David Mirailles

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Voici que démarre une série racontant les histoires entre deux bons potes Adam et Seb, réalisée par David, un auteur-dessinateur-animateur et surtout un garçon absolument comme eux. Tout y est simple et proche dans les histoires de ces deux potes ; leur amitié dans un dessin noir et blanc en traits et aplats, et le titre “les Groos“. Et c’est ce qui en fait la force.&nbsp;<figure class="image"><img src="/uploads/Entrepotes16_abdc2210de.jpg"></figure>C'est l'histoire de deux meilleurs potes, Seb, un jeune surdoué au grand cœur, et Adam, un grand passionné, un peu naïf, qui parle avec humour et légèreté du quotidien et de petits tracas que pourraient avoir de jeunes adultes. Les péripéties de leur cohabitation vont parler de façon directe au public de leur génération comme des variantes de situations vécues par eux-mêmes. Et vont parler aux autres comme un voyage exotique et documentaire dans une autre tranche d’âge.&nbsp;<figure class="image"><img src="/uploads/Entrepotes14_5bee31fc39.jpg"></figure>La formule de cette mini-série est déjà aboutie et inattaquable, pourtant elle ne fait que commencer. Il ne reste qu’à l’alimenter, pas si facile tout seul en revanche. Il nous a semblé fort intéressant de comprendre comment son jeune auteur s’y était pris pour démarrer par ses propres moyens cette épopée en devenir. Par quelles péripéties était-il lui-même passé avec ses deux compères, Adam et Seb&nbsp;? Comment fait-on pour commencer en 2022&nbsp;?&nbsp; On a posé toutes ces questions à David Mirailles, et depuis son sud de la France, gentiment il nous a tout expliqué.<figure class="image"><img src="/uploads/Entrepotes1_95fd18d8d6.jpg"></figure>David Mirailles&nbsp;: “Je suis allé faire une licence de bande dessinée à Bruxelles. Donc, ça m’a pris 3 ans. Et à la base, c'est 100% ce que je voulais faire. Même si ça a été vraiment trois très bonnes années, à la fin, j'étais sûr à l'inverse que je voulais faire plutôt de l'animation que de la bande dessinée. J'ai donc fait une passerelle, je suis allé directement de licence en master. Et j'ai fait deux années de master d'animation à Montauban. Et auparavant, il y a cinq ans maintenant, j'avais commencé avec ces deux personnages des petites bédés, en dix strips pas plus, des petits gags sur deux potes mis dans des situations différentes. Et au master, ils nous ont demandé de construire un projet sur deux ans, et je voulais trop faire une série sur ces deux persos parce que je les aimais beaucoup et je voulais les voir prendre vie différemment. Et c'est ce que j'ai fait“.&nbsp;<figure class="image"><img src="/uploads/Entrepotes2_73658b3feb.jpg"></figure>David Mirailles&nbsp;: “Du coup, j'ai essayé pendant ces deux ans de construire une histoire qui implique mes deux personnages pour proposer un pilote et une série. Pendant ces deux ans je suis passé par mille chemins avec eux. Au début, je suis parti dans une grande fiction avec un monde un peu imaginaire dans lequel les deux se baladent dans une sorte de très beau rêve. Donc je suis allé très loin, dans plein de différentes directions et finalement, je me suis rendu compte que ce que je préférais, c'était quand c'était un peu plus terre à terre. J'aimais bien juste les mettre dans des situations simples et que ça reste un peu humain“.<figure class="image"><img src="/uploads/Entrepotes11_b612c398d3.jpg"></figure>David Mirailles&nbsp;: “J'ai essayé de faire un pilote, je voulais faire des épisodes de dix minutes. Assez vite, je me suis bien rendu compte que c'était beaucoup trop long dix minutes quand on est le seul à faire de l'animation… Mais ça m'a quand même donné toute cette énorme envie&nbsp;de faire la série“.<figure class="image"><img src="/uploads/Entrepotes3_4fed170edc.jpg"></figure>David Mirailles&nbsp;: “Puis, j’ai été pris au mini pitch du Cartoon Forum, qui réunit beaucoup de producteurs, d'investisseurs spécifiquement pour des dessins animés, ça se passe à Toulouse. Ils m'avaient sélectionné catégorie jeunes talents, j'ai dû pour cet événement construire une revue de projet avec mes 20 épisodes, personnages, arcs narratifs et tous les détails sur le projet de série que je voulais réaliser. Il fallait présenter le projet en 10 minutes devant une salle pleine et un jury de producteurs. Et j'ai eu de bons retours. Et du coup, juste après ça, j'étais vraiment motivé pour d’un côté démarcher des producteurs avec mon projet, et en même temps, faire des petites animations que je pouvais poster sur des réseaux. Et c'est comme ça que j'ai commencé les TikToks.