Que vous soyez afficionada(do) d’infomerciales ou pas, ce court-métrage sera soit une initiation, soit un bain ravissant dans ce genre bien particulier. Cette réjouissante petite fiction passe à travers ces publicités bas de gamme parfaitement parodiées par son réalisateur Jared Lapidus.
Pour qui est déjà allé.e aux États-Unis vers les années 80/90 /2000 et y a découvert le plaisir tordu de passer du temps (des heures) à regarder (que) des "infomerciales" (ou infopublicités), ce court-métrage est un bonheur. Car son intrigue se passe à travers ces publicités cheap télévisuelles qui essaient de vendre des produits improbables et "indispensables". Des inventions révolutionnaires et surprenantes aussi excitantes que les éponges magiques vendues par un camelot sur les marchés. Ces spots au look graphique saturé de typos de toutes sortes et dans tous les sens par-dessus un tournage très vidéo low cost sont immédiatement reconnaissables et sont devenus un genre en soi. C’est ce "style" de la pop culture que des gens de bon goût ont eu l’excellente idée d’exploiter dans ce petit bijou de parodie tout en racontant une histoire de comédie.
Vous y suivrez les lourds problèmes existentiels du personnage principal harcelé par ces infomercials censés le sauver. Et comme une parodie parfaitement réussie, ce film reproduit à la perfection les délicieux codes du genre infopublicités. Car c’est un réalisateur chevronné en publicité qui en a pris soin. Il semble avoir pleinement conscience que chaque détail compte pour réussir une parodie. On le soupçonne même d’avoir dû bouloter un sacré paquet d’infomercials pour acquérir ce certain niveau d’expertise.
Comme on avait envie d’en savoir plus et de prendre une bonne leçon en matière de parodies, on a posé quelques questions à son réalisateur Jared Lapidus. Et comme il nous gentiment répondu, on est très contents.
Jared Lapidus : "J'ai préparé Spaghetter Getter en regardant toutes les infomerciales des années 1990 et 2000 que j'ai pu trouver, et en étudiant ce qui les faisait marcher. La clé d'une bonne parodie, c'est d'être fidèle à l’original, donc nous avons voulu reproduire du mieux que nous pouvions toutes les caractéristiques du genre. La partie la plus difficile a été d'ignorer toutes les règles et les meilleures pratiques que j'avais apprises au cours de mes nombreuses années de réalisation de films, pour faire délibérément de "mauvais" choix. Cela inclut la composition délibérément laide du cadre, l'éclairage brutal, les mouvements de caméra maladroits, le jeu des acteurs, la musique ringarde, les effets sonores lourds et les transitions de scène de basse qualité, etc. Tout cela devait donner une impression de sincérité et d'authenticité par rapport à la référence, afin que la subversion au milieu du film soit surprenante et dérangeante".
Jared Lapidus : "Spaghetter Getter a été conçu par son auteur et sa vedette, Dave Ebert. Dave et moi travaillons ensemble depuis longtemps sur des projets télévisés et cinématographiques, et il a un esprit créatif unique, alors je saute sur toutes les occasions de collaborer. C'est particulièrement excitant quand il s'agit d'un projet que nous pouvons réaliser nous-mêmes (comme celui-ci), plutôt que de devoir le présenter à des chaînes ou à des studios, ou de réunir des tonnes d'argent. Nous avions initialement prévu de tourner le film au printemps 2020, mais le Covid nous a retardés d'une année entière. Mais nous étions déterminés à le faire, et nous avons réuni une incroyable (et très dévouée) équipe pour tourner dans la maison de Julia Kelly (productrice exécutive / "Vibrant Wife") au nord de l'État de New York pendant deux jours.
Jared Lapidus : "Lorsque je commence un nouveau projet, ma première étape consiste toujours à décomposer le scénario et à établir une première liste de plans. Cette liste de plans sera révisée au fil du temps, au fur et à mesure que les lieux de tournage seront choisis et que les acteurs auront l'occasion de répéter, mais le fait de dresser une liste de plans dès le départ me permet de me concentrer sur le scénario, de le comprendre dans ses moindres détails et de déterminer comment aborder chaque scène de manière créative et technique. Comme je l'ai mentionné précédemment, il était important de rester fidèle à la parodie des infomercials, mais à mesure que notre personnage principal, BW, traverse une crise existentielle, je voulais que le monde qui l'entoure et la perception qu'en ont les spectateurs changent également.
Jared Lapidus : "Comme je l'avais prévu dans ma liste de plans, nous avons commencé le film en tournant avec un zoom vintage, un format 4:3 en définition standard et une fréquence d'images de 29,97, afin de capturer cette fluidité propre à la télévision. Mais lorsque le train de la conscience de BW "bascule", nous passons d'abord au format 16:9, puis finalement au format 2.40:1 (à l'aide d'objectifs anamorphiques Cooke fournis par notre spectaculaire directeur de la photographie, Jordan T. Parrott) pour mettre l'accent sur les murs qui se referment sur lui, au sens propre comme au figuré. En outre, nous passons à une fréquence d'images de 23,98 à la fin du film, afin de souligner la froide et dure réalité de BW. L'intention était que ces changements soient progressifs et relativement imperceptibles pour le public au moment où ils se produisent, mais qu'ils contribuent au sentiment de panique et d'effroi qui s'installe au fur et à mesure que notre personnage est soudainement contraint de faire face à sa propre inutilité maladroite".
Jared Lapidus : "Il se trouve que j'adore la parodie, car elle exige une certaine discipline et un certain respect du matériel source, et tenter de recréer un aspect et une sensation uniques est toujours un défi technique et créatif amusant. J'ai récemment réalisé une publicité impliquant plusieurs parodies de genres différents, une parodie de Queens Gambit pour Netflix mettant en scène un adorable légume-racine, et je dois mentionner un court-métrage inspiré d'un film noir que j'ai réalisé il y a quelques années. Je n'ai pas prévu d'autres parodies pour le moment, mais je suis toujours prêt à relever le défi" !
Jared Lapidus : "Nous sommes très heureux que Spaghetter Getter ait trouvé un public en ligne, et très reconnaissants que Vimeo nous ait accordé le statut de Staff Pick. Cela nous a énormément aidés à nous faire connaître, notamment auprès d'un public international. Nous avons toujours su que le film était assez spécialisé et qu'il ne plairait pas à un large public, mais il semble avoir trouvé un écho auprès d'un certain type de spectateurs, et nous en sommes très heureux.
Nous avons demandé à Jared Lapidus s’il voulait bien partager avec vous et nous quelqu’un qu’il affectionnait particulièrement. Que voici. Jared Lapidus : "De mémoire d’homme, je suis un grand fan de Keith Schofield".
Comme nous ! C’est avec joie que nous vous partageons ce drôle d'objet.
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Et sinon ce clip plus ancien et néanmoins toujours génial :
Merci Jared Lapidus, nous, on est preneurs d'autres parodies de cette qualité-là. Même sans infomercials…