibration par ces aplats remplis à coups de marker bien visibles, on n’a pas envie d’en sortir. Et on la regarde plusieurs fois.

Designer et animateur, Emanuele Kabu vit et travaille à Belluno en Italie. Il a commencé sa carrière artistique en tant qu'écrivain vers 1994, puis a développé un fort intérêt pour le dessin, l'illustration , le graffiti et la peinture. Depuis 2001, il réalise des clips musicaux, et depuis 2003, il travaille également sur l'animation, créant ses premières boucles animées, qu'il projette lors de divers plateaux de VJ ou scènes de concerts, jusqu'à arriver à de véritables courts métrages.

Emanuele Kabu : "Belluno est une petite ville du nord-est de l'Italie, entourée par les Dolomites. C'est ma ville natale. Je suis revenu ici après avoir passé quelques années à Londres. Pas trop, juste assez pour voir ma ville natale si différente de celle que j'avais quittée. Tout a changé ici et j'ai changé aussi, alors... c'est une vieille histoire, je suppose.
La chose qui me manque le plus de Londres est de se promener sans destination. J'ai passé des jours à découvrir de nouveaux endroits, à chercher le moindre détail ici et là. J'ai essayé de faire la même chose ici mais ça n'a pas marché. C'était triste, je ne sais toujours pas pourquoi.
Je devais faire quelque chose pour renouer avec ma ville. J'ai passé 11 jours à me forcer à documenter chaque angle de Belluno. Je l'ai fait en prenant des photos de ses murs avec une petite fenêtre ouverte sur quelque chose qui représente ma relation avec ma ville natale".
La vidéo ci-dessous vidéo documente cette action.

Emanuele Kabu : "Après tout ce dur labeur, j'ai toujours les mêmes sentiments mitigés à propos de cet endroit et de la vie ici, mais au moins j'ai découvert que chaque mur, peu importe combien on en construit, a une fissure ou une éraflure
Et c'est un soulagement".

Animateur autodidacte, travaillant en grande partie seul, Emanuele Kabu est capable de produire de l'animation figurative ou abstraite. L’abstraction en animation n’est pas chose courante, c’est en quelque sorte de l’animation à l’état pur, demandant une grande maitrise des mouvements et des couleurs. C’est peut-être parce qu’il a commencé dans le graffiti qu’Emanuele a une grande fascination pour les motifs, les formes et les couleurs, très bonne école formatrice, il n’a pas peur d’utiliser des teintes pures et vives. L’animation d’Emanuele est effervescente et palpitante avec des motifs qui s'enchainent à un rythme rapide et très coloré. Les éléments de texture donnent l'impression que les animations s’enchainent sur le papier devant vos yeux. Une grande fluidité. Aucun temps mort. De l'énergie animée
Voici un magnifique exemple d'animation abstraite : 

Bien que ne se revendiquant d'aucune école picturale spécifique, Emanuele affirme que son travail fait clairement référence au psychédélisme, à l'art abstrait et au minimalisme, ainsi qu'au suprématisme russe.
Et ces trois petits films donnent bien une idée de la variété et de la qualité du travail de cet animateur italien.