<figure class="image"><img src="/uploads/Entrepotes18_5876de6cd7.jpg"></figure>David Mirailles&nbsp;: “En réalité, je ne connaissais rien à TikTok. Je me suis inscrit et une semaine après, j'ai posté ma première vidéo. A la base, je voulais faire des “slice of life“, des mini moments de vie, juste des petites blagues sur les deux, et qu'à côté je travaillerai des épisodes qui seraient plus longs, avec plus d'intrigue. Mais, j'ai du mal à juste faire des petits gags. Et du coup, j'ai commencé en faisant ces petits épisodes un peu plus longs (une minute). Je suis quand même vu par des gens sur TikTok, une petite communauté. Donc moi, je suis déjà très content, même à ce stade-là, du travail accompli“.<figure class="image"><img src="/uploads/Entrepotes5_9f4ee147e2.jpg"></figure>David Mirailles&nbsp;: “Alors pour l’inspiration, c'est 100% mes potes et moi, je pense. Souvent, les scènes, ce n'est pas exactement ce qui s'est passé en vrai, la plupart sont inventées, mais c'est très inspiré de ma vie à moi en tout cas, puisque j'ai à peu près le même âge que Adam et Seb. Et mes potes, ils aiment encore plus parce qu’ils disent&nbsp;: “ça ressemble trop la soirée où on a fait ça, et ça“. Donc oui, ils s'y reconnaissent beaucoup, c'est certain“.<figure class="image"><img src="/uploads/Entrepotes4_db01498af6.jpg"></figure>David Mirailles&nbsp;: “j'ai été assez surpris du succès parce que j'ai toujours été conscient du fait que ma série et mes personnages, ce n'était pas original, c'est quand même une histoire qui est très basique. C'est deux amis. Il y a eu je ne sais pas combien de fictions avec deux amis dans des situations différentes, dans des mondes imaginaires ou dans la vraie vie, comme Bloqué ou Rick et Morty“. Mais j'ai toujours voulu continuer quand même avec mes deux personnages parce que je pense qu'on peut avoir la même idée que d’autres et l'exprimer de façon complètement différente“.<figure class="image"><img src="/uploads/Entre_Potes30_ebfeb691bd.jpg"></figure>David Mirailles&nbsp;: “J’ai l'impression d'avoir la chance dans ma vie d'avoir été dans un cadre très bienveillant que ce soit avec ma famille ou mes amis. Et peut-être que si les gens aiment bien les Groos, c'est parce qu'il y a aussi une certaine bienveillance entre eux. Des producteurs qui m’ont contacté me disent que c'était une différente forme d'amitié masculine, de “bromance“. (Une bromance est une amitié forte entre deux ou plusieurs hommes) .Moi, j'ai un peu du mal quelque fois avec ça, parce que je ne voudrais pas que ce soit pointé du doigt. Je voulais juste que les deux ils soient dans une relation de non-jugement et qu’ils se tirent tous les deux vers le haut&nbsp;constamment. C'est personnellement ce que j'ai vécu avec toutes mes amitiés, ou presque. Ce n'est pas énormément représenté, c'est peut-être ça qui a un peu parlé aux gens aussi. J'ai vu des commentaires qui disaient&nbsp;: “c'est feel good“. Voilà, c'est un peu ça. Il y a des bonnes bonnes vibes“.&nbsp;<figure class="image"><img src="/uploads/Entrepotes15_d745c1ace4.jpg"></figure>David Mirailles&nbsp;: “J’ai commencé à faire de l'animation vraiment, il y a deux, trois ans seulement, au début du master. Donc tout ça c'est très nouveau pour moi. J'ai encore beaucoup de mal à animer, ça me prend beaucoup de temps. Déjà parce qu’en dessin, je ne suis pas assez bon techniquement, je suis constamment obligé de me regarder dans un miroir, de me filmer, de décomposer mes mouvements. J'ai encore beaucoup de travail de ce côté-là“.<figure class="image"><img src="/uploads/Entrepotes13_1e998b7dec.jpg"></figure>David Mirailles&nbsp;: “En général, dans l’ordre, j’ai d’abord l'idée, puis je commence à écrire le dialogue, je fais le storyboard, après je commence animer et je finis avec le montage. Je dessine sur une tablette et les logiciels que j'utilise, c'est Adobe Animate et Adobe Première pour le montage. Je fais tous mes dessins dans Animate, le fait que ça soit vectorisé, ça rend tout plus simple. Puis directement dans Animate je fais aussi le storyboard&nbsp;que je vais mettre en montage sur Première, j'aurai un animatique (un storyboard animé) que je peux modifier comme je veux. Et donc l'animatique c'est ce qui me prend le plus de temps, mais j’obtiens ma durée.