Embarquement immédiat pour un voyage à l’intérieur d’un corps et des vaisseaux suivant le parcours d’étranges globules. C’est ce que vous propose l’animateur serbe de Belgrade Mihailo Kalabic pour un single du duo allemand Aua avant la sortie le 21 janvier 2022 de "The Damaged Organ“ leur deuxième album. Avec un minimum de couleurs et un style mécanique et anatomique bien à lui, Mihailo Kalabic vous immerge en vaisseaux avec la fluidité des liquides essentiels. On ne sort pas du corps et c’est fort.

Cet objet animé est une immersion visuelle trippante d'inspiration anatomique annonçant le sujet central du nouvel album "The Damaged Organ“ (L'organe endommagé). Ce deuxième album est une exploration du concept d’aliénation, plus précisément dans la relation entre l’homme et la machine. Ci-dessous une invitation à visionner avec cette même esthétique, l’excellent "Islands Song" avec en featuring notre bienaimée Anika (dont on vous a déjà parlé ici). Vous serez ainsi plus familiers avec l’univers sonore de Aua, ce duo allemand de pop expérimentale composé de Fabian Bremer and Henrik Eichmann. 

Nous avons éprouvé le besoin d’avoir quelques explications sur l’esthétique étrange et la langue incompréhensible de cette vidéo accompagnée d’une pochette d’album provenant de la tête du même homme, Mihailo Kalabic. Alors on lui a posé quelques questions, et il nous a gentiment répondu.

Mihailo Kalabic : "J'ai perçu ce morceau comme un sentiment de basculement dans quelque chose de nouveau et d'effrayant, sans savoir ce qui se trouve de l'autre côté. Je voulais peindre une image de bataille intérieure et présenter un cycle complet de création, d'évolution et de saut dans l'inconnu. Comme nous avions travaillé sur la pochette de "Damaged Organ", j'ai été inspiré de faire de cette pochette une histoire progressive de la cellule physique. Comme l’histoire d'une cellule qui passe par des processus inconnus et évolue vers une forme finale. Et comme le morceau est de nature onirique, nous avons voulu le faire ressembler à une vidéo d'explication médicale sur l'organisme inconnu dans une langue étrange".

Mihailo Kalabic : "Lorsque je travaille avec des artistes musiciens, j'essaie de trouver la plupart de mon inspiration dans les morceaux eux-mêmes. La première phase consiste toujours à écouter en boucle et à essayer d'évoquer une vision. Lorsque j'ai en tête quelque chose qui pourrait fonctionner, je commence à noter les idées et à en faire des croquis. Dans la phase suivante, je commence à dessiner des scènes et des objets au hasard, jusqu'à ce que j'en aie assez pour comprendre l'histoire qui se cache derrière et rassembler le tout dans un storyboard. Si le storyboard fonctionne, j'en fais une version animée et je règle le timing des scènes liées à la piste son. Lorsque le client a donné son accord et son feu vert, la phase cruciale de la production commence.
Cela consiste à modéliser les scènes dans un logiciel 3D, la phase d'animation, le rendu des scènes, le compositing et le polissage des scènes dans les logiciels de montage, l'ajout de graphiques animés et le montage final. 
C'est un peu complexe pour un seul homme" ...

Mihailo Kalabic : "J'ai beaucoup dessiné quand j'étais enfant, c'était une façon pour moi d'entrer dans mon propre monde et j'en suis devenu accro. En grandissant, à l'école, j'ai toujours gribouillé dans mes cahiers, sur mes bureaux, sur les murs, etc. Je suis un peu geek pour les logiciels et la technologie, alors, en avançant, j'ai remplacé le papier et le crayon par un ordinateur".

Mihailo Kalabic : "L'animation est venue plus tard dans ma vie, après des années de conception graphique, d'illustration, de web, etc. C'était un moyen d'ajouter une autre dimension à mon travail et, comme je m'ennuie en restant toujours dans un seul médium, il m'a semblé naturel de me plonger dans son exploration". 
Exploration réussie, on en conviendra tous.

Mihailo Kalabic : "C'était mon troisième projet avec Aua, nous avons fait deux illustrations d'album avant celui-ci, à travers tous les projets, la collaboration a été géniale —ils sont visuellement très instruits (Fabian Bremer est un designer génial). Ils ont une vision de la façon dont leur style visuel devrait se sentir, et nous le développons ensemble —parfois il faut répéter un processus de recherche, parfois c'est le premier artwork qui est le bon. 
Dans l'ensemble, cette collaboration est géniale et j'espère que nous ferons d'autres choses géniales".

Mihailo Kalabic : "Je voudrais partager avec vous le travail de Ruff Mercy, j'aime le style de et son développement au fil des années".
Nous aussi, on aime Ruff Mercy, et du coup, on en a parlé ici, ou encore dans notre bel espace de partage.

Si vous êtes déjà devenus des fans de Aua, vinyl en édition limitée ici.