&nbsp; Une minute, c'est à la fois court et long, surtout c'est un rythme très spécifique à avoir dans le gag. Il faut exposer la situation, avoir un climax et une chute, le tout en une minute. Quelque fois, c'est horrible de devoir raccourcir mais c'est un bon exercice. Ça me force à penser dans un format précis et de m'y tenir, chose que je n’ai jamais faite“.&nbsp;<figure class="image"><img src="/uploads/Entrepotes7_ee96edc143.jpg"></figure>David Mirailles&nbsp;: “Effectivement, je ne suis pas du tout payé pour ça. La force de Tiktok c'est la visibilité et liberté d'expression qu'elle permet, mais en termes de rémunération ce n’est vraiment pas ça encore. Il me semble que c'est genre 20 Euros pour 1 million de vues. Ce n'est donc pas TikTok qui va m'aider à en vivre. Je travaille à côté, je fais des petites missions de graphisme en autoentrepreneur, assez pour survivre. Cela étant, je suis quand même revenu dans la maison familiale donc je n’ai, au moins, pas de loyer à payer. Le plus dur a été de continuer à travailler sur les Groos sans réelle preuve que le projet réussirait un jour, c'est sûr. Moi, J'ai longuement hésité à le mettre de côté parce que c'est dur de lutter contre ce que la société attend de soi, le fait de rendre prioritaire un projet comme celui-là qui ne rapporte rien dans l'immédiat. Je pensais trouver un travail en tant qu'animateur, mais je me suis dit ; reste dans la maison familiale, continue encore pendant trois mois, donne-toi à fond. Et si vraiment ça ne marche pas, ce n'est pas grave, tu laisses tomber et tu cherches un taff en studio d'animation. Du coup, je suis trop content que ça ait plu à une petite communauté, et où j'en suis maintenant“.<figure class="image"><img src="/uploads/Entrepotes1617_0aaf043871.jpg"></figure>David Mirailles&nbsp;: “Il y a pas mal de trucs qui commencent à se débloquer, j’en suis très heureux. Il y a des producteurs qui m'ont contacté, plusieurs qui étaient intéressés. Et moi, mon rêve, à la base, c'est d'en faire une série. Je voudrais que ça soit des épisodes de quatre ou cinq minutes, donc une sorte de petite web série, ça serait génial. Mais aussi de continuer le format une minute pour TikTok. Faire les deux en parallèle, ça, ce serait vraiment parfait. J'avais vu une série chinoise très drôle, très cool sur Netflix qui <a href="https://www.netflix.com/fr/title/81156880">s'appelait</a> "scissor seven". Et à la fin de leurs épisodes de dix minutes, il y avait les liens vers leurs réseaux, c'est la première fois que je voyais ça de ma vie. Et ils postaient des stories avec par exemple, un prochain épisode, un nouveau perso et des backstages de l'animation. Moi, fan de cette série, je me sentais encore plus proche de la série de cette façon. Du coup, pendant que je travaille sur la série des Groos, l’idée serait effectivement de continuer à alimenter TikTok avec juste des petits moments de vie, de faire grossir la communauté. Quoi qu'il arrive, c'est bénéfique, parce que les gens s’ils aiment bien vont se dire&nbsp;: cool, on va pouvoir les suivre sur des épisodes un peu plus longs et du coup se transférer dans l'autre média“.<figure class="image"><img src="/uploads/Entrepotes19_27401cd109.jpg"></figure>David Mirailles&nbsp;: “Je recommande le <a href="https://www.instagram.com/emilietrch/">compte</a> d'Emilie Tronche ! Je l'ai découvert pendant que je travaillais sur mon tout premier épisode TikTok. Elle a posté 3 épisodes d'animation sur Samuel. Un jeune garçon en primaire qui nous raconte ces histoires d'amitié et d'amour à travers son journal intime. Et j'ai adoré. J'ai trouvé ça beau, marrant et touchant. J'ai appris qu'elle a récemment trouvé un producteur (à travers les réseaux) pour réaliser une série entière sur Samuel. Ce qui m'a d'ailleurs beaucoup motivé à publier mon travail en ligne aussi. Voilà, donc hâte de voir sa série quand elle sortira !<div class="raw-html-embed"><iframe src="https://player.vimeo.com/video/427469456?h=dabbe4584e" allow="autoplay; fullscreen; picture-in-picture" allowfullscreen="" width="640" height="360" frameborder="0"></iframe>
<a href="https://vimeo.com/427469456">Samuel</a> from <a href="https://vimeo.com/emilietronche">Emilie Tronche</a> on <a href="https://vimeo.com">Vimeo</a>.</div>Voilà les Groos, c'est partii !&nbsp; Et on sent bien que David Mirailles ne lâchera pas l'affaire. Et comme ce qui compte (en plus du talent) c'est la ténacité et l'endurance, cela nous semble très bien engagé. Longue vie aux potes !&nbsp;